Baytree Center, Angleterre

Centre d’instruction et de formation de la femme immigrée dans le sud de Londres

Lambeth classé 7ème au rang des zones les plus pauvres d’Angleterre, et 12ème douzième en Grande Bretagne, l’indice de criminalité est l’un des plus élevés de Londres. Plus du quart des logements sont insalubres. Des minorités ethniques constitutent le 42% de sa population, immigrants et réfugiés politiques pour la plupart. C’est Lambeth qui enregistre le taux le plus élevé de grossesses d’adolescentes en Europe. Dans ce contexte, en 1985, la Dawlife Hall Educational Foundation (DHEF), fondation pour l’éducation et l’assistance sociale, à but non lucratif, nous encouragea à faire une étude préalable à la construction du Baytree Center.

« Les jeunes filles et les femmes de Brixton avaient besoin d’être secourues et après une enquête dans la zone, nous avons ciblé les nécessités les plus urgentes », — nous confie Marie Claire Irwin —, volontaire, coordinatrice de programmes d’études. L’informatique, l’anglais, la nutrition, le sport, la puériculture, l’hygiène infantile.

« Dans des hangars abandonnés et délabrés qu’il fallut mettre en état, c’est en 1995 que les locaux de Baytree Center ouvrirent leurs portes. Au départ nous n’avions qu’une seule pièce et nous avons cherché les fonds privés et publics, nationaux et européens, nous permettant d’aménager l’ensemble. Nous avons vécu des années durant dans un chantier permanent », ajoute Marie Claire.

Baytree est désormais en mesure de procurer une formation professionnelle à toutes ces femmes et nous sommes tous attachés à y créer un climat propice à leur bien-être personnel, à tous niveaux. À Brixton il y a une communauté multiraciale avec un pourcentage de réfugiés très élevé, pratiquement tous au chômage et avec un indice très fort de criminalité. Sous le seuil de pauvreté, la misère matérielle est encore plus petite que la détresse sociale. Un grand nombre de femmes vit dans l’isolement, elles ne parlent pas l’anglais après 20 ans de séjour ici.

Je fus encouragée par l’enseignement de saint Josémaria : « Il n’y a qu’une race, la race des enfants de Dieu. Il n’y a qu’une seule couleur : la couleur des enfants de Dieu. Il n’y a qu’une seule langue, celle qui parle au cœur et à l’esprit, sans faire de bruit, mais qui nous fait connaître Dieu et faire que nous nous aimions les uns les autres », lit-on dans Quand le Christ passe. Préoccupé par les grandes crises de l’humanité, tout autant que par les problèmes et les angoisses de ceux qui nous entourent directement, il criait à qui voulait l’entendre : Fini les temps où on se contentait de donner quelques piécettes et de vieux vêtements ! Il faut donner son cœur et sa vie !

Dans ce sillage chrétien, toute personne est appréciée, au-delà de sa race ou de sa position sociale.

Bayree Center propose une formation pour que les familles arrivent à s’en sortir. Elles pourront, à leur tour, refaire leur communauté. À côté de ces programmes professionnels, il y a l’assistance sociale et la garderie qui leur permet d’aller travailler après y avoir laissé leurs enfants.

Des cours à effectifs réduits, un encadrement aux petits soins qui sait détecter les besoins individuels… J’ai vu directrice du centre, un jour où elle était débordée de travail, quitter son bureau pour aider une femme à résoudre un problème de logement grâce à son assistance légale. C’est ce type d’événement qui fait notre différence, ajoute.

Le centre est ouvert à tout le monde, suivant les enseignements de Saint Josémaria. Quelques témoignages peuvent illustrer ce qui s’y passe. Susan Solanke, ancienne élève, qui travaille désormais pour « Save the Children Fund » avoue : « Arrivée à Baytree, je n’avais plus aucun espoir, mais j’ai compris que j’étais tombée sur des personnes sur lesquelles j’allais pouvoir compter… Leur joie lorsque je leur ai dit que j’avais trouvé du travail, fut encore plus grande que la mienne. Voilà l’esprit de famille de Baytree. Je leur dois tout. »

C’est l’amitié sincère qui compte, au-delà des compétences professionnelles acquises.

Claude Gauriau, élève de Baytree en 1997, vient d’envoyer un courrier : « Après m’être consacrée au foyer et à l’éducation de ma fille, je décidai de reprendre mes études. Ce ne fut pas un choix facile parce que j’étais peu sûre de moi… Les cours à effectifs réduits, un enseignement souple et à ma portée et une touche d’humanité me comblèrent. Ce fut une bouchée d’air frais et le premier pas de mon intégration à la vie active. Sans cela, je ne sais pas si je serais arrivée à récupérer cette confiance en moi qui m’a permis de renouer avec mes études. Cela fait déjà six mois que je travaille dans un Cabinet d’Avocats, à la City et je viens d’être augmentée. Merci, Baytre, pour m’avoir donné ma chance. »