Un “oui” pour la vie

Jésus Urteaga, Spagne

Jesús Urteaga est parti au Ciel le 30 août dernier. Il faisait partie des jeunes auxquels saint Josémaria avait directement parlé de se livrer à Dieu dans l’Opus Dei. Il parle dans cet entretien de ce « oui » pour la vie.

Ordonné prêtre en 1948, est l’auteur de « Dieu vomit les tièdes », « Dieu et la famille » « Toujours joyeux », etc. Ce Basque a vendu plus d’un million d’exemplaires. Mais il n’en parle pas. Il est l’un des deux derniers jeunes gens à avoir personnellement parlé avec saint Josémaria Escriva de Balaguer de leur vocation à l’Opus Dei. Dans un entretien à Zenit en 2003 il parle volontiers de ce qui fut à l’origine de son engagement pour toute la vie.

— S’engager est très dur par les temps qui courent…

— C’est vrai. Je pense que les gens sont vraiment mous. On peut, bien sûr, constater des choses positives sur tous les fronts. Mais l’engagement dont nous parlons est fait de sacrifice au quotidien, de don de soi. Il demande très souvent beaucoup de générosité et cela en vaut largement la peine. À la tombée de la nuit, lors de l’examen de conscience, on est satisfait de sa journée. Les réponses positives l’ont emporté.

Nous sommes chrétiens et nous voyons comment le Christ d’abord et les Apôtres ensuite ont dû avancer à contre courant. Toutes les pages de l’Évangile regorgent de sacrifice. Si nous en retirions la Croix, nous ne garderions que la couverture.

La doctrine ne saurait être au goût des temps. Ce sont les temps que nous devons tâcher d’ouvrir à la lumière du Christ. On déforme la doctrine chrétienne, quand on essaie de l’accommoder aux tendances en vogue. Et c’est ce qui nous perd.

En dépit des efforts à faire, les chrétiens diront toujours « oui » à tout ce qui leur est pénible au quotidien.

— Quand est-ce que vous avez dit « oui » pour la vie ?

— J’habitais San Sebastian et j’ai dû me déplacer à Valladolid pour les épreuves du baccalauréat. Le hasard n’est que providence. En effet, quelqu’un nous a demandé à Ignacio Echeverria, qui est maintenant prêtre en Argentine, et à moi si nous aimerions rencontrer l’auteur de « Chemin ». Il prêchait alors une retraite pour les étudiants du Foyer où nous étions nous-mêmes logés. Nous n’avons pas hésité une seconde.

Nous avions lu et relu son livre « Chemin », régorgeant de réponses positives, efficaces, apostoliques, d’un grand amour de Dieu et d’esprit service à ceux qui nous entourent.

Nous sommes donc allés saluer celui qui deviendrait saint Josémaria Escriva par la suite, un saint proclamé par le pape Jean-Paul II pour l’Église universelle. Nous avons juste prononcé quelques mots, il a pris après la parole pour nous parler de sainteté dans le travail, d’apostolat avec nos amis, de service généreux au Seigneur dans nos circonstances quotidiennes.

Par la suite, très souvent, le fondateur de l’Opus Dei a avoué qu’Ignacio Echevarria, dont je vous ai parlé, et moi-même, étions les derniers jeunes gens qu’il a invités directement à se livrer à Dieu dans l’Opus Dei.

À la fin des épreuves du bac, nous sommes rentrés à San Sebastian, fors contents aussi parce que nous avions décroché de bonnes notes, avec tous ceux de notre classe.

Peu de temps après, un ami basque de l’Opus Dei a appris ce que saint Josémaria avait dit de notre rencontre avec lui à Valladolid. L’un après l’autre, il a pu nous parler plus en détail de ce qu’était l’Opus Dei tout en nous encourageant à nous livrer totalement au Seigneur dans son Œuvre.

Et j’ai dit « oui » pour la vie. Il m’a donc parlé d’un don total. Je me souviens encore de notre promenade. Nous avons fait le traditionnel « tour des ponts » à San Sebastian : du pont de la Gare du Nord au pont de Fer. Moi qui, à l’époque n’avais que les filles en tête, je ne m’étais jamais posé la question du don de ma vie à Dieu et voilà que j’avais le choix d’une vie nouvelle, dans le travail quotidien, une vie de don à Dieu et aux autres.

— Le « fiat » de la Sainte Vierge Marie vous a-t-il personnellement aidé?

— Ce soir là, plongé dans le problème de ma vocation, je suis allé au Mont Ulia pour trouver l’aide puissante de Sainte Marie qui m’encouragea à répondre « oui » définitivement à la proposition qui m’était faite. Ce n’était pas une mauvaise date : le mardi 13 août 1940. J’ai 81 ans, dont 63 au service de Dieu. Priez la Sainte Vierge pour moi pour que je sois généreux, très généreux et que je me donne aux âmes comme il convient à mon rôle de prêtre.

C’est à la Sainte Vierge que je dois la grâce de n’avoir jamais regardé que les yeux des femmes que je rencontre. Je n’ai aucun effort à faire pour y arriver. C’est Elle qui m’en a fait cadeau et je lui en suis infiniment reconnaissant.

— Qu’est-ce pour vous qu’un homme ou une femme au discernement sûr ?

— Quelqu’un qui a des principes, des idées ou des règles qui gouvernement non seulement sa pensée mais toute sa conduite au quotidien. À la limite, cette personne peut entreprendre le chemin de la sainteté — je réponds en même temps à votre seconde question — et orienter toute sa conduite dans ce sens.

— Quel est le chemin qui mène à la sainteté ?

— Il faut savoir que si la vie d’un chrétien n’aboutit pas à la sainteté, c’est qu’il a échoué. Il n’a pas compté sur Dieu pour tout. Il n’a pas parlé de Dieu à ceux qui l’entourent. Il n’a pas mis son cœur en ce Dieu qui, quant à Lui, place toujours le sien en nous.

Pour ma part, la voie de la sainteté c’est l’Opus Dei. Et elle peut être celle du grand nombre, des gens mariés pour la plupart. J’aimerais bien que vous connaissiez tout cela. Nous nous appuyons sur un plan de vie qui fait la part belle à Jésus, à l’Eucharistie, à l’amour de la Sainte Vierge, à l’affection pour les autres, au don généreux au prochain, fait de beaucoup de travail, puisque nous tâchons de nous sanctifier dans le travail quotidien, beaucoup d’apostolat. Beaucoup de réponses positives tout au long de la journée.