Congrès international à Rome sur saint Josémaria et la pensée théologique

Ce congrès aura lieu en novembre à l’Université Pontificale de la Sainte-Croix. Des experts et des étudiants se pencheront sur les enseignements du fondateur de l’Opus dei. Xavier Lopez Diaz, membre du comité scientifique du congrès nous évoque ici la genèse et l’objectif de ces journées.

Le 14 novembre 2013 aura lieu à Rome, à l’Université Pontificale de la Sainte-Croix, le Congrès International « Saint Josémaria et la pensée théologique ». Durant trois jours, des experts et des étudiants se pencheront sur les enseignements du fondateur de l’Opus Dei. Xavier Lopez Diaz, membre du comité scientifique du congrès évoque ici la genèse et l’objectif de ces journées de travail et d’étude.

Xavier Lopez Diaz, membre du Comité scientifique du congrès sur saint Josémaria et la pensée théologique

Quelles sont les lignes de fond de ce congrès ? À qui s’adresse-t-il ?

Il susceptible d’intéresser essentiellement des professeurs, des docteurs et des étudiants en Théologie, motivés par le renouveau de cette science sur la base d’un recours à la vie et aux écrits des saints. Nous nous appuierons particulièrement sur les enseignements de saint Josémaria, non pas en tant que cas unique dans ce sens, mais parce qu’elles se prêtent très bien à montrer quel est l’apport des saints à la Théologie.

Pourquoi avoir choisi ce sujet-là ? Quelle a été la genèse du Congrès ?

Concernant les antécédents, il faut évoquer le message de celui qui était encore le Cardinal Joseph Ratzinger et de son exposé lors du Symposium théologique sur les enseignements de saint Josémaria, qui eut lieu à l’université pontificale de la Sainte-Croix, en 1993, un an après la béatification du fondateur de l’Opus Dei. Il soulignait alors que « la Théologie, science au sens le plus fort du terme, est subalterne par rapport au savoir que Dieu a de lui-même et dont jouissent les saints »

Il faisait allusion non seulement au savoir dont jouissent les saints dans la gloire mais aussi à celui dont ils ont profité déjà ici-bas et qu’ils nous ont transmis par leurs écrits, leur parole et leur exemple. Ils ont plongé dans la connaissance de Dieu « non seulement avec leur intelligence mais avec la totalité de leur cœur » parce que « la force unitive de l’amour de Dieu ne conduit pas seulement à se laisser pénétrer de sa bonté, mais aussi à approfondir sa vérité ». Cette connaissance de Dieu que les saints ont atteinte est précieuse pour le théologien. Aussi, le cardinal Ratzinger, de conclure « qu’il est opportun, voire nécessaire, qu’en tant que théologiens nous écoutions la parole des saints pour y découvrir leur message ».

Joseph Ratzinger observait aussi que le message des saints est « un message multiforme puisqu’ils sont très nombreux et que chacun a eu un charisme particulier. Il est en même temps unitaire parce que les saints nous renvoient à l’unique Christ, auquel ils se rattachent pour nous aider à pénétrer dans sa richesse ». Le cardinal Ratzinger se posait alors une question : « Dans cette symphonie multiple et unitaire, quelle est la nuance qu’apporte le bienheureux Josémaria Escriva ? Quel élan la Théologie reçoit-elle de sa lumière ?

Ces questions ont commencé à trouver une réponse dans nos publications, surtout dans celles publiées à l’occasion de la canonisation de saint Josémaria en 2002. Elles n’avaient cependant pas été l’objet de l’étude scientifique approfondie qu’elles méritent.

C’est ce que le congrès du mois de novembre se propose de faire.

Quels sont les principaux intervenants ?

Le coup d’envoi de ce congrès sera la conférence de mgr Xavier Echevarría, prélat de l’Opus Dei sur saint Josémaria en tant que précurseur du Concile Vatican II, pour ce qui en est son noyau, à savoir l’appel universel à la sainteté, un appel fait à tous les fidèles pour qu’ils se sanctifient dans leur vie quotienne.

Son intervention est très attendue puisque mgr Echevarria a été un témoin privilégie de la vie de saint Josémaria et de ce qu’elle a apporté au Concile.

Il y aura ensuite cinq séances dédiées à l’élan dont profitent les différentes parties de la théologie grâce à l’éclairage des enseignements de saint Josémaria. Elles seront animées par des professeurs de l’Université Pontificale de la Sainte-Croix et d’autres institutions universitaires très renommées, tel le professeur Réal Tremblay de l’université pontificale alphonsienne.

Le congrès aura lieu à Rome, à l’université pontificale de la Sainte-Croix, du 14 au 16 novembre.

On y consacrera aussi une séance à l’inspiration que la réflexion philosophie est en droit de trouver dans la pensée de saint Josémaria qui sera animée par le professeur Ana Marta Gonzalez, de l’université de Navarre et par le professeur Sanguineti, bien connu par ses ouvrages sur la Philosophie et la Science. Une autre séance sera consacrée au Droit Canonique.

Le cardinal Kurt Koch interviendra le dernier jour pour y développer le sujet « Les saints et la théologie dans la pensée de Joseph Ratzinger/Benoît XVI » en liaison avec les lignes de fond de ce congrès.

Des saints comme saint Bonaventure ou saint Thomas d’Aquin ont élaboré de gros traités de théologie, d’autres, comme saint Josémaria, ont prêché et enseigné sans s’en tenir à une quelconque méthode scientifique. Que sont-ils alors en mesure d’apporter à la science théologique ?

La Théologie n’est pas seulement le fruit de la spéculation intellectuelle. Saint Jean dit bien que « celui qui n’aime pas ne connaît pas Dieu car Dieu est amour »

(1 Jn 4,8). Les saints l’ont beaucoup aimé c’est pourquoi ils l’ont profondément connu. Par ailleurs, il y en a qui en ont laissé une trace écrite au plus grand profit de la Théologie.

Comment se fait-il qu’il y ait si peu de saints cités dans les études théologiques alors qu’ils sont si importants pour la Théologie ?

Parfois les enseignements des saints ne sont pas explicitement cités mais ils sont très présents au cœur et dans l’esprit du théologien et ont une influence dans les lignes de fond, dans le processus de l’élaboration théologique et dans la vérification des conclusions. S’ils ne sont pas explicitement cités c’est sans doute parce qu’on ne sait pas bien comment s’en servir dans le discours scientifique de la raison du croyant. C’est dont une question qui attend une réponse et ce congrès est en mesure de contribuer à son ébauche.

D’autres fois, en revanche, ces enseignements sont mis de côté parce que par principe on considère qu’ils sont étrangers à la méthode théologique. On n’a pas recours aux saints comme à un « lieu théologique » où l’on peut mieux comprendre la vérité révélée et l’on se prive ainsi d’un grand trésor. C’est bien une limite de la façon théologique de procéder, et non une qualité positive.

Il y a chez saint Josémaria un éclairage de fond concernant le Christ et le mystère de l’union du chrétien avec Lui qui ouvre un panorama nouveau et immense à la théologie spirituelle.

Saint Josémaria, qu’apporte-t-il à la théologie ?

Votre question concerne ce qu’on est aujourd’hui tenu d’appeler « théologie spirituelle », c’est-à-dire la partie de la théologie s’occupant du développement de la vie des fils de Dieu sous l’action de l’Esprit Saint et je suis donc en mesure de vous répondre que saint Josémaria est le premier saint qui a enseigné une authentique spiritualité laïque et séculière. Non seulement il nous a transmis un ensemble d’orientations de vie chrétienne, valables pour tous, mais un vaste corpus de doctrine qui, vu son unité, constitue un esprit de « sanctification dans le travail professionnel et dans l’accomplissement des devoirs ordinaires du chrétien » comme le dit bien la prière qui lui est destinée pour lui demander des faveurs. Un esprit qui permet de transformer la société à partir du cœur des activités civiles et séculières où le chrétien construit et cette société-là et l’Église.

Saint Josémaria nous apprend à jeter les bases de cette sanctification sur « le sens » de la filiation divine reçue au Baptême ou, ce qui revient au même, à nous savoir « un autre Christ, le Christ lui-même », envoyés avec Lui pour la corédemption, en donnant notre vie pour les autres.

Il nous apprend à chercher la contemplation de Dieu dans la vie quotidienne en faisant de la Sainte Messe le centre et la racine de la vie intérieure. Chez saint Josémaria, il y a un éclairage de fond concernant le Christ et le mystère de l’union du chrétien avec Lui qui ouvre un panorama nouveau et immense à la théologie spirituelle.

Or son message concerne aussi les autres parties de la Théologie. De l’anthropologie chrétienne à l’ecclésiologie ou à la morale, elles peuvent toutes y trouver un éclairage et un élan pour leur propre développement.

À votre avis quelles sont ces dernières années, les publications les plus représentatives concernant saint Josémaria ?

Pour comprendre ses enseignements, les écrits du vénérable Alvaro del Portillo sont importants, par exemple, l’ouvrage « Entretiens sur le fondateur de l’Opus Dei » ainsi que ceux de mgr Xavier Echevarria, surtout l’ouvrage « Mémoire du bienheureux Josemaria ».

Dans le domaine des études théologiques, je devrais mentionner plusieurs auteurs. Par exemple, les écrits de Fernando Ocariz sur la filiation divine, la sanctification du travail et la vocation chrétienne dans l’enseignement de saint Josémaria, sont importants, ainsi que les travaux de Pedro Rodríguez, Martin Rhonheimer, José Luis Illanes, Antonio Aranda et de bien d’autres. À ce propos, on trouve une grande bibliographie dans le récent ouvrage en trois volumes

“Vida cotidiana y santidad en la enseñanza de san Josemaría”, dont je suis co-auteur avec Ernst Burkhart.

À l’occasion de ce congrès, on présentera le « Dictionnaire de saint Josémaria ». Quel est l’objectif de cette publication ? Qui a pris part à son élaboration ?

L’objectif de ce dictionnaire est de faire la synthèse de l’enseignement de saint Josémaria concernant différents thèmes par ordre alphabétique avec une brève bibliographie sur chaque point.

De nombreux auteurs ont collaboré à cette réalisation. Des auteurs de théologie, d’histoire, de philosophie et de droit en signent les différentes voix.

Sous la direction du professeur, du professeur

José Luis González Gullón et des professeurs Mercedes Alonso et Inmaculada Alva, de l’Université de Navarre, ce dictionnaire a demandé plusieurs années de travail. Il s’agit d’un ouvrage semblable aux dictionnaires sur Sainte Thérèse de Jésus, saint Jean de la Croix et d’autres grands saints, publiés par les mêmes éditions Monte Carmelo qui viendra faire partie de la bibliographie de base sur saint Josémaria, comme ce sera aussi le cas des Actes du Congrès dont la publication est prévue en 2014.

Télécharger ici le programme du Congrès ici