Mgr Xavier Echevarria, en la messe pour mgr Alvaro del Portillo. Rome, 17 mars 2008

Nous offrons aujourd’hui le sacrifice eucharistique pour l’âme du serviteur de Dieu, mgr Alvaro del Portillo, prélat de l’Opus Dei, au quatorzième anniversaire de son pieux décès parce que le 23 mars coïncide cette année avec le dimanche de Pâques.

Mes très chers frères et sœurs !

Mgr Alvaro del Portillo, prélat de l’Opus Dei

Nous offrons aujourd’hui le sacrifice eucharistique pour l’âme du serviteur de Dieu, mgr Alvaro del Portillo, prélat de l’Opus Dei, au quatorzième anniversaire de son pieux décès parce que le 23 mars coïncide cette année avec le dimanche de Pâques. Nous sommes en pleine Semaine Sainte et cela doit nous aider à mieux nous préparer à vivre les trois jours saints de la Passion, la Mort et la Résurrection de Notre Seigneur.

Les lectures de ce lundi saint sont l’occasion de considérer quelques aspects de la vie de mon très cher prédécesseur. Elles peuvent nous aider à améliorer notre vie chrétienne. Dans la première lecture, par la bouche du prophète Isaïe, Dieu parle du serviteur de Yahvé : « J’ai mis sur lui mon esprit ». Puis il dit encore : « Il ne crie pas, il n’élève pas le ton […] il ne brise pas le roseau broyé, il n’éteint pas la flamme vacillante. Fidèlement, il apporte le droit, il ne vacille ni n’est broyé jusqu’à ce que le droit soit établi sur terre, car les îles attendent ses instructions » (Première lecture : Is 42, 1-4).

Cette prophétie concerne directement Jésus de Nazareth, le Sauveur promis au peuple d’Israël pour toute l’humanité. Mais, au-delà de son sens littéral, la Parole de Dieu, toujours fondamentale, a d’autres significations spirituelles.

En cette messe de suffrage pour mon très cher prédécesseur, ces paroles d’Isaïe me semblent tout appropriées à la figure de don Alvaro. En imitant l’exemple du Seigneur, il a lui aussi, comme en témoignent tant de personnes, abondamment montré la mansuétude de son cœur et sa bonté envers tous ainsi que sa force d’âme pour mener à terme la mission que le Seigneur lui avait confiée, sans jamais se sentir écrasé par les difficultés. Ces traits de son caractère ont bien marqué son travail inlassable dans l’accomplissement de ce que saint Josémaria lui avait confié : continuer de faire les pas nécessaires afin que le saint-siège confère à l’Opus Dei la configuration juridique la plus appropriée à sa nature, c’est-à-dire, la transformation en une prélature personnelle que le fondateur de l’Œuvre avait laissée fin prête avant de rejoindre la maison du Ciel.

Ce rappel est d’une très grande actualité. En effet, le 19 mars prochain, nous allons fêter les vingt-cinq ans de l’exécution de la bulle pontificale Ut sit pour transformer l’Opus Dei en une prélature personnelle. C’est en cette basilique Saint-Eugène qu’eut lieu l’exécution, menée à terme par le nonce du saint-père en Italie. Cet acte solennel clôtura le long itinéraire juridique de l’Opus Dei que saint Josémaria et son premier successeur s’étaient efforcés de suivre, avec une grande vision surnaturelle et beaucoup de ténacité.

Je vous invite à rendre grâces à la Très Sainte Trinité qui a voulu que l’Œuvre naquît en l’Église et de l’Église et a disposé que ce fait reçoive, en temps voulu, sa configuration juridique pleine et appropriée.

2. Quels enseignements pouvons-nous tirer, pour notre vie personnelle, des événements que je viens d’évoquer? De toute évidence, il nous faut, en premier, avoir l’urgence quotidienne d’une grande confiance en Dieu qui veut se servir de nous pour répandre le royaume du Christ sur la terre. Malgré nos limites, indéniables, nous pouvons, la grâce de Dieu aidant, mener à bien la tâche d’aimer le Christ, de le faire connaître et de faire que beaucoup d’autres personnes l’aiment à leur tour.

Les paroles de cette première lecture que nous venons d’entendre s’adressent à tous les chrétiens : « Moi, Yahvé, je t’ai appelé dans la justice, je t’ai pris par la main et je t’ai formé, je t’ai désigné […] pour ouvrir les yeux des aveugles, pour faire sortir de prison les captifs et du cachot ceux qui habitent les ténèbres » (Première lecture : Is 42, 6-7). C’est à nous, disciples de Jésus-Christ, que revient la tâche de faire résonner, comme le firent les Apôtres, la bonne nouvelle au cœur et dans la conduite du plus grand nombre. Je vous dirai, avec saint Josémaria, et je me dis à moi-même : « Médiocre amour que le tien si tu ne ressens pas de zèle pour le salut de toutes les âmes. — Pauvre amour que le tien si tu ne brûles pas de propager ta folie à d’autres apôtres » (Saint Josémaria, Chemin, n. 796).

Nous pouvons nous demander : ai-je réalisé que l’appel du Seigneur à l’apostolat s’adresse personnellement à moi et sais-je méditer cela fréquemment ? Comment m’appliqué-je à le mettre en pratique ? Quels sont mes plus proches amis, parents, collègues, camarades, auxquels je pourrais parler de Dieu pour les approcher de Jésus ? Aussi, en ces jours de Pâques, pourrions-nous les inviter à faire une bonne confession, à assister plus régulièrement au Saint Sacrifice de la Messe, à entreprendre, ou à consolider, une vie de prière, à assister aux récollections ou à d’autres activités de formation. Pensez au conseil de notre Père : « Âme d’apôtre, tu es parmi les tiens comme la pierre tombée dans le lac. — Fais ainsi, par ton exemple et ta parole, un premier rond dans l’eau qui en fera un autre qui en fera encore un et un autre… de plus en plus large.

Comprends-tu maintenant la grandeur de ta mission ? (Saint Josémaria, Chemin, n° 831).

3. Je m’adresse maintenant spécialement aux jeunes qui sont très nombreux à Rome en cette Semaine Sainte à assister à la traditionnelle rencontre de l’UNIV. Ce que je vais leur dire nous concerne tous mais il me plaît concrètement de penser aux jeunes.

Votre séjour à Rome vous fait connaître la Ville Éternelle, avec tant de souvenirs chrétiens, mais il doit surtout vous servir à découvrir à nouveau et plus profondément sans doute cette fois-ci, la grandeur de l’amour de Dieu. Méditez les pas de Jésus vers sa Passion et sa Mort, suivez-le de près dans son Chemin de Croix, faites en sorte que votre esprit et votre cœur réagissent, laissez-vous attirer par Lui.

Dans l’Évangile de la messe d’aujourd’hui, saint Jean nous rapporte l’onction du Maître à Béthanie, scène touchante, s’il en est. L’évangéliste dit qu’on lui avait préparé un repas : « Marthe servait. Lazare était l’un des convives » (Évangile : Jn 12, 2). Cette famille de Béthanie avait ouvert les portes de sa maison au Seigneur à d’autres reprises. Maintenant, Marie fait un geste qui sera à tout jamais dans l’Église le symbole du dévouement total que Jésus attend des chrétiens. En effet, Marie de Béthanie, sans fausse honte, « prenant une livre de parfait de vrai nard, très coûteux, en oignit les pieds de Jésus et les essuya avec ses cheveux et la maison s’emplit de la senteur du parfum » (Évangile : Jn 12, 3).

Ce geste de Marie, que veut-il nous dire ? D’aucuns, comme Judas Iscariote, critiquent l’audace de cette femme, parce que leur cœur est dépourvu d’amour. Nous, en revanche, nous réalisons qu’il ne faut pas avoir peur de tout donner à Dieu s’il vient à nous le demander, sachant que le Seigneur a donné auparavant sa vie pour nous. Lui répondre positivement, lui dire que nous sommes prêts à le suivre, toute notre vie durant, n’est que correspondre à un amour, si grand que non seulement il est mort et ressuscité pour nous, mais qu’il veut même rester pour nous et avec nous dans la Sainte Eucharistie.

Je suis sûr que, ces jours-ci, cet appel divin va retentir au plus profond de beaucoup de cœurs. N’ayez pas peur de lui dire oui ! Le Seigneur ne nous demande pas plus que ce que nous sommes en mesure de lui donner.

Dans ce sens, je vous rappelle quelques mots du saint-père Benoît XVI. Dans une réunion, le pape s’adressait aux jeunes, il y a quelques mois : « Aujourd'hui encore, Dieu cherche des cœurs jeunes, il cherche des jeunes au grand cœur, capables de Lui faire place dans leur vie pour être les acteurs de la Nouvelle Alliance. Pour accueillir une proposition fascinante comme celle que nous fait Jésus, pour établir une Alliance avec Lui, il faut être jeunes intérieurement, capables de se laisser interpeller par sa nouveauté, pour entreprendre avec Lui des routes nouvelles. Jésus a une prédilection pour les jeunes, comme le souligne le dialogue avec le jeune riche (cf. Mt 19, 16-22; Mc 10, 17-22); il en respecte la liberté, mais il ne se lasse jamais de leur proposer des objectifs plus élevés pour la vie: la nouveauté de l'Evangile et la beauté d'une conduite sainte » (Benoît XVI, Homélie aux jeunes, Lorette, 2 septembre 2007).

En effet. Le Seigneur attend une réponse de chacun de vous. Il souhaite en avoir une, tout au moins, un amour plus intense prêt au sacrifice ; une décision renouvelée de se tenir près de Lui, le désir d’être l’instrument actif pour conduire d’autres personnes vers Lui. « Chacun de vous doit tâcher d’être un apôtre d’apôtres » (Saint Josémaria, Chemin, n° 920)

Confions ces réflexions à l’intercession de don Alvaro qui s’est tant dépensé à approcher les âmes de Dieu. Et demandons l’aide de la Très Sainte Vierge, Mère de l’Église et Reine des Apôtres, afin que nous parvenions tous au bout de cette Semaine Sainte, renouvelés par la grâce de Dieu et pleins de désirs apostoliques. Ainsi soit-il.