Dans la presse : Un saint au beau milieu d’une rue

Carlos Mayora Re, journaliste du Diario de hoy au Salvador

Sans doute sommes-nous habitués à voir les saints dans les églises qui attendent que leurs dévots viennent solliciter leur intercession devant Dieu. Aussi, un saint au beau milieu d’une rue peut-il nous déstabiliser quelque peu.

La voie publique est réservée aux monuments des personnes notoires, des citoyens notables, des héros de l’indépendance, des écrivains… Mais, des saints ? Très peu souvent.

La personnalité des saints est souvent très riche, pleine de facettes, de nuances, de pointes inattendues d’humour, d’actes héroïques et de faits courants qu’on ne remarque pas. C’est le quotidien de monsieur tout-le-monde.

Cependant, pour que l’Église les montre en exemples à notre vie chrétienne, ils doivent avoir quelque chose qui les distingue de leurs contemporains, qui les caractérise et en fait des modèles et des intercesseurs.

En fait, la variété des saints est aussi grande que la diversité des personnes. Il y en pour tous les goûts a, si je puis m’exprimer ainsi, (il faudrait plutôt dire qu’il y en a pour toutes les dévotions). Alors, qu’est-ce qui unifie tant d’histoires personnelles, vécues à des époques différentes, dans des circonstances particulières ? C’est bien leur union à Dieu qui fait les saints et les saintes.

Ils ne sont pas saints parce qu’ils ont écrit des traités de théologie costauds, réalisé des œuvres de charité impressionnantes, voire fait des miracles de leur vivant. Ils sont saints parce qu’ils sont des amis intimes de Dieu et que leur amitié les a portés à tout faire avec la charité qui remplissait leur âme.

Ceci dit, quel est l’objet de cette réflexion ? Le dernier samedi du mois de mai, à Santa Ana, j’ai assisté à l’inauguration d’une place dédiée à Saint Josémaria Escriva. Dans les discours de circonstance, le président du comité de soutien de la construction de cette place s’est très opportunément exprimé et l’une de ses phrases a retenu mon attention.

Il a dit que la place avait été construite avec un objectif spécifique : éveiller la curiosité de ceux qui y passeront, dans le train-train de leur vie quotidienne, le va-et-vient de tous les jours pour qu’ils se demandent : mais ce saint, au beau milieu de la rue, que peut-il bien vouloir me dire ?

Nous y voilà : c’est précisément la rue qui attirait le plus saint Josémaria et ce, non pas parce qu’il aimait flâner ou vagabonder, mais parce que le message que l’Opus Dei, —prélature de l’Église catholique qu’il fonda—, est venu livrer au monde était précisément celui-là : trouver Dieu dans le quotidien, au travail, dans la famille, dans les rapports sociaux, dans la politique, dans les loisirs, football compris…

Aussi, le jour où Jean-Paul II le béatifia, il dit de lui qu’il était « un contemplatif itinérant », quelqu’un qui avait su trouver Dieu sur son chemin, dans la rue, dans la place publique et c’est en chemin aussi qu’il le fit connaître aux autres. Cela ne pouvait pas être autrement.

Il dit haut et fort que c’est Dieu qui donne son sens à la vie, qui est la raison de tous nos efforts, qui donne de l’importance à tout ce que nous avons entre les mains, un sens à tout ce qui nous arrive. Et il s’investit de toutes ses forces à propager ce message aux quatre points cardinaux.

Certes, le fait de lui avoir dédié une place si passante est très éloquent. C’est avec sa présence discrète qu’il dit aux passants que Dieu a sa place sur la voie publique. Bien entendu, qu’il en soit ainsi ne dépend que de chacun de nous.