Identité sacerdotale. Piété sacerdotale

Nous publions l’intégralité de la conférence de mgr Xavier Echevarria, prélat de l’Opus Dei, sur l’identité et la piété sacerdotales, prononcée dans le cadre du cycle Figures Sacerdotales organisé à Valence, en Espagne.

Nous publions l’intégralité de la conférence de mgr Xavier Echevarria, prélat de l’Opus Dei, sur l’identité et la piété sacerdotales, prononcée dans le cadre du cycle Figures Sacerdotales organisé à Valence, en Espagne.

Mgr Xavier Echevarría, Prélat de l’Opus Dei à Valencia

Télécharger la conférence en pdf

C’est avec joie et poussé par mon désir d’apprendre de vous tous que j’ai répondu à l’invitation de mgr Carlos Osoro à m’adresser aux prêtres de son archidiocèse, à l’occasion de l’année sacerdotale. Si l’idée de retrouver mes frères dans le sacerdoce me réjouit toujours, aujourd’hui c’est aussi le fait d’être à Valence, ville que saint Josémaria Escriva de Balaguer portait au fond son cœur, qui me remplit de joie.

Il y a beaucoup de raisons qui expliquent cet attachement spécial de saint Josémaria à Valence. En effet, c’est ici que se réalisa la première expansion de l’Opus Dei en dehors de Madrid, où l’Œuvre était née le 2 octobre 1928.

Le fondateur de l’Opus Dei se rendit fréquemment ici avant et après le conflit qui flagella le pays, afin d’y jeter les bases de son travail apostolique. C’est d’ici que sont issues quelques-uns parmi les premiers, hommes et femmes, appelés par Dieu à l’Opus Dei.

C’est ici que, dès 1939, il fut le prédicateur de plusieurs retraites spirituelles, y compris à des séminaristes et à des prêtres et qu’il tissa des liens d’une amitié fraternelle avec des prêtres exemplaires.

Sans prétendre faire une énumération exhaustive, j’aimerais évoquer certains de ces grands serviteurs de l’Église. Tout d’abord, l’archevêque Prudencio Melo y Alcalde, qui le pressait pour qu’il vienne commencer le travail stable de l’Œuvre dans son archidiocèse ; puis don Antonio Rodilla, vicaire général et, par la suite, recteur du séminaire, qui lui demanda d’être le prédicateur de plusieurs retraites de prêtres, de séminaristes et d’étudiants ; il y a ensuite le serviteur de Dieu, don Eladio España, prêtre ayant une grande renommée de bon confesseur, qui orientait vers saint Josémaria les jeunes voulant être plus profondément formés dans la foi et la vie chrétienne. Et aussi don Joaquin Mestre, secrétaire de l’archevêque Marcelino Olaechea, témoin de la renommée de sainteté dont jouissait, déjà en vie, le fondateur de l’Œuvre. Au procès canonique pour la béatification du fondateur de l’Opus Dei, don Joaquin Mestre témoigna que don Marcelino ne faisait que lui dire à la fin de sa vie : « Si je meurs avant don Josémaria, dis bien que je l’ai toujours tenu pour un saint prêtre ». Le fondateur de l’Œuvre a également fréquenté don José Maria Garcia Lahiguera et le très cher don Miguel Roca. Il fut toujours particulièrement reconnaissant envers don José Maria de l’avoir accueilli alors qu’il était la cible de l’incompréhension des bons ; il eut une affection paternelle pour don Miguel qu’il orienta vers le sacerdoce.

Ces brefs souvenirs nous situent dans le cadre où j’aimerais placer mes considérations aujourd’hui: j’aimerais montrer que la piété sacerdotale qui découle du fait de nous savoir alter Christus, ipse Christus, est une condition nécessaire pour l’efficacité de notre ministère au service des âmes. Nous sommes donc en mesure de faire nôtres les propos que saint Josémaria tient dans l’un de ses ouvrages : « Mon Dieu, je vois que je ne t’accepterai pas comme mon Sauveur si en même temps je ne te reconnais pas comme mon modèle ».

1. Le sacerdoce du Christ, unique sacerdoce de la Nouvelle Alliance

Le décret Presbyterorum Ordinis du concile Vatican II souligne, dès le départ, que « le Seigneur Jésus, ‘que le Père sanctifia et envoya au monde’ (Jn 10,36), fait que tout son Corps Mystique participe de l’onction de l’Esprit Saint dont il fut oint (cf. Mt 3, 16; Lc 4, 18; Ac 4, 27; 10, 38) » . Cette vérité est le fondement d’une vérité essentielle sur la nature de l’Église : la participation de tous les chrétiens à l’onction et à l’œuvre de salut du Christ, c’est-à-dire, à son Souverain Sacerdoce. En effet, en reprenant la première Épître de Saint Pierre, le concile poursuit :

« Dans le Christ, tous les fidèles deviennent un sacerdoce saint et royal, offrent des sacrifices spirituels à Dieu par Jésus-Christ et proclament les hauts faits de celui qui les a appelés des ténèbres à son admirable lumière (cf. 1 P 2, 5-9). Il n’y a donc aucun membre qui n’ait sa part dans la mission du Corps tout entier ; chacun d’eux doit sanctifier Jésus dans son cœur (cf. 1 P 3, 15) et rendre témoignage à Jésus par l’esprit de prophétie (cf. Ap 19, 10) ».

Je garde un vif souvenir de la joie avec laquelle saint Josémaria accueillit cet enseignement conciliaire car, dans son ministère sacerdotal, il n’avait fait que diffuser cette splendide réalité depuis plus de trente-cinq ans. De ce fait, je rejoins totalement ceux qui considèrent que ce saint prêtre fut un précurseur du concile en ce qui concerne cette doctrine, capitale pour la spiritualité laïque dans l’Église et pour ce qui est d’autres aspects de la doctrine chrétienne évoqués dans les documents de cette assemblée œcuménique, comme celui de l’appel universel à la sainteté.

Le décret Presbyterorum ordinis ajoute ensuite que « le même Seigneur, a établi parmi [les baptisés] des ministres qui, dans la communauté des chrétiens, seraient investis par l’Ordre du pouvoir sacré d’offrir le Sacrifice et de remettre les péchés [Cf. concile de Trente, sess. 23, ch. 1 et can.l : Dz. 1764 et 1771], et y exerceraient publiquement pour les hommes au nom du Christ la fonction sacerdotale ».

C’est à partir de là que j’aimerais évoquer certaines conséquences pour notre vie et notre mission sacerdotale.

Commençons par rappeler que tout sacerdoce dans l’Église est une participation à l’unique sacerdoce du Christ, comme la lettre aux Hébreux le dit admirablement bien. Dieu, à l’arrivée de « la plénitude des temps », voulut susciter un nouveau sacerdoce pour remplacer le sacerdoce lévitique. Celui-ci était bon et valable pour le temps pour lequel il avait été établi, mais il était voué à disparaître lorsqu’il aurait rempli sa mission de préparation au sacerdoce éternel et immuable du Christ, sacerdoce nouveau « selon l’ordre de Melchisédech » (cf. Hb 5, 6.10; 6, 20; 7, 1-3.11-17).

L’auteur de la lettre expose les raisons pour lesquelles, dans l’ancienne loi déjà, le sacerdoce de Melchisédech était supérieur au sacerdoce lévitique ainsi que les raisons intrinsèques de la supériorité du sacerdoce du Christ, parfait, indéfectible et éternel, scellé par Dieu par un serment. Il termine la lettre en soulignant que seul le Christ pouvait incarner un tel sacerdoce : « Il nous convenait, en effet, d'avoir un souverain prêtre comme lui, saint, innocent, sans tache, séparé des pécheurs, et plus élevé que les cieux, qui n'a pas besoin, comme les souverains prêtres, d'offrir chaque jour des sacrifices, d'abord pour ses propres péchés, ensuite pour ceux du peuple, -car ceci, il l'a fait une fois pour toutes en s'offrant lui-même » (Hb 7, 26-27).

C’est au Christ que ce sacerdoce souverain convenait puisqu’il l’était, et qu’il l’est toujours in æternum, en tant que Fils de Dieu, saint et immaculé. Si la lettre ajoute « séparé des pécheurs » ce n’est pas parce qu’il se fût éloigné de nous, ses frères les hommes, lui qui était venu chercher ce qui était perdu (cf. Lc 15, 1 et suiv.), mais parce qu’il n’y avait pas en lui la moindre trace de péché (cf. Hb 4, 15). L’auteur de l’épître aux Hébreux dit, par ailleurs, que le Christ, « par une seule offrande, a amené, pour toujours, à la perfection ceux qui sont sanctifiés » (Hb 10, 14) en faisant ainsi allusion au seul sacrifice vraiment rédempteur, celui de la Croix.

L’expression “amené à la perfection” est une formule au profond sens théologique puisqu’elle contient l’idée de « perfection », de « plénitude », de « consécration », de « sanctification ». Elle est l’équivalent de l’expression hébraïque dont on se servait pour l’onction des prêtres de l’Ancienne Alliance et pour la consécration du Temple. De plus, il faut le signaler, elle est « la dernière parole » que le Christ a prononcée sur la Croix : «Tout est accompli » (Jn 19, 30).

Tout compte fait, l’auteur de la lettre aux Hébreux veut nous dire que le Christ a réalisé un sacrifice d’une telle efficacité infinie que ceux qui y participent en sincérité de cœur lorsqu’il se fait présent sur l’autel, peuvent atteindre la perfection, la sainteté de vie, le pardon des péchés, la pureté de conscience, accéder à la vie intime de Dieu. Grâce à l’offrande faite par le Christ, Souverain Prêtre Éternel, nous pouvons redire, avec les paroles que saint Josémaria prononça dans son homélie un Vendredi Saint, que « l’abîme de malice que le péché avait creusé a été franchi par une Charité infinie. Dieu n’abandonne pas les hommes. […] Nous pouvons imaginer — pour nous approcher d’une certaine manière de ce mystère insondable — que la Très Sainte Trinité se réunit en conseil, dans sa continuelle et intime relation d’amour et que le résultat de cette décision éternelle, est, en quelque sorte, que le Fils unique de Dieu le Père assume notre condition humaine, prend sur Lui nos misères et nos douleurs pour finir attaché au bois par des clous ».

Or il en est vainqueur par sa résurrection. De ce fait, les mots de la fin de cette homélie sont pleins d’espérance : « Nous serons appelés vainqueurs parce que le Christ ressuscité sera vainqueur en nous et que la mort deviendra vie ».

2. Coordonnées du ministère sacerdotal

La nature des prêtres a une dimension profondément christologique et c’est la raison pour laquelle toute la vie sacerdotale doit être un reflet de la sainteté, de l’autorité et de la donation sans limites du Christ. À ceci vient inséparablement s’ajouter la dimension ecclésiale par laquelle tout le travail sacerdotal doit être orienté au service du peuple de Dieu, à la sanctification des hommes. C’est pourquoi, sans aucun doute, avec une foi profonde, saint Josémaria se posait cette question, pour y répondre : « Quelle est donc l’identité du prêtre ? Celle du Christ qui veut perpétuer son sacerdoce, l’unique sacerdoce, à travers ses ministres ».

a) Perspective christologique du ministère sacerdotal

Puisque le sacerdoce des prêtres découle directement du sacerdoce du Christ, leur ministère dans l’Église doit avoir un rapport intime et immédiat avec ce sacerdoce: « Nous faisons donc les fonctions d'ambassadeurs pour Christ, comme si Dieu exhortait par nous » écrit Saint Paul aux Corinthiens (2 Cor 5, 20) ce que le décret conciliaire souligne ainsi : « Par la sainte ordination et la mission reçues des évêques, les prêtres sont promus au service du Christ Docteur, Prêtre et Roi ; ils participent à son ministère » . Le Seigneur se sert des prêtres pour garder sa présence vitale dans l’Église, selon ce qu’Il avait promis : « Sachez que Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20).

Il est très significatif, dans ce sens, que lors de sa première rencontre avec les prêtres de Rome, le 13 mai 2005, Benoît XVI leur donne un point de repère déterminant: « Il est donc indispensable de retourner toujours à nouveau à la racine de notre sacerdoce. Cette racine, comme nous le savons bien, est unique : Jésus Christ Seigneur ». Et le pape d’ajouter : « Mais ce Jésus n’a rien qui lui appartienne de façon personnelle, tout est entièrement au Père et pour le Père ». Ainsi, il en tirait une conséquence pour chacun de nous : « Nous sommes envoyés non pour nous annoncer nous-mêmes, ou nos opinions personnelles, mais pour annoncer le mystère du Christ (…) Nous ne sommes pas chargés de dire beaucoup de mots, mais de nous faire l’écho et les porteurs d’une seule "Parole", qui est le Verbe de Dieu fait chair pour notre salut».

De ce fait, se réaliser en tant que prêtre revient à être pleinement uni au Christ, à s’identifier à Lui dans notre ministère sacerdotal et dans toute notre conduite. Il s’agit d’être transparents pour que les fidèles voient le Maître, le Rédempteur, sans que leur regard ne se sente attiré par la personne du prêtre. À ce propos, un fait qui eut lieu à Valence me semble hautement significatif. C’est Encarnacion Ortega, l’une des premières femmes de l’Opus Dei, dont le procès de béatification est en cours, qui en fit le récit. Elle assistait à une retraite spirituelle pour étudiantes que prêchait saint Josémaria à Alacuas, dans une maison des Ouvrières de la Doctrine.

Encarnita, qui avait vingt-et-un ans à l’époque, était venue faire cette retraite poussée par le désir, ou la curiosité peut-être, de connaître l’auteur de Chemin, ouvrage qui l’avait profondément touchée. Après le décès de saint Josémaria, elle rédigea un témoignage où elle laisse voir combien la figure de ce prêtre l’impressionna, avant même de l’avoir entendu prêcher. Elle écrit : « Son recueillement, plein de naturel, sa génuflexion devant le tabernacle, et la façon de dire l’oraison préparatoire de la méditation qui nous encourageait à être conscientes que le Seigneur était là, nous regardait et nous écoutait, me fit immédiatement oublier ce désir d’écouter un grand orateur qui devint un besoin d’écouter Dieu et d’être généreuse avec Lui ».

Ce conseil de saint Josémaria est pleinement congruent avec ce comportement :

«Il nous est demandé aux prêtres, me semble-t-il, l’humilité d’apprendre à ne pas être à la mode, d’être réellement des serviteurs des serviteurs de Dieu, en pensant à cette exclamation de Jean-Baptiste: illum oportet crescere, me autem minui (Jn 3, 30), il faut que le Christ croisse et que moi je diminue, pour que les chrétiens courants, les laïcs, puissent rendre le Christ présent dans tous les milieux de la société ».

b) Perspective ecclésiologique

Reprenons la lettre aux Hébreux, au chapitre 5. L’auteur parle tout d’abord du sacerdoce lévitique mais certains des traits qu’il évoque sont pérennes. « Tout souverain prêtre, pris du milieu des hommes, est établi pour les hommes dans le service de Dieu, afin de présenter des offrandes et des sacrifice pour les péchés. Il peut être indulgent pour les ignorants et les égarés, puisque la faiblesse est aussi son partage. Et c'est à cause de cette faiblesse qu'il doit offrir des sacrifices pour ses propres péchés, comme pour ceux du peuple. Nul ne s'attribue cette dignité, s'il n'est appelé de Dieu, comme le fut Aaron. Et le Christ ne s'est pas non plus attribué la gloire de devenir souverain prêtre, mais il la tient de celui qui lui a dit: Tu es mon Fils, Je t'ai engendré aujourd'hui! Comme il dit encore ailleurs: Tu es prêtre à jamais selon l'ordre de Melchisédech » (Hb 5, 1-6).

Ces paroles tracent et décrivent la mission qui revient au prêtre dans l’Église, en harmonie avec son être et sa vie dans le Christ. Le ministère sacerdotal a la caractéristique d’être profondément ecclésial. Le prêtre « pris du milieu des hommes » par une vocation divine qui s’actualise lors de la réception du sacrement de l’Ordre, est « établi pour les hommes »: ordonné au bien de toute l’humanité. Non pas pour un bien terrestre, même s’il n’est pas appelé à se désintéresser du bonheur temporel, qui ne caractérise cependant pas sa mission qui est définie par « ce qui se rapporte à Dieu ». Saint Paul dit à Timothée que le prêtre est « un homme de Dieu » (1 Tm 6, 11). Et comme saint Josémaria le reprit tout au long de sa vie, en paraphrasant l’Apôtre : nous devons prêcher le Christ, le Christ crucifié, qui est l’Amour du Ciel pour chaque créature.

Dans sa rencontre avec le clergé romain, Benoît XVI souligna qu’ “ étant donné que le Christ se trouve à sa source, le sacerdoce est, par sa nature, dans l’Eglise et pour l’Eglise (…). Il a un rapport constitutif avec le corps du Christ, dans sa double et inséparable dimension d’Eucharistie et d’Église, de corps eucharistique et de corps ecclésial. C’est pourquoi notre ministère est amoris officium (Saint Augustin, In Iohannis Evangelium Tractatus 123, 5), c’est la tâche du bon pasteur, qui offre sa vie pour ses brebis (Cf. Jn 10, 14-15)» et qu’il réalise de grand cœur, conscient de cette merveilleuse réalité puisque chacun d’eux est sacerdos in æternum : aujourd’hui, maintenant et à tout jamais.

C’est sur le devoir d’être un « bon pasteur » comme le fut le Christ, Bon Pasteur, que le pape insiste dans l’homélie de la Messe de l’une de ses ordinations presbytérales en parlant des « trois affirmations fondamentales de Jésus sur le bon pasteur ».

La première est que le pasteur donne sa vie pour les brebis. «Nous devons la donner jour après jour. Je dois apprendre jour après jour que je ne possède pas ma vie pour moi-même. Jour après jour, je dois apprendre à m'abandonner moi-même; à me tenir prêt à réaliser, sur le champ, ce pour quoi le Seigneur, a besoin de moi, même si d'autres choses me semblent plus belles et plus importantes.

La deuxième affirmation est que le Bon Pasteur connaît ses brebis et que ses brebis le connaissent (Cf. Jn 10, 14-15). « Nous devons tout d'abord vivre intimement en nous la relation avec le Christ et, par son intermédiaire, avec le Père; ce n'est qu'ainsi que nous pouvons vraiment comprendre les hommes, les accompagner, être ouverts à leurs nécessités et aux questions qu’ils se posent. Ce doit être une connaissance faite avec le coeur de Jésus et orientée vers Lui, une connaissance qui ne lie pas l'homme à moi, mais qui le guide vers Jésus, le rendant ainsi libre et ouvert ».

La troisième s’appuie sur « J'ai encore d'autres brebis qui ne sont pas de cet enclos; celles-là aussi, il faut que je les mène; elles écouteront ma voix; et il y aura un seul troupeau, un seul pasteur" (Jn 10, 16) et permet au pape de conclure : « Bien sûr, un prêtre, un pasteur d'âme, doit tout d'abord se soucier de ceux qui croient et vivent avec l'Eglise (…).Toutefois, nous devons aussi toujours à nouveau - comme dit le Seigneur - sortir "par les chemins et le long des clôtures" (Lc 14, 23) pour porter l'invitation de Dieu à son banquet également aux hommes qui jusqu'à présent n'en ont pas entendu parler, ou qui n'ont pas été touchés intérieurement par lui ».

C’est dans contexte, je pense, que cet autre propos de saint Josémaria est très significatif. Il contrecarre ceux qui « pensent que les chrétiens souhaitent voir chez le prêtre un homme de plus. Ce n’est pas vrai. Chez le prêtre, ils veulent admirer les vertus propres à tout chrétien, voire à tout honnête homme : la compréhension, la justice, la vie de travail, dans son travail sacerdotal pour ce qui le concerne, la charité, la bonne éducation, la délicatesse. Toutefois, avec tout cela, les fidèles tiennent à ce que son caractère sacerdotal soit mis en valeur ».

Il donnait des exemples pour expliciter son raisonnement : « Ils attendent que le prêtre prie, qu’il ne refuse pas l’administration des sacrements, qu’il soit prêt à les accueillir tous sans se poser en chef ou en militant de factions humaines, quelles qu’elles soient (cf. Presbyterorum Ordinis, n.6), qu’il mette son coeur et sa dévotion à célébrer la sainte messe, qu’il s’asseye au confessionnal, qu’il console les malades et les affligés; qu’il assure la catéchèse des enfants et des adultes, qu’il prêche la Parole de Dieu et non pas n’importe quel type de science humaine qui, même s’il en était un expert, ne serait pas la science qui sauve et conduit à la vie éternelle ; qu’il livre son conseil et sa charité aux nécessiteux ».

Ces considérations nous permettent d’aborder la troisième partie de notre exposé.

3. Quelques constantes propres à la vie sacerdotale

En parlant du ministère des prêtres, le décret Presbyterorum ordinis souligne que le ministère de la parole, celui des sacrements et celui du gouvernement du peuple de Dieu sont des fonctions primordiales, en rapport avec les tria munera Christi.

a) Ministère de la parole

La communauté chrétienne, dit le décret conciliaire « est rassemblée d’abord par la Parole du Dieu vivant. En effet, nul ne peut être sauvé sans avoir d’abord cru; les prêtres, comme coopérateurs des évêques, ont pour premier devoir d’annoncer l’Évangile à tous les hommes qu’il convient d’attendre tout spécialement de la bouche des prêtres ».

On a donc l’obligation incontournable de transmettre la « parole de Dieu » afin que la foi parvienne à tous les hommes, de toute race et de toute condition. Ceci s’appuie sur le commandement de Jésus aux Apôtres et à ceux qui devraient prendre la suite de sa mission dans le temps: annoncer “l’évangile”, la “bonne nouvelle” du Royaume que sa venue avait instaurée. L’Apôtre des Gentils le comprit clairement lorsqu’il affirmait: « Prêcher l’Évangile n’est pas pour moi un titre de gloire ; c’est plutôt un devoir qui m’incombe. Malheur à moi si je ne prêchais pas l’Évangile! » (1 Cor 9, 16).

Je ne vais pas considérer maintenant la manière de réaliser le ministère de la parole, tâche qui, selon les circonstances des gens, les lieux et les temps, peut présenter des formes très variées, parmi lesquelles l’homélie prend toute sa place. Toutefois je pense qu’il est très intéressant de dire que le prêtre, en tant qu’envoyé du Christ pour annoncer le message évangélique, se doit de cultiver vivement « la sainte inquiétude » de porter à toutes les âmes la foi et l’amour de Dieu, y compris lorsqu’il donne un sens et une orientation à la vie humaine, en vue du bonheur éternel, et ce, toujours avec une abondance de vérité et avec un langage efficace et attirant.

Je parlais tout à l’heure de la renommée de bon prédicateur qu’avait saint Josémaria déjà dans les années 40, comme en témoigne le fait que de nombreux évêques l’aient appelé pour prêcher des retraites aux prêtres de leur diocèse.

À ce propos, mgr Alvaro del Portillo évoquait un commentaire de don Manuel Castro, devenu par la suite archevêque de Burgos. Lorsqu’il était évêque de Ségovie, il avait assisté à une retraite pour le clergé à la fin de laquelle il avait été poussé à remercier le prédicateur. Il avait dit, entre autres : « Don Josémaria nous touche toujours, des fois avec une épée de Tolède, d’autres fois avec une bombe à main ».

Je pense que ce commentaire reflète très bien cette « sainte inquiétude » que tout prêtre devrait susciter par sa prédication dans l’âme des fidèles. Elle n’est pas le fruit de l’éloquence ni de la sagesse humaine, qu’il faut par ailleurs tâcher de cultiver, mais l’œuvre du Saint-Esprit. Le Paraclet se sert de la vie intérieure et de la préparation des prêtres pour produire chez les âmes ces réactions salutaires.

Permettez-moi de revenir sur la retraite à Alacuas dont je vous ai parlé tout à l’heure. La protagoniste de ce récit nous dit qu’en écoutant les paroles du fondateur de l’Opus Dei, elle éprouva une profonde inquiétude surnaturelle. Elle comprit que le Seigneur l’invitait à lui livrer toute sa vie au beau milieu du monde. Or son premier mouvement fut une réaction d’autodéfense, elle voulait étouffer la voix que les paroles du prêtre éveillaient en elle. Jusqu’au jour où saint Josémaria qui parlait de la Passion du Seigneur, invita les assistantes à considérer l’actualité de ces scènes dans leur vie personnelle : « Il a souffert tout cela pour toi. Quant à toi, qui ne veux pas faire ce qu’il est en train de te demander, aie au moins le courage de regarder le Tabernacle et de lui dire : ce que tu me demandes, je m’en fiche pas mal ! ».

Le dénouement de ce combat intérieur fut clair. Cette femme se décida aussi à faire l’Œuvre et, avec d’autres jeunes filles, elle fit partie du premier noyau stable de femmes de l’Opus Dei qui se consolidait à l’époque. Et c’est précisément le 14 février prochain que l’on fêtera les quatre-vingts ans du jour où le Seigneur mit ce projet dans l’âme de saint Josémaria. Aussi, oserais-je vous demander des prières pour que ce ferment de sainteté soit toujours aussi efficace dans la vie des chrétiens.

Nous pouvons tirer un enseignement de ces épisodes-là. Afin que la voix du Christ qui parle en son Église, résonne fidèlement chez lui et chez les autres, le prêtre doit s’efforcer de faire constamment croître son intimité avec Dieu. C’est la raison pour laquelle il doit consacrer le temps nécessaire à méditer la parole de Dieu et préparer avec soin la prédication sous ses différentes formes. La transmission de la parole de Dieu demande, comme le disait saint Josémaria : « une vie intérieure : nous devons parler des choses saintes aux autres, ex abundantia enim cordis, os loquitur (Mt 12, 34) ; c’est du trop plein de notre cœur que parle notre bouche. Et avec cette vie intérieure, l’étude (…). Une étude et une doctrine que nous incorporons à notre propre vie car ce n’est qu’ainsi que nous saurons la donner aux autres le plus convenablement possible, en nous adaptant à leurs besoins et à leurs circonstances, avec le don de langues ».

b) Ministère des sacrements

Nous disions que le concile Vatican II présente l’institution du sacerdoce ministériel en évoquant que le Seigneur « a établi (…) des ministres qui, dans la communauté des chrétiens, seraient investis par l’Ordre du pouvoir sacré d’offrir le Sacrifice et de remettre les péchés ».

En effet, la mission sanctificatrice des prêtres est essentiellement manifestée par la célébration de ces deux sacrements : l’Eucharistie et la Pénitence. Le Saint Sacrifice du Calvaire, source de la vie de l’Église, devient présent sur l’autel et c’est dans la Confession, auriculaire et secrète, qu’a lieu cette grandiose rencontre du Christ avec chaque âme, pour la rémission de ses péchés. La célébration de ces deux sacrements, disait saint Josémaria : « est si essentielle dans la mission du prêtre que tout le reste doit tourner autour. D’autres tâches sacerdotales, la prédication et l’instruction dans la foi, manqueraient de support si elles n’étaient pas orientées vers l’apprentissage de l’amitié avec le Christ, vers la rencontre avec Lui dans le tribunal bienveillant de la Pénitence et dans le renouvellement non sanglant du Sacrifice du Calvaire, à la Sainte Messe ».

Ceci dit, de très nombreux prêtres saints dans l’Église, et il y en a beaucoup aujourd’hui aussi, ont rendu présent le Saint Sacrifice et ont tâché de vouer toutes les heures possibles de leur journée à la célébration du sacrement de Pénitence, comme ce fut le cas du Curé d’Ars. N’oublions pas que ce saint patron des confesseurs, en dépit de la tourmente révolutionnaire de son époque qui avait essayé d’effacer tout vestige de pratique religieuse « s’est efforcé, de toutes les manières : par la prédication, en cherchant à persuader par ses conseils, à faire redécouvrir à ses paroissiens le sens et la beauté de la Pénitence sacramentelle, en montrant comment elle est une exigence intime de la Présence eucharistique ».

Pour ce qui est du Sacrifice eucharistique, il est opportun dans ce contexte, me semble-t-il, de relire ces autres paroles de Benoît XVI : « Dans le mystère eucharistique, le Christ se donne toujours à nouveau et, précisément dans l'Eucharistie, nous apprenons l'amour du Christ et donc l'amour pour l'Eglise. Je répète donc avec vous, chers frères dans le sacerdoce, les inoubliables paroles de Jean-Paul II: "La Messe est de façon absolue le centre de ma vie et de chacune de mes journées". Cela devrait être une parole dont chacun de nous peut dire qu'elle est la sienne: la Messe est de façon absolue le centre de ma vie et de chacune de mes journées ».

En effet, la Sainte Messe doit être pour nous tous le “centre et la racine de la vie intérieure” comme le disait saint Josémaria à tous les fidèles . Ceci dit, il faut déployer un intense travail de catéchèse, de formation et d’orientation pour ce qui est de la vie sacramentelle, avec notre exemple et notre parole. J’ajouterai que nous devons veiller avec un soin extrême sur la maison de Dieu et sur l’art liturgique qui l’enrichit, afin que tout se déroule avec le maximum de dignité pour la dignité du culte du Seigneur : « Sa maison », nous avertit l’Écriture, doit être « une maison de prière pour toutes les nations » (Mc 11, 17).

Nous les prêtres, nous devons nous appliquer aussi au culte eucharistique en dehors de la Messe, dans notre relation au Christ dans le Tabernacle. J’ai à l’esprit un autre événement de la vie du fondateur de l’Opus Dei qui éclaire vivement ce point-là et qui a eu lieu en 1974, presque à la fin de son existence sur cette terre, lors d’un voyage pastoral dans plusieurs pays d’Amérique du Sud. Un jour on projeta pour saint Josémaria quelques diapositives du Pérou. Il y en avait quelques-unes qui montraient les effets dévastateurs d’un glissement de terrain typique des Andes qui avait ensevelit une église. On ne voyait que la partie supérieure de son clocher. Et on lui dit que dans cette petite église il y avait le Saint-Sacrement parce qu’on n’avait pas pu le retirer avant son effondrement. À l’idée que ce tabernacle était enfoui sous plusieurs mètres de boue et que le Seigneur s’y trouvait tout seul, il ne put dormir de la nuit : il la passa à veiller, à entourer le Saint Sacrement par la pensée, à faire de nombreux actes d’amour et à dire des communions spirituelles.

c) Gouverner le peuple de Dieu

On a aussi confié aux prêtres le ministère de gouverner le peuple de Dieu en participant de l’autorité du Christ Tête et Pasteur. Il s’agit d’un pouvoir spirituel conféré pour l’édification des âmes (cf. 2 Cor 10, 8 ; 13, 10). « Dans cette œuvre de construction, rappelle le concile Vatican II, la conduite des prêtres, à l’exemple de celle du Seigneur, doit être extrêmement humaine envers tous les hommes. Ce n’est pourtant pas selon ce qui plaît aux hommes mais selon les exigences de la doctrine et de la vie chrétiennes qu’ils doivent agir à leur égard, les enseignant et les instruisant comme des enfants, et des enfants bien aimés selon les paroles de l’Apôtre : « Insiste à temps et à contretemps, réfute, menace, exhorte avec beaucoup de patience et le souci d’instruire » (2 Tm 4, 2) ».

Cette attitude, pleine de charité, qui se manifeste en de multiples aspects, doit être celle des prêtres. Je n’en évoquerai que certains: ne pas veiller à ses propres intérêts mais à ceux du Christ (cf. Ph 2, 21) ; imiter le Christ « qui n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » (cf. Mt 20, 28) ; reconnaître et promouvoir sincèrement le rôle de chaque chrétien dans la mission de l’Église ; respecter à l’extrême la juste liberté de tous dans la société humaine ; seconder les nobles aspirations de la communauté chrétienne ; examiner avec l’aide de la grâce, les différents charismes en les reconnaissant avec joie lorsqu’ils viennent de Dieu et en les cultivant diligemment, surtout ceux qui conduisent à une vie spirituelle plus élevée. En définitive, je tiens à vous dire, en empruntant les paroles du Presbyterorum Ordinis que : « les prêtres sont placés au milieu des laïcs pour les conduire tous à l’unité dans l’amour « s’aimant les uns les autres d’un amour fraternel, rivalisant d’égards entre eux » (Rm 12, 10) (...) Ils sont spécialement responsables de ceux qui ont abandonné la pratique des sacrements, voire même la foi, et ils m n’omettront pas d’aller vers eux comme de bons pasteurs ».

4. La primauté de la grâce dans la vie sacerdotale

Dans cette dernière partie de mon exposé, j’aimerais lire des paroles du pape lors d’une autre rencontre avec des prêtres, au diocèse d’Albano : « Le temps que nous nous réservons pour la prière n'est pas un temps soustrait à notre responsabilité pastorale, mais c'est réellement un "travail" pastoral, c'est prier aussi pour les autres. Dans le "Commun des pasteurs" ont lit comme étant caractéristique du bon Pasteur que "multum oravit pro fratribus". Il est propre au pasteur d'être un homme de prière, qui se trouve devant le Seigneur en priant pour les autres, en remplaçant également les autres, qui ne savent peut-être pas prier, qui ne veulent pas prier, qui ne trouvent pas le temps de prier. Comme il apparaît ainsi évident que le dialogue avec Dieu est une oeuvre pastorale! ».

Et en parlant de la célébration du Sacrifice de l’Autel et de la récitation de la Liturgie des Heures, il ajoutait : “Je dirais donc que l'Eglise nous donne, nous impose presque - mais toujours comme une bonne Mère - d'avoir du temps libre pour Dieu, avec les deux pratiques qui font partie de nos devoirs: célébrer la Messe et réciter le bréviaire. Mais plus que le réciter, il faut le réaliser comme écoute de la Parole que le Seigneur nous offre dans la Liturgie des Heures. Il faut intérioriser cette Parole, être attentif à ce que le Seigneur me dit à travers cette Parole, écouter ensuite les commentaires des Pères de l'Eglise ou également du Concile, dans la deuxième Lecture de l'Office des Lectures, et prier avec cette grande invocation que sont les Psaumes, à travers lesquels nous sommes insérés dans la prière de tous les temps. Le peuple de l'Ancienne Alliance prie avec nous - et nous prions avec lui. Nous prions avec le Seigneur, qui est le véritable sujet des Psaumes. Nous prions avec l'Eglise de tous les temps. Je dirais que ce temps consacré à la Liturgie des Heures est un temps précieux ».

La piété sacerdotale tient à un rapport solide et profond avec Dieu le Père, par Jésus-Christ, en union avec le Saint-Esprit qui puise aux sources de la Parole de Dieu et de la Très Sainte Eucharistie et qui est animé par une tendre dévotion envers la Sainte Vierge, Mère du Souverain Prêtre et Reine des apôtres. Saint Paul l’avait bien compris lorsqu’il écrivait ceci à Timothée : « Exerce-toi à la piété; car l'exercice corporel est utile à peu de chose, tandis que la piété est utile à tout, ayant la promesse de la vie présente et de celle qui est à venir. C'est là une parole certaine et entièrement digne d'être reçue. Nous travaillons, en effet, et nous combattons, parce que nous mettons notre espérance dans le Dieu vivant, qui est le Sauveur de tous les hommes, principalement des croyants » (1 Tm 4, 7-10).

Certes, pour que cette piété fleurisse on a besoin d’une paix intérieure, « car Dieu n'est pas un Dieu de désordre, mais de paix » (1 Cor 14, 33). C’est cette paix que la grâce du sacrement de Pénitence nous procure et qui vient, d’un côté, de la lutte sainte pour éviter ce que l’Apôtre appelle « les œuvres de la chair » (Gal 5, 19) et de l’autre, du soin mis à cultiver les fruits que l’Esprit Saint, comme le dit aussi saint Paul, fait germer en nous : « La charité, la joie, la paix, la longanimité, la bénignité, la bonté, la fidélité, la mansuétude, la continence » (Gal 5, 22-23).

Pour avoir cette piété sacerdotale, il faut, tout compte fait, raffermir notre foi, notre espérance et notre amour, en plaçant toute notre confiance en Dieu, avec une vraie dévotion filiale puisque nous sommes réellement ses enfants en Jésus-Christ, vérité réjouissante qui doit nous guider continuellement. Il nous faut penser que tout événement vient de la bonté de Dieu, y compris lorsqu’il est humainement dur à porter et que nous n’y comprenons rien. Nous savons que c’est la bonté de Dieu qui le permet pour en tirer de plus grands biens.

Le concile Vatican II nous a demandé de vivre notre ministère « dans la sainteté et l’ardeur, l’humilité et la force, à l’image du grand Prêtre éternel, Pasteur et Évêque de nos âmes » . Et pour ce faire nous avons besoin d’une solide unité de vie, expression typique de saint Josémaria. Il aimait dire, d’une façon ou d’une autre, qu’il « n’y a qu’une seule vie, faite de chair et d’esprit qui doit être, en notre âme et en notre corps, sainte et remplie de Dieu ».

Pour appliquer ces paroles à notre existence sacerdotale, je dirais qu’il s’agit de chercher à croître en l’amour de Dieu et du prochain à travers l’exercice quotidien de notre ministère, dans nos tâches parfois humbles et cachées qui deviennent, toujours, par la grâce, un chemin joyeux de sainteté et de service aux autres.

Je termine en citant encore le fondateur de l’Opus Dei qui a si loyalement incarné la figure du Souverain Prêtre Éternel et qui disait : «Le prêtre, s’il a un véritable esprit sacerdotal, s’il est un homme de vie intérieure, ne pourra jamais se sentir seul. Nul autre que lui ne saurait avoir un cœur si épris ! Il est l’homme de l’Amour, le représentant, parmi les hommes, de l’Amour devenu homme. Il vit par Jésus-Christ, pour Jésus-Christ, avec Jésus-Christ et en Jésus-Christ. C’est là une réalité divine qui me bouleverse profondément lorsque, tous les jours, j’élève, en les prenant dans mes mains, le Calice et la Sainte Hostie et que je redis lentement, en les savourant, ces paroles du canon : Per Ipsum, et cum Ipso et in Ipso. C’est par Lui, avec Lui et en Lui que je vis pour les âmes. Je vis de son Amour et pour son Amour en dépit de mes misères personnelles. Malgré ces misères, et sans doute à cause d’elles, mon amour est un Amour qui se renouvelle chaque jour ».

Demandons à Sainte Marie, Mère du Bel Amour, Mère des prêtres, de faire que la Trinité nous accorde ces sentiments-là.