« Le chrétien dans les moyens de communication d’après saint Josémaria »

José Maria La Porte, Roma

Une thèse de doctorat : « Le chrétien dans les moyens de communication d’après saint Josémaria. Contexte historique et développement spirituel et pastoral ».

L’auteur, le révérend père José Maria La Porte, est journaliste, docteur en théologie et communication, professeur de Fondements de Communication et de Media Training à l’Université Pontificale de la Sainte-Croix de Rome.

Pour quoi avez-vous choisi ce sujet ?

Parce que je suis journaliste et que j’ai fait mes études à l’Université de Navarre, dans une faculté de communication promue par saint Josémaria en 1962. C’est là que j’ai rencontré des professeurs extraordinaires qui ont marqué ma formation. J’ai toujours voulu analyser le rapport entre l’esprit anti-conformiste et positif que j’ai trouvé dans cette université et l’élan que saint Josémaria a communiqué aux premiers professeurs.

À quelles sources avez-vous puisé pour élaborer votre thèse ?

Je me suis appuyé essentiellement sur du matériel déjà connu, mais l’institut historique saint Josémaria Escriva m’a fourni quelques écrits et des témoignages qui vont être bientôt publiés. De plus, j’ai fait des interviews à des personnes du monde de la communication qui ont personnellement connu saint Josémaria et qui lui sont redevables d’une ouverture d’esprit et d’un amour de la liberté.

Peut-on être un journaliste objectif lorsqu’on a la foi ?

La foi chrétienne est compatible avec l’exercice rigoureux du journalisme et avec l’objectivité. Avec ou sans la foi, nul journaliste n’est en mesure d’élaborer une nouvelle sans mettre en jeu son talent et ses convictions personnelles. Il tâchera d’être plus ou moins objectif, mais ses convictions seront toujours là. De ce fait, la foi chrétienne n’est pas un fardeau encombrant mais une aide puisqu’elle donne une raison de plus de chercher la vérité, la rigueur et l’objectivité.

Pourquoi la communication intéressait-elle saint Josémaria?

Saint Josémaria était quelqu’un d’optimiste qui encourageait les chrétiens à sanctifier le monde. C’est à travers les médias qu’il suivait attentivement les événements sociaux de son temps, en Espagne, tout d’abord, puis en Italie, par la suite. Il était informé, il lisait assidûment la presse, il voyait les journaux télévisés et s’en servait parfois dans sa prédication. C’est dans l’une de ses rencontres multitudinaires à Barcelone, en 1972, par exemple, que se produisit quelque chose de sympathique. Saint Josémaria encourageait ceux qui l’écoutaient à tenir bon dans la vie spirituelle, à ne pas se résigner devant l’échec. Il illustrait ses propos avec des images des Jeux Olympiques de 1972 qu’il avait sans doute vues à la télévision et imitait physiquement la concentration et l’esprit de dépassement des athlètes.

Cela a-t-il un rapport avec la vie spirituelle ?

Les médias deviennent ainsi une voie d’accès à Dieu et ce, parce que chez saint Josémaria, les réalités terrestres ne sont pas seulement le cadre où l’on cherche la sainteté, où l’homme cherche Dieu. Les réalités temporelles, y compris les médias, doivent eux-mêmes devenir une voie d’accès à Dieu.

Aussi, lorsqu’il regardait les journaux télévisés, la télévision italienne montrant, en générique, un globe terrestre en rotation, était-il poussé à prier pour l’apostolat dans le monde. Il lui arrivait de se recueillir intensément en prière juste après avoir lu le journal après son petit déjeuner.

Il n’y a donc aucune opposition entre la vie spirituelle et les moyens de communication ?

Avec de l’honnêteté professionnelle, les médias peuvent enrichir la vie spirituelle puisqu’ils enrichissent la connaissance humaine des destinataires de l’information. Tout ce qui perfectionne et enrichit la personne est aussi une aide pour la vie spirituelle. Le rapport entre ce qui est humain et les choses divines est bien établi en 1967, lorsque saint Josémaria, lors d’une Messe en plein air, dit, devant des milliers d’universitaires et des personnes du monde entier venues pour assister à cette rencontre : « Je vous assure, mes enfants, que lorsqu’un chrétien réalise avec amour les actions quotidiennes les moins transcendantes, ce qu’il fait regorge de transcendance divine. Voilà pourquoi je vous ai dit, répété et ressassé inlassablement, que la vocation chrétienne consiste à convertir en alexandrins la prose de chaque jour. Sur la ligne de l’horizon, mes enfants, le ciel et la terre semblent se rejoindre. Mais non, là où ils se retrouvent, en réalité, c’est dans vos cœurs, lorsque vous vivez saintement la vie ordinaire… » (Entretiens avec mgr Escriva, n° 116).

Les conclusions de votre thèse peuvent-elles être utiles aux professionnels de la communication du 21ème siècle ?

Sans doute puisque c’est précisément aujourd’hui que la liberté de la presse est menacée en beaucoup de pays, comme l’ont bien montré les nouvelles sur les décès et les menaces pesant sur les journalistes. Les générations de professionnels de l’information qui ont été en rapport avec saint Josémaria aimaient la vérité et leur métier et ceci les conduisit à mettre leur carrière en jeu pour défendre l’objectivité et l’indépendance. Antonio Fontan connut la fermeture du quotidien Madrid. On interdit à Luis Ignacio Seco d’exercer ce métier pendant un certain temps pour avoir simplement publié, sous Franco, une interview à un membre de l’opposition. José Luis Cebrian et Juan Pablo Villanueva ont été les victimes de procédures semblables contre « Nuevo Diario » durant les années 60.

À quand la publication de votre thèse ?

Je pense que fin 2007 ou début 2008. Je travaille sur mon brouillon et sur les corrections avant publication.