Asile «Mère du Bel Amour», Philippines

Soins palliatifs pour malades en phase terminale dans la province de Los Baños, au Philippines

Grâce aux soins palliatifs, la fin de vie, sujet tabou s’il en est, est aujourd’hui abordé ouvertement, avec courage. À partir de 1990, des centres d’accueil sont ouverts un peu partout. Il s’agit d’une idée innovante : soigner et soulager les personnes en fin de vie. Aux Philippines cela a pris de l’ampleur. Le centre « Mère du Bel Amour » inauguré le 24 août 1994 et mis sous la protection de la Sainte Vierge, dans la province de Los Baños en témoigne.

Les services proposés répondent à l’éventail des besoins des patients en phase terminale. Besoins spirituels, psychologiques, sociaux ou émotionnels. Autrement dit, il s’agit du côté scientifique de la compassion humaine.

« Mère du Bel Amour » a déjà pris soin de 560 patients avec des pathologies en phase terminale et a entouré toutes les familles. Dans ce centre, on est fermement convaincu que la mission du volontaire ne consiste pas seulement à soulager où à essayer d’atténuer la souffrance actuelle mais aussi à apaiser l’angoisse de l’avenir : la peur de la mort et le souci des êtres chers qu’on laisse derrière soi. C’est l’héritage de Tony Mercado, membre cofondateur. Tony était profondément touché par l’esprit de saint Josémaria, fondateur de l’Opus Dei, par son zèle des âmes. Lorsqu’il créa cet asile, il tenait essentiellement à donner aux mourants catholiques l’occasion de recevoir les derniers sacrements et à tous ceux qui ne le sont pas, la chance de cultiver leur confiance en la miséricorde du Père de tous. « Dans notre travail au centre, nous sommes témoins de la miséricorde de Dieu », écrit Monina Allarey Mercado, veuve de Tony.

« Nos patients ce sont les pauvres. Ils ont des logements de fortune et certains vivent dans des bidonvilles. » Monina se souvient d’un homme qui allait mourir et qui a dressé sa tente derrière le mur d’un cimetière afin que sa famille n’ait plus de problèmes à l’heure de son enterrement.

« Mère du Bel Amour » existe depuis 12 ans et, grâce au travail de ses volontaires, on a assisté à de nombreuses conversions. On y trouve cette personne qui avait avorté à plusieurs reprises. Elle a demandé à être accueillie au centre parce qu’elle souffrait d’un cancer et qu’elle avait un gros poids sur sa conscience.

De son propre chef, elle a demandé à se confesser plusieurs fois. Elle a reçu l’absolution spéciale qui levait l’excommunication qui pèse sur le péché d’avortement. Le volontaire qui s’est occupé d’elle est resté à ses côtés jusqu’au moment de sa mort. « Les mourants sont la meilleure école des priorités », dit Monina. « Les patients et leurs familles comptent sur le courage, la compassion et la prise en charge des volontaires. Dans cet asile on guérit de la peur, des ressentiments, du manque de maîtrise de soi, du désespoir, de la solitude et de l’énorme incertitude au seuil de la mort. »

À « Mère du Bel Amour » on tient à soulager la souffrance des mourants et à montrer aux patients catholiques l’importance des sacrements pour se préparer à aller voir Dieu face à face. « L’apostolat avec les mourants consiste à demeurer près de ceux qui sont sur le point de naître à la vie éternelle », explique Monina.

Les services de ce centre sont gratuits

Depuis 1994, les volontaires ont eu à prendre soin de 15 à 35 patients en phase terminale par mois. « Ils demeurent parmi nous un jour, une semaine, un mois, six mois, voire même un an. Nos patients ont entre 50 et 60 ans. Quelques uns ont entre 80 et 90 ans. Le cancer est la cause la plus fréquente de leur mort », confirme Monina.

Les services de cet asile sont gratuits grâce aux dons généreux de nombreux amis. Cette aide financière permet aussi de compter sur des infirmières, sur un personnel administratif et d’avoir du matériel.

« Notre budget est serré et nous dépendons de la générosité des cœurs. Les gens pensent que ces institutions tournent en internat, alors que le centre « Mère du Bel Amour » est ouvert à tous, et va soigner les malades chez eux, touchant ainsi les couches sociales les plus basses de la société. »

« Nous avons eu un malade dans un taudis, à l’abri d’un chantier abandonné, dans la ferraille. Son lit était fait de lattes de cageots de légumes. Le moment venu, notre aumônier a entendu sa dernière confession, penché sur lui pour arriver à l’entendre, à lui donner l’absolution et la sainte communion.

Je me souviens aussi du cas d’un marginal qui vivait comme un ermite, là-haut, sur la colline, depuis 30 ans. Lorsqu’il est tombé malade, il a prévenu sa famille. Ils l’ont accueilli, lavé, convenablement nourri et amené au centre. Il avait une maladie du rein, en phase terminale. Il a accepté tout de suite de se confesser comme le lui proposait le bénévole. Il est décédé quelques semaines après, toujours dépendant de notre centre.

L’une de nos patientes, à la nouvelle de sa maladie, s’est rapprochée de Dieu après toute une vie de rejet, et a reçu les sacrements. Elle a voulu à la fin que nous la conduisions à l’église la plus proche. Elle est décédée, dans son fauteuil roulant, à quelques pas de la porte d’entrée », rapporte Monina.

« Tous ces patients sont entourés par une équipe de généreux volontaires, des hommes et des femmes solides et munis d’une profonde formation spirituelle. Des retraités, pour la plupart, professeurs d’université aux Philippines, à Los Baños. Certains sont docteurs de l’Université. On ne demande pas à ces bénévoles d’être catholiques, mais il s’avère que ce sont les catholiques qui tiennent le coup, une année après l’autre et c’est très important pour nous. »

C’est l’un de ces volontaires qui a dit : « Monsieur, aujourd’hui c’est moi que vous voyez, demain ce sera la face du Christ ».

C’est à ces volontaires que sont confiées les œuvres de miséricorde d’instruire et d’inviter les patients à recevoir les saints sacrements. Depuis la fondation en 1994 et jusqu’à aujourd’hui, tous les patients catholiques en phase terminale ont choisi de les recevoir.

Plus d’information : www.hospice.org.ph