« Ils sont passés faisant le bien »

Saints et Saintes de l’Essonne (France)

Frédéric Gatineau. Église Saint-Gilles d’Étampes

L’auteur rapporte le passage de grands saints, dans son diocèse

Josémaria Escriva de Balaguer (1902-1975) – Avrainville

Josémaria naquit à Barbastro dans la province de Huesca, en Espagne, le 9 janvier 1902. Ses parents s’appelaient José et Dolorès. Il eut un frère et 4 sœurs dont trois moururent en bas-âge. En 1915, le père, qui était commerçant en tissus, dut partir à Logroño où il trouva un autre travail. Dans cette ville, Josémaria comprit, pour la première fois, sa vocation, après avoir vu sur la neige les empreintes des pieds nus d’un frère Carme : « Si d’autres font tant de sacrifices par amour de Dieu et du prochain, ne serais-je pas capable de lui offrir quelque chose ? Je commençai à pressentir l’Amour, à me rendre compte que le cœur me demandait quelque chose de grand qui relevait de l’ordre de l’amour. »

Suivant un conseil de son père, en même temps que le séminaire, il entreprend des études de droit et s’inscrit à l’université de Saragosse. Josémaria reçoit l’ordination sacerdotale le 18 mars 1925 et commence à exercer son ministère dans une paroisse rurale. En 1927, il part pour Madrid avec l’accord de son évêque, afin de continuer son doctorat en droit. Son élan apostolique le met vite en contact avec des gens de tous bords : étudiants, artistes, ouvriers, intellectuels, prêtres. Il se dépense sans relâche au service des enfants, des malades et des pauvres des bidonvilles. L’année suivante, il fonde l’Opus Dei. L’intuition est profonde : il s’agit d’ouvrir dans l’Église un nouveau chemin à caractère de vocation, destiné à répandre la recherche de la sainteté et la réalisation de l’apostolat à partir de la sanctification du travail ordinaire, en plein dans le monde, sans changer d’état. « Tout est prière, tout peut et doit nous conduire à Dieu si nous alimentons ce rapport continuel avec lui du matin au soir. Tout travail peut être prière, et tout travail devenu prière, est apostolat. »

Josémaria se trouve encore à Madrid quand éclate la guerre civile en 1936. La persécution religieuse le contraint à se réfugier dans divers endroits. Il exerce le ministère sacerdotal de façon clandestine. Il réussit à quitter Madrid pour se réfugier dans le sud de la France, puis à Burgos. La guerre civile terminée, en 1939, il retourne à Madrid. Il prêche de nombreux exercices spirituels, pour laïcs, prêtres et religieux. La même année, il termine les études pour son doctorat en droit. En 1946, il obtient, à Rome, un doctorat en Théologie à l’université du Latran. Il est nommé conseiller de deux Congrégations Vaticanes, membre honoraire de l’Académie pontificale de théologie et prélat domestique de sa sainteté. Il suivit attentivement les préparatifs et les sessions du concile Vatican II de 1962 à 1965.

[…] De Rome, Josémaria Escriva se rend plusieurs fois dans divers pays pour donner souffle à l’Opus Dei. Il tient des réunions de catéchèse avec des groupes très florissants. Il meurt à Rome le 26 juin 1975.

[…] Le 17 mai 1992, Jean-Paul II béatifie Josémaria Escriva sur la place Saint-Pierre à Rome. « Avec une intuition surnaturelle – dit le pape dans l’homélie – le bienheureux Josémaria prêcha inlassablement l’appel universel à la sainteté et à l’apostolat. » Dix ans plus tard, le 6 octobre 2002, Jean-Paul II canonise le fondateur de l’Opus Dei, devant des pèlerins venus de plus de 80 pays différents. Le saint-père déclara que « saint Josémaria avait été choisi par le Seigneur pour annoncer l’appel universel à la sainteté et pour indiquer que la vie de tous les jours, les activités communes, sont bien des chemins de sanctification ». Le cardinal Marty se souvenant du père Escriva déclarait : « Un moment de conversation avec lui paraissait comme un moment de prière. » Sa fête est fixée au 26 juin, c’est-à-dire au jour anniversaire de sa mort.

C’est à l’occasion d’un voyage en France que saint Josémaria fit un séjour d’un mois en Essonne. Après être passé par Genève et Fontainebleau, saint Josémaria réside à Avrainville du 21 août au 20 septembre 1966. Les membres de l’Opus Dei en France avaient trouvé une maison à louer, pour que le fondateur puisse s’y reposer. Il s’agit de l’ancien château d’Avrainville. C’est une demeure en partie du XVIIe siècle, très agréable, entourée d’un parc. Elle se trouve à l’entrée du village, sur la gauche lorsqu’on vient de la nationale 20. À cette époque, le père Josémaria était épuisé par une infection rénale. Tous les jours, il recevait à Avrainville des fidèles de l’Opus Dei ou allait à Paris pour travailler avec les directeurs de l’Œuvre. L’Opus Dei est implanté en France depuis 1947. Le but premier du séjour à Avrainville était la formation de ses fils spirituels et l’encouragement au travail d’évangélisation. Est-il venu prier ou célébrer dans la petite église du village dédiée à Notre-Dame ? Il semble qu’au cours de ce séjour, il soit venu prier à Notre-Dame d’Étampes. Josémaria est reparti d’Avrainville, le 20 septembre pour Pamplune.

À l’époque du séjour de mgr Escriva, l’Essonne est en pleine mutation. Le département existe administrativement depuis le 10 juillet 1964, mais le diocèse de Corbeil-Essonnes naîtra officiellement avec la bulle de Paul VI en date du 9 octobre 1966. Peu de temps avant, le pape s’adressant aux futurs évêques de la nouvelle province de Paris leur déclarait : « Donnez à cette agglomération parisienne une nouvelle espérance et une base solide à l’expression religieuse. » Mystérieusement, la prière de saint Josémaria a sans doute accompagné cette naissance.