Le sacerdoce

Quelle est l’identité du prêtre? Celle du Christ. Tous les chrétiens, nous pouvons et nous devons être non seulement alter Christus mais ipse Christus, d’autres Christ, le Christ lui-même ! Cependant, chez le prêtre, cela se fait immédiatement, de façon sacramentelle.

Dans son homélie “Prêtre pour l’éternité”, saint Josémaria parle de la Sainte-Messe, de la nature du sacerdoce catholique, de sa dignité et sa nécessité et du rapport entre prêtres et laïcs dans l’Église.

On peut télécharger l'homélie en pdf Prêtre pour l’éternité.

Le sacerdoce

Le sacerdoce vise à servir Dieu en un état qui, en soi, n’est meilleur ni pire que les autres, il est différent. Ceci dit, la vocation de prêtre apparaît comme revêtue d’une dignité et d’une grandeur que rien ne dépasse sur la terre.

Une nouvelle tâche professionnelle

C’est, si l’on peut s’exprimer ainsi, leur nouvelle tâche professionnelle à laquelle ils vont vouer toutes les heures de la journée qui seront toujours peu nombreuses puisqu’il faut constamment étudier la science de Dieu, orienter spirituellement tant d’âmes, écouter beaucoup de confessions, prêcher inlassablement et beaucoup prier, beaucoup, avec le cœur toujours rivé au Tabernacle où est réellement présent Celui qui nous a choisis pour que nous soyons à Lui en un don merveilleux plein de joie, même à l’heure des contradictions qui n’épargnent aucune créature

Une fois prêtres, ils ne se laisseront pas entraîner par la tentation d'imiter les activités et le travail des laïcs, quand bien même il s'agirait de tâches qu'ils connaissent bien, pour les avoir réalisées eux-mêmes jusqu'alors, ce qui leur assure une mentalité laïque qu'ils ne perdront jamais.

Cent pour cent prêtres

Leur compétence en diverses branches du savoir humain, de l’histoire, des sciences naturelles, de la psychologie, du droit, de la sociologie, tout en formant nécessairement partie de cette mentalité laïque, ne les poussera pas à vouloir se présenter comme des prêtres psychologues, des prêtres biologistes, ou des prêtres sociologues : ils ont reçu le Sacrement de l’Ordre pour être, ni plus ni moins, des prêtres-prêtres, des prêtres à cent pour cent.

Sur beaucoup de problèmes temporels ou humains, ils en savent probablement plus que bien des laïcs. Mais, à partir du moment où ils sont devenus prêtres, ils taisent cette compétence avec joie, pour continuer à se fortifier dans une prière incessante, pour ne parler que de Dieu, pour prêcher l'Évangile et administrer les sacrements.

Renoncement?

Toutes ces considérations peuvent accroître, vous disais-je, les motifs d’étonnement. D’aucuns se diront toujours à quoi bon renoncer à tant de choses bonnes et pures de la terre, à une situation professionnelle plus ou moins brillante, à avoir une influence chrétienne dans la vie sociale, par l’exemple, au niveau de la culture profane, de l’enseignement, de l’économie, ou de toute activité citoyenne ? D’autres rappelleront qu’aujourd’hui, en pas mal d’endroits, de sérieux doutes circulent sur la figure du prêtre, on bavasse sur son identité et on remet en cause le sens du fait de se livrer à Dieu dans le sacerdoce, dans les circonstances actuelles,

Finalement, il peut sembler surprenant aussi qu’à une époque où les vocations sacerdotales sont peu nombreuses, il y en ait chez des chrétiens qui avaient déjà résolu, avec leur travail personnel exigeant, les problèmes de leur situation et leur travail dans le monde.

Je comprends cet étonnement mais je ne serais pas sincère si je disais que je le partage. Ces hommes qui, librement, parce que le cœur leur en dit, —raison surnaturelle s’il en est—, embrassent le sacerdoce, savent qu’ils ne font aucun renoncement, dans le sens banal de ce terme. En effet, ils étaient déjà voués, de par leur vocation à l’Opus Dei, au service de l’Église et de toutes les âmes, avec une vocation à part entière, divine, qui les conduisait à sanctifier leur travail ordinaire, à se sanctifier dans ce travail-là et à s’employer à la sanctification des autres, à l’occasion de cette tâche professionnelle-là.

La sainteté est pour tous

La condition des fidèles chrétiens est une seule et la même pour les prêtres et pour les laïcs puisque Dieu Notre Seigneur nous a tous appelés à la plénitude de la charité, à la sainteté « Béni soit Dieu et Père de Notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis par toute sorte de bénédictions spirituelles aux cieux dans le Christ. C’est ainsi qu’il nous a élus en lui, dès avant la création du monde, pour être saints et immaculés en sa présence et dans l’amour (Eph 1, 3-4) »

Il n’y a pas de sainteté au rabais: ou bien nous luttons constamment pour demeurer en état de grâce et ressembler au Christ, notre Modèle, ou bien nous désertons ces batailles divines. Le Seigneur nous invite tous à nous sanctifier en notre état personnel. Dans l’Opus Dei, cette passion pour la sainteté, en dépit des erreurs et des misères individuelles, n’est pas différente chez les prêtres ou les laïcs. Du reste, les prêtres ne sont qu’une infime partie par rapport à la totalité des membres.

La sainteté ne dépend pas de l’état civil de chacun, célibataire, veuf, prêtre, mais bel et bien de la réponse personnelle à la grâce qui nous est accordée à tous pour apprendre à écarter de nous les œuvres des ténèbres et pour revêtir des armes de la lumière, de la sérénité, de la paix, du service dévoué et joyeux rendu à l’humanité toute entière. (Cf. Rm 13, 12).

Dignité du sacerdoce

Sainte Catherine de Sienne prête au Christ ces propos : « Je ne veux pas que le respect que l’on doit aux prêtres diminue, car la révérence et le respect qu’on leur voue ne s’adresse pas à eux mais à Moi, en vertu du Sang que je leur ai donné à administrer. S’il n’en était pas ainsi, vous leur devriez la même révérence qu’aux laïcs et pas plus. Il ne faut pas les offenser car si on les offense, c’est moi que l’on offense et non pas eux. C’est pourquoi je l’ai interdit et j’ai disposé que je n’admets pas que l’on touche à mes prêtres » (Sainte Catherine de Sienne. Dialogue, ch. 116; cf. Ps 104, 15).

Identité du prêtre

D’aucuns s’acharnent à chercher ce qu’ils appellent l’identité du prêtre. Comme elles sont claires ces paroles de la sainte de Sienne ! Quelle est l’identité du prêtre? Celle du Christ. Tous les chrétiens, nous pouvons et nous devons être non seulement alter Christus mais ipse Christus, d’autres Christ, le Christ lui-même ! Cependant, chez le prêtre, cela se fait immédiatement, de façon sacramentelle.

Pour l’accomplissement d’une si grande œuvre, celle de la Rédemption, le Christ est toujours là auprès de son Église, surtout dans les actions liturgiques. Il est là présent dans le sacrifice de la Messe, et dans la personne du ministre, « le même offrant maintenant par le ministère des prêtres, qui s’offrit alors lui-même sur la croix » et, au plus haut point, sous les espèces eucharistiques (Concile Vatican II, Const. Sacrosanctum Concilium 7, cf. Concile de Trente, Doctrine sur le Très Saint Sacrement de la Messe, ch. 2).

Le sacrifice de la Messe

C’est grâce au sacrement de l’Ordre que le prêtre est effectivement en mesure de prêter à Notre Seigneur sa voix, ses mains, tout son être. C’est Jésus-Christ qui, à la Sainte Messe, avec les paroles de la Consécration, change la substance du pain et du vin en son Corps, son Âme, son Sang et sa Divinité.

C’est là le fondement de l’incomparable dignité du prêtre. Une grandeur d’emprunt, compatible avec ma petitesse. Je demande à Dieu Notre Seigneur de nous donner, à nous ses prêtres, la grâce de réaliser saintement les choses saintes, de refléter aussi dans notre vie, les merveilles des grandeurs du Seigneur. Nous qui célébrons les mystères de la Passion du Seigneur, nous devons rendre notre vie conforme à ce que nous célébrons. Et alors l’hostie prendra notre place devant Dieu, si nous nous faisons nous-mêmes hosties. (Saint Grégoire le Grand, Dialogue 4, 59)

Ne pas juger

S’il vous arrivait de rencontrer un prêtre qui, extérieurement, ne semble pas vivre conformément à l’Évangile, ne le jugez pas. C’est Dieu qui le juge. Sachez que s’il célèbre validement la Sainte Messe, avec l’intention de consacrer, Notre Seigneur descendra toujours dans ses mains bien qu’elles soient indignes. Y a-t-il un don de soi plus grand, un plus grand anéantissement ? Plus qu’à Bethléem, qu’au Calvaire. Pour quoi ? Parce que Jésus-Christ a le coeur serré par son désir dévorant de rédemption, parce qu’il veut que personne ne puisse dire qu’il ne l’a pas appelé, parce qu’il se laisse trouver parce ceux qui ne le cherchent pas.

Il est Amour! Il n’y a pas d’autre explication. Les mots sont faibles pour parler de l’Amour du Christ. Il s’abaisse à tous niveaux, il admet tout, il s’expose à tout, à des sacrilèges, aux blasphèmes, à la froideur et l’indifférence de tant de gens, dans l’espoir d’offrir, ne serait-ce qu’à un seul homme, la chance de découvrir les battements de son Cœur qui bat dans sa poitrine blessée.

La Sainte Vierge et le prêtre

Telle est l’identité du prêtre : il est un instrument immédiat et quotidien de la grâce du salut que le Christ nous a gagnée. Si l’on comprend cela, si l’on a considéré tout cela dans le silence actif de la prière, comment peut-on penser que le sacerdoce est un renoncement ? Il est un gain qu’il n’est pas possible d’évaluer. Notre Mère, Sainte Marie, la plus sainte des créatures — seul Dieu est plus qu’Elle— a mis Jésus une seule fois au monde : les prêtres le font venir tous les jours sur terre, à notre corps et à notre âme : le Christ vient nous nourrir, nous vivifier, pour être, dès à présent, la gage de la vie future.

Homélie Prêtre pour l’éternité”, que le fondateur de l’Opus Dei prononça le 13 abril 1973.