Pas une seule seconde : le sens du temps chez saint Josémaria

Une seconde est une partie du temps, mais qu’est-ce que le temps ? C’est sans doute l’une des choses les plus dures à définir. Le temps et l’éternité se tiennent par la main dans la vie du chrétien. Il s’agit d’un trésor qui est là, mais que nous ne voyons pas toujours clairement. Le professeur Alfonso Nieto de l'Université de Navarre, nous confie ses considérations sur le temps, à partir de l'homélie de saint Josémaria "Le trésor du temps".

l. Une seconde

Les traces de sainteté que les hommes de Dieu ont laissées sur terre ne sont vues que du Ciel. Le centenaire de la naissance de saint Josémaria est une occasion d’observer pencher certaines d’entre elles, à l’instar de tant de gens qui les admirent et qui les foulent au rythme de leur travail quotidien. Ces traces sont nettes et cependant on ne les distingue pas clairement. Ce fut mon cas, il y a presque un demi-siècle déjà, lorsque je lus ce texte exigeant : « Nous n’avons pas de temps à perdre, pas une seule seconde. Je n’exagère pas. 1» Cette affirmation ne saurait être interprétée comme une métaphore ou comme un idéal hors de notre portée. Or, une seconde, c’est si peu de chose !: tic-tac et puis s’en va ! J’en suis venu à me dire que ce conseil ne s’adressait pas à des gens extraordinairement intelligents ou volontaires, mais bien à moi. Ainsi, à mesure que les enseignements du fondateur de l’Opus Dei éclairaient mon travail professionnel de chercheur et de professeur titulaire d’une chaire en Communication, cette seconde acquérait de la grandeur, sa valeur croissait ; elle continue de croître.

Une seconde est une partie du temps, mais qu’est-ce que le temps ? C’est sans doute l’une des choses les plus dures à définir2. Généralement le temps est défini comme « la mesure du mouvement d’après un avant et un après3, quelque chose d’irréversible qu’on ne peut pas arrêter4. « Pour le christianisme, le temps a une importance fondamentale puisqu’en Jésus-Christ, le Verbe incarné, le temps devient une dimension de Dieu qui est éternel en lui-même5. Le temps et l’éternité se tiennent par la main dans la vie du chrétien6. Il s’agit d’un trésor qui est là, mais que nous ne voyons pas toujours clairement7.

L’être humain est spécialement attaché à compter, à peser, à mesurer tout ce qui l’entoure et comme le temps l’environne de partout, l’histoire nous montre combien il tient à en prendre la mesure, constamment, avec la plus grande précision possible, ce qui n’est pas une tâche facile8. Vers l’an 1345, on admet généralement que l’heure a 60 minutes et la minute, 60 secondes. La seconde fait ainsi son entrée dans l’histoire du temps, elle est 1/86. 400 ème du jour solaire moyen, la mesure la plus courte utilisée normalement. Dire une seconde revient à dire un instant, quelque chose de si petit qu’on peut facilement le négliger. En effet, combien dure une seconde ? Presque rien. Et qu’est-ce que ce presque rien ?

En 1967, les scientifiques parviennent à mesurer une seconde : elle a une durée équivalent à 9. 192. 631. 770 oscillations de deux niveaux de l’atome de césium9. Ce presque rien devient un chiffre à 10 numéros, un temps milliardaire. On a du mal à penser que l’on puisse perdre une quantité pareille. Voir la vie à travers ces secondes revient à utiliser un verre grossissant. Par exemple, les cent ans que nous commémorons, deviennent un chiffre milliardaire si on les traduit en secondes, cependant ce n’est que le tiers de la totalité des oscillations de l’atome de césium produites en une seconde10.

La plupart de nos contemporains tiennent à mesure le temps avec exactitude. La technologie les aide à combler ce désir. Des amis horlogers m’ont offert un réveil « si précis que l’on peut estimer que dans un million d’années, il n’aura probablement qu’un retard d’une seconde11. Une seconde d’écart en un million d’années suppose 9. 192. 631. 770 oscillations de l’atome de césium en 8. 760 millions d’heures. À ce niveau purement quantitatif, une seconde est tout à fait appréciable : la perdre serait anti-économique, puisque la notion d’économie implique une épargne de travail, de temps et d’autres biens ou services12». Gérer son temps est une façon d’épargner, de gérer la vie avec profit.

Ces pensées, entre autres, me faisaient voir la profondeur de l’affirmation de saint Josémaria : on n’a pas « une seconde » à perdre.

L’estimation économique du temps a toujours été un sujet intéressant, surtout à partir du XVII siècle. Bacon assurait que « le temps est la mesure des affaires13». Face à l’abondance de biens et de services qui circulent actuellement dans les marchés, avec la possibilité de toujours trouver quelque chose qui remplace ce que nous n’y trouvons pas, un manque se fait de plus en plus sentir : le manque de temps.

Par ailleurs, le temps a une importance capitale dans le marché de l’information14, s’il est compris comme le siège ou le milieu social où l’on promeut et l’on réalise la rencontre entre l’offre et la demande de produits et de services d’information. Dans ce marché-là, le temps est une monnaie en cours et sert à fixer le prix de la publicité, ou le montant à payer par les destinataires qui acceptent des produits imprimés ou audiovisuels : lecteurs, auditeurs, spectateurs. C’est grâce au temps accordé par les citoyens qu’on peut produire des programmes de télévision, des éditions de journaux, des émissions de radio. Si les gens n’ignoraient pas le contenu des messages ou n’avaient pas le temps de les lire, les écouter ou les regarder, ce qu’il est convenu d’appeler « moyens de communication sociale » cesseraient d’exister. En synthèse : « ignorance et temps » sont les deux roues sur lesquelles avance ou recule le marché de l’information. Sans toucher au respect de la dignité de la personne, on peut assurer que les professionnels de la communication auront du travail tant qu’il y aura sur terre des personnes avec du temps et ignorant le contenu de leurs messages.

L’estimation financière du temps contribue à comprendre son incidence sur la vie des citoyens. Je prends l’exemple du temps le plus cher à la télévision. Jusqu’à aujourd’hui, le tarif le plus élevé est celui de la chaîne CBS pour le Super Bowl, foot américain, en 2001. Une seconde de publicité, envoyée dans le meilleur créneau, est revenue à 76. 667 dollars USA, c'est-à-dire à 85. 469 euros15. Devant de telles sommes, la seconde acquiert de l’importance, non seulement à cause de ce montant élevé mais à cause de ce qu’il représente dans le calcul du temps des personnes qui le lui accordent. Dans ce sens, on peut dire que le concept audience équivaut à la somme des temps que les personnes consacrent à regarder un espace de télévision.

Au-delà de cette considération économique, tout en ne l’oubliant pas, une seconde est le temps d’un sourire, d’une pensée qui s’envole vers le ciel16, qui pardonne et qui comprend. Toutes les secondes de toutes les minutes, il n’y en a pas deux pareilles, ont une richesse d’éternité, sont un trésor à découvrir et qui remplit la vie. C’est la raison pour laquelle nous sommes touchés par le fait qu’il y a 46 ans, l’homme de Dieu que nous honorons aujourd’hui ait prononcé une homélie qu’il a intitulée Le trésor du temps.

2. Qui non es tu

Le temps fait partie du peu de chose dont disposent, plus ou moins et à la mesure de leur âge, les 6 milliards de personnes qui peuplent actuellement la terre. Tout être humain a vécu une certaine quantité de temps : jusques à quand en aura-t-il encore ? Voilà l’inconnue. Mais, avoir du temps est-ce en être propriétaire ?

J’ai vu sur le bureau d’un de mes amis, un sablier avec une inscription à la base : « Dominum tempus habet, qui non es tu », le temps a un propriétaire qui n’est pas toi. En y pensant, les propos de saint Josémaria me reviennent : « Les temps ne sont pas aux hommes, ecclésiastiques ou pas, les temps sont à Dieu qui est le Seigneur de l’histoire. 17». Cette reconnaissance de la seigneurie divine sur nos jours est très forte lorsqu’il s’agit du marché de l’information où le trafic du temps peut sembler contraire à cette reconnaissance, alors qu’il n’en est rien. On achète et on vend du temps d’émission, vingt secondes pour une publicité commerciale, des vidéos cassettes de quatre-vingt dix minutes, l’abonnement annuel à un quotidien, etc. Tout ce trafic confirme une réalité : l’homme n’est pas propriétaire du temps, il achète un temps dont il n’a pas la garantie absolue de pouvoir s’en servir ; il peut choisir, à partir de cette précarité, comment remplir le temps et lorsqu’il le fait il montre qu’il en est libre.

À quel titre l’homme possède-t-il son temps ? Je suggère cette réponse : en usufruit, pour un délai incertain. L’usufruit du temps vous donne le droit de jouir de ce bien immatériel et l’obligation de faire rendre chaque seconde de jouissance accordée par Dieu. Le temps remplit petit à petit la vie, lui donne une valeur. Pour Sénèque « c’est la plus appréciable de toutes les choses »18, elle peut être élevée à l’infini en puissance, elle est ouverte à la liberté puisque reconnaître le Seigneur du temps est une façon d’être libre. La liberté remplit le temps pour réaliser en plénitude « l’étape du monde que Dieu confie à chacun », sans la gaspiller19, en tirant profit des jours accordés en usufruit à délai fixe et incertain.

Un jour quelqu’un dit à un paysan de presque quatre-vingt ans et avec un grand sens de l’humour : « Les années ne passent pas pour vous, vous êtes en pleine forme ! » D’un regard qui survolait le temps, il a répondu : « merci, merci. Vous avez raison, les années ne sont pas passées, elles sont toutes restées ». Le temps reste en nous, il cumule des bénéfices ou des pertes, la vie ou la mort. On comprend aisément que « lorsqu’un chrétien tue son temps sur terre, il risque de tuer son ciel20». De plus, on ne saurait faire taire une seule seconde de vie car son écho atteint l’éternité. Ainsi, saint Josémaria insiste : « Permets-moi d’insister : ton temps, pour toi ? Ton temps pour Dieu !21».

L’usufruit à délai fixe mais incertain encourage à vivre au jour le jour22, en accordant un prix à la minute nouvelle qui est toujours un trésor en qualité et en quantité puisque Dieu ne nous accorde pas de mauvais temps et ne nous l’enlève pas derrière notre dos23. Pour ceux qui cherchent l’éternité, le début c’est la fin.

3. La conquête du temps

Les considérations antérieures sont utiles au vu du temps libre croissant dont disposent les citoyens et l’offre de biens et de services de l’industrie de la communication pour les aider à bien le remplir. Selon des estimations fiables, en 2004, chaque citoyen des Etats-Unis va affecter aux produits de cette industrie 3. 786 heures, c’est-à-dire, un peu plus de 10 heures par jour et par personne24. Elles seront prises par la télévision, la radio, la vidéo, les CD, Internet, etc. Gérer ces heures-là est une tâche personnelle qui peut faire de ce temps une dépense utile ou inutile, une perte ou un profit ; tout sauf en faire quelque chose d’indifférent.

Parmi les paradoxes de la société contemporaine, il y a l’estimation du temps variable selon qu’elle soit comptée en temps de loisir ou de travail. D’un côté, il y a la demande croissante de réduction du temps de travail hebdomadaire à 35 heures, quantité de temps très élevée si on la compare aux 15 h préconisées par Keynes il y a plus de 70 ans25. Par ailleurs, la complexité de la vie au début du 21ème siècle, provoquée surtout par le temps passé dans les transports, montre bien qu’il faut ajouter au moins 20 heures par semaine pour que la plupart des familles européennes puissent réaliser aisément les tâches du foyer. La marge entre la détente et le travail est subtile, il y a beaucoup de distractions qui font intensément travailler le corps et l’âme ou les deux en même temps.

Une réalité s’impose : comme il est impossible de travailler en dehors du temps, on ne peut pas perdre la moindre seconde, pour la bonne raison « qu’il y a du pain sur la planche »26. La solidarité dans le temps est une solidarité dans le travail, on n’a pas le droit de se sentir propriétaire. Lorsqu’on pense que le travail est à soi et qu’on l’accumule — à moi, à moi, à moi — l’orgueil et l’égoïsme anéantissent la personnalité27. En revanche, le travailleur solidaire profite bien de son temps qui est « non seulement de l’or, mais de la gloire de Dieu ! »28. Tirer profit de quelque chose c’est rentabiliser ce que l’on possède. On peut affirmer avec le poète « qu’on ne conquiert le temps que dans le temps 29». Le temps est rentable pour celui qui court le risque d’aller à sa conquête et de trouver30 les minutes nécessaires qui ajoutent la touche finale au travail. Les minutes sont là, on ne doit ni les inventer, ni les fabriquer, il suffit de les découvrir comme l’on découvre un trésor. C’est une conquête au jour le jour, non pas du lendemain. En effet le fondateur de l’Opus Dei a clairement établi la règle applicable au travail : « Ne laisse pas ton travail pour le lendemain. 31».

La conquête du temps demande de donner un sens à nos journées, à chaque jour, car autrement on court le risque de le perdre. Cette conquête s’éclaire lorsque l’histoire est comprise comme un laps temps que la liberté de l’homme doit meubler. Dans l’ouvrage « Quand le Christ passe », un paragraphe reflète la certitude de l’auteur dans « l’indétermination de l’histoire, ouverte à de multiples possibilités que Dieu n’a pas voulu fermer »32. Cette assurance nous conduit à nous identifier à l’époque dévolue à chacun de nous, entre autre parce que le « monde n’a jamais été meilleur »33, et à être responsable de notre temps, ce « trésor qui s’en va »34; à nous en servir sans qu’il passe comme une ombre35.

Ignorer le sens du temps c’est ouvrir les vannes de l’intelligence pour qu’elle soit envahie de façons de dire, de termes technologiques, fréquemment équivoques. Par exemple, au marché de l’information il est habituel de parler du temps réel — real time— pour évoquer une durée de 2 secondes. Le temps qui dépasse cette durée devient un temps historique — historical time36. Cette classification permet de dire que l’histoire ne commence qu’après ces deux secondes et que le réel n’a que deux secondes de vie. On parle aussi de la différence du prime time, pour le temps d’audience maximale à la télévision, et du day time pour le reste, comme si la journée ne couvrait pas tout le temps. Or si l’on considère la transcendance de la vie, l’on doit dire que tout temps est premier et réel.

Le silence entre aussi en ligne de compte dans la mesure du temps, il a souvent plus de pouvoir que les mots. Une annonce de 20 secondes à la télévision peut comprendre 15 minutes de silence afin d’attirer l’attention sur une image étrangère au produit et seulement 5 secondes pour formuler l’offre de la marque. Le pouvoir du silence est notoire dans le temps car il a la force de le remplir de gloire ou de le tuer.

Tout en ne donnant pas dans le jeu de mots, on doit noter que si, comme le prétend T. S ELLIOT37, le temps est conquis dans un espace temporel, le mot « temporel » a plusieurs sens. En espagnol temporal est un adjectif qui veut dire « durée d’un certain temps » et aussi un nom commun voulant dire tempête, tourmente38. Accélérer le temps revient à provoquer une temporalité tempétueuse qui l’empêche de remplir la vie, d’être un trésor. On ne saurait excuser cette situation39, parce qu’elle est injuste40.

Le temps est un bien immatériel, nous le matérialisons au jour le jour, en le remplissant d’occupations, de travail, de contrariétés, de divertissements, etc. Il est la vie de l’intelligence lorsque la pensée, l’idée ou la donnée, sont stockées dans un texte, dans une image afin de les re-produire par la suite. Matérialiser le temps est une façon d’en tirer profit et de le multiplier, par des travaux où Dieu se rend présent lorsque l’homme dépense ses jours à l’ineffable « travail rédempteur »41.

La dépense de temps est une dépense pure, toutes les autres dépenses en sont une conséquence, découlent de la seconde de vie qui permet de prendre la décision de dépenser. Toute personne dispose d’une quantité de temps à dépenser conformément à la dictée de sa conscience, en plein usage de sa liberté. Pour un chrétien, la dépense de temps n’est pas un versement à fonds perdu, mais un investissement en éternité. Profiter du temps revient à l’investir en plénitude de vie, à tirer un revenu maximum du présent42 qui nous remplit de bonheur, tout en dégustant les déboires naturels de nos journées.

4. Paraboles du temps

C’est au présent que saint Josémaria a vécu et prêché l’Évangile. Il nous recommandait souvent de nous « placer fréquemment parmi les personnages du Nouveau Testament »43, d’y prendre part « comme un personnage de plus »44afin « d’en tirer des conséquences pour la vie actuelle »45. Les références directes au temps sont nombreuses dans l’Évangile46. L’Esprit Saint tient à faire mention des années, des jours, des heures, des après-midi, des nuits, des levées du jour lors du passage du Fils de Dieu sur cette terre. Rien n’est dû au hasard, le temps a donc un sens au regard de l’éternité. L’homélie Le Trésor du temps, fil conducteur de ces réflexions, est imprégnée de passages de l’Évangile. Quatre paraboles y sont essentiellement contemplées47 ainsi que le reproche adressé au figuier stérile. Le temps est partout la trame sur laquelle sont tissés les enseignements du Fils de Dieu et sert à saint Josémaria pour éveiller l’âme de ceux qui l’écoutent ou le lisent.

La parabole des vierges prudentes et des vierges folles (Mt 25) nous encourage à approfondir la nécessité de tirer profit du temps, en veillant sur « les détails y compris dans les actions apparement sans importance 48».

Au marché des services il y a un rapport étroit entre le temps et l’argent. Saint Josémaria commente la parabole de Saint Matthieu, chapitre 20, où le Seigneur parle du royaume des cieux comme d’un père de famille qui, au lever du jour, vient sur le marché du travail et embauche verbalement cinq personnes différentes. Ce brave homme embauche les premiers au lever du jour49; d’autres, à neuf heures du matin50, à midi51, à trois heures de l’après-midi52, et, finalement, à dix-sept heures, au coucher du soleil53. Le prix d’un denier fut convenu avec les premiers, ce ne fut pas le cas pour ceux de la seconde heure, avec lesquels il convint d’un salaire équitable54 et on peut penser que cette clause verbale tacite s’appliquait aussi aux embauchés des autres heures.

À la fin de la journée, il y a une révolution dans la mesure économique du temps : tous touchent la même quantité. D’accord avec la clause du « salaire équitable », le Seigneur du Temps n’apprécie pas tant le résultat du travail que la réalisation humaine et professionnelle du travailleur lui-même. La considération objective cède le pas à la considération subjective du travail « en effet, la charité est le point de départ de toute l’activité du chrétien55».

Le temps est l’élément essentiel pour mesurer la rentabilité dans le marché des biens et des services. Une autre parabole de l’Évangile contemple la situation évoquée ci-dessus. Il s’agit ici de quantités distribuées différentes, alors que le temps est identique pour tous les administrateurs56. Saint Josémaria nous fait remarquer « celui qui creusa un trou et y cacha l’argent de son seigneur57». Il choisit « la commodité de ne rendre que ce qu’on lui avait prêté », « il rend son existence inutile58». Cet enseignement est fait sous le ton du reproche et de la peine : « Comme il est dommage de ne vivre que pour tuer son temps, ce trésor de Dieu !59».

L’idée de la continuité dans le temps au travail permet d’accumuler un prix, fruit de « la fidélité dans l’engagement 60». Il faut résister à la tentation de quitter son occupation professionnelle, « la vigne où le Seigneur nous a placés61», c’est la conclusion de la prédication du fondateur de l’Opus Dei.

L’un des contretemps62notoires que recueillent les Évangiles est celui du figuier stérile dont saint Marc détaille la chronologie63. Il s’agit d’un figuier qui pointe à l’horizon du chemin de Béthanie à Jérusalem. Il était normalement couvert de feuilles car « ce n’était pas la saison des figues64». Cependant le Maître du Temps lui demande des fruits et, n’en trouvant pas, il lui coupe la possibilité d’en avoir à tout jamais. Le sens du temps est-il changé ? À quoi bon ? La réponse de saint Josémaria n’offre aucun doute : « Nous apprenons ainsi qu’il n’y a pas d’excuse à l’inefficacité », qu’il n’est pas permis de se présenter sous l’apparence d’un beau « feuillage65».

C’est un enseignement capital pour saisir l’importance du temps et de l’éternité : le temps doit se plier à ce que Dieu demande, non pas à ce que chacun veut bien donner ; le temps est contretemps lorsqu’il oublie l’éternité.

5. Empressement dans le calme

Actuellement la société de l’information cède le pas à la société du temps. La plupart de nos concitoyens ploient sous l’information mais n’ont pas le temps de choisir et d’opter pour celle qui conviendrait à leur nécessité d’être informés. Le manque de temps devient souvent angoissant et provoque une envie démesurée de sortir du temps qui revient normalement à « ne plus être à sa place66». Ici, maintenant et aujourd’hui, le travail présent en un temps donné pour le remplir de Dieu, est un enseignement constant de saint Josémaria67. Il a vécu au jour le jour, avec l’intensité de celui qui suit les événements sans s’isoler, plongé dans le monde « sans être mondain », avec un réalisme étranger aux lamentations stériles sur le passé et aux chimères d’un futur qu’on ne connaîtra peut-être pas68.

Dans le marché actuel de l’information on a souvent tort de penser qu’en provoquant l’accélération du temps on arrive à vivre plus intensément l’aujourd’hui, le maintenant. On tend à introduire, dans le rapport offre-demande d’information, des éléments, émotionnels surtout, afin accélérer le temps et obtenir des changements rapides dont le zapping est un échantillon : des décisions peu réfléchies sur des biens et des services déterminés.

L’autre conséquence de l’accélération du temps consiste à altérer le cycle naturel de la vie, prétendre rallonger le temps en cours, en « colonisant la nuit » en une « société des 24 heures69», par exemple. Cette façon de voir explique sans doute la tendance à vivre la nuit, comme s’il faisait jour, les week-ends, dans de nombreuses villes d’Europe.

Quantité et qualité sont des notions qui traversent le temps. À Tirano, délicieuse ville du nord de l’Italie, aux frontières de la Suisse, il y a un cadran solaire qui dit : « Horas non numero nisi serenas70», le nombre d’heures qui comptent le temps importent peu si elles ne nous donnent pas la sérénité. En lisant cette maxime, j’ai pensé à une recommandation faite aux étudiants et aux studieux : « Étude. — Obéissance : non multa, sed multum. 71» La sérénité est compatible avec l’intensité ; profiter du temps n’est pas l’accélérer mais le remplir avec des travaux qui visent l’éternité.

C’est à partir de la sérénité d’une vie intense que l’on comprend que saint Josémaria Escriva ait pu jouer avec le temps. Alors qu’il n’a que 30 ans, à peine, il demande à Dieu « quatre-vingts ans de gravité » et il le fait avec « l’ingénuité d’un enfant débutant, afin d’apprendre à prendre le temps, à profiter de chaque minute, à son service72». Lorsqu’il atteint 70 ans, il prétend se passer du zéro pour n’avoir que sept ans et aimer Dieu comme son fils tout petit. On en tire une conclusion : si l’âme entraîne notre corps, la jeunesse et la vieillesse changent de sens.

La main de l’homme peut arrêter le parcours du pendule, ne pas remonter une montre, mais elle ne pourra jamais, sans compter avec Dieu, faire que le soleil s’arrête, lui qui donne le temps. Josué, instrument du Créateur, a obtenu « qu’un seul jour fut égal à deux73». Le mystère du temps s’éclaircira lorsque l’ange dira « plus de délai74». Le temps c’est s’éloigner et revenir au début75, c’est dans ce voyage de retour au commencement que la présence du Christ dans l’Eucharistie prend son sens profond : c’est l’Éternité qui attend depuis vingt-et-un siècles et qui continuera d’attendre jusqu’au terme du temps. Si les meilleures heures de la Rédemption sont celles que le Christ a voulu passer sur terre, avec les hommes, les meilleures heures de la corédemption sont celles que les hommes passent, avec leur intelligence, et leur cœur, près du Tabernacle. On comprend alors que le fondateur de l’Opus Dei ait voulu arrêter le temps, en plongeant dans l’éternité, lorsqu’il pensait à l’Amour de Dieu, à la sainte messe, au point d’assurer que « les pendules devraient s’arrêter76». Il faut arrêter le temps, ne pas vouloir l’accélérer, demander toute l’éternité pour adorer, réparer, remercier ; c’est l’Amour de Dieu qui permet de savourer les secondes avec une intensité de siècles, de temps invisible et éternel77.

Un jour, à Rome, au début des années soixante, saint Josémaria remontait une petite montre de poche, dans un boîtier dont le fermoir comprimait le ressort de la mécanique. Il s’y appliquait, et j’aivu ses lèvres bouger en silence. Il a vu ma curiosité, et, en souriant, il m’a dit que c’était une belle occasion de dire des jaculatoires tout en remontant la montre. Il remplissait de prière la mesure du temps78, avec une sagesse qui lui permettait d’attendre, tout en étant pressé dans son ensemencement d’amour de Dieu : « Dorénavant, ayez hâte d’aimer. 79» C’est parce qu’il était pressé par son envie de servir l’Église et le pape qu’il a assumé le poids de réparer les offenses à Dieu80. Sa vie fut un temps débordant de charité81.

La hâte d’aimer Dieu dans le calme serein de l’âme, ne laisse pas de trous dans le temps, se passe des entractes dans la vie, remplit les minutes qui s’allongent ou s’écourtent dans une joie ineffable. Le soleil et la lune donnent les heures au rythme de l’enseignement de saint Josémaria : « Mon temps ne m’appartient pas, parce qu’il est à Notre Père qui est aux cieux. 82.

1. Amis de Dieu, n° 42. Ce sont des commentaires de l’homélie Le trésor du temps, prononcée le 9 janvier 1956

2. On peut rappeler le texte connu de saint Augustin : « Quid est tempus ? Si nemo ex me quærat, scio ; si quærenti explicare velim, nescio. » Qu’est-ce que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais ; mais si on me le demande et que je veuille l’expliquer, je ne le sais plus. Pourtant, je le déclare hardiment, je sais que si rien ne passait, il n’y aurait pas de temps passé ; que si rien n’arrivait, il n’y aurait pas de temps à venir ; que si rien n’était, il n’y aurait pas de temps présent. » Saint Augustin, Confessions, XI, 14, 17. Garnier, Flammarion, 1964

3. Comme le disent Artigas et Sanguineti, « réellement il est impossible de définir rigoureusement le temps car il en est comme pour d’autres réalités primaires (la quantité, la qualité, etc). Toute définition implique que l’on possède déjà une certaine notion de ce qu’est le temps (l’avant et l’après demandent en fait le temps) » M. ARTIGAS-J. J. SANGUINETI, Filosofia de la naturaleza, Pamplona 1989, p. 287 avec ses citations

4. On trouve, sur un cadran solaire à Tunbridge Welles (Angleterre), la légende suivante : You may wafte but can not stop me » : Tu peux me remonter mais non pas m’arrêter

5. « Pour le christianisme, le temps a une importance fondamentale. C’est dans sa dimension que le monde est créé, dans son cadre que se déroule l’histoire du salut qui s’achèvera à la ‘plénitude des temps’ de l’Incarnation, au terme du retour glorieux du Fils de Dieu à la fin des temps », (Jean-Paul II, Tertio millenio adveniente, 10)

6. « Car mille ans sont à tes yeux comme un jour, hier qui s’en va, une veille de la nuit. (Ps 90, 4) »

7. Il y a peu de descriptions aussi suggestives que celle de l’Ecclésiaste, 3 : « Il y a le moment pour tout, et un temps pour tout faire sous le ciel : un temps pour enfanter, et un temps pour mourir ; un temps pour planter, et un temps pour arracher le plant. Un temps pour tuer, et un temps pour guérir ; un temps pour détruire, et un temps pour bâtir. Un temps pour pleurer, et un temps pour rire ; un temps pour gémir, et un temps pour danser. Un temps pour lancer des pierres, et un temps pour en ramasser ; un temps pour embrasser, et un temps pour s’abstenir d’embrassements. Un temps pour chercher, et un temps pour perdre ; un temps pour garder, et un temps pour jeter. Un temps pour déchirer, et un temps pour coudre : un temps pour se taire, et un temps pour parler. Un temps pour aimer, et un temps pour haïr ; un temps pour la guerre, et un temps pour la paix. »

8. Sénèque l’a déjà dit : « Facilius inter philosophos quam inter horologie convenient » : il est plus facile de mettre d’accord des philosophes que de régler des horloges (Apokolokynthosis. Ludus de morte Claudii, 2, 3)

9. La dernière définition en date est de 1967 et elle fait allusion à la fréquence de résonance de l’atome de césium qui est de 9. 192. 631. 770 Hz. Une seconde est la « durée de 9. 192. 931. 770 périodes de la radiation correspondante à la transition entre deux niveaux énergétiques hyperfins du stade fondamental de l’atome de césium 133 ». En 1997, on précise que la définition fait référence à l’atome au repos et à la température de 0 Kelvin

10. Dans une estimation approximative, les 36. 525 jours écoulés entre 1902 et 2002, font 3. 155. 760. 000 de secondes, équivalant au 34, 31% des 9. 192. 631. 770 oscillations de l’atome de césium

11. Les instructions qui accompagnent ce réveil ajoutent : « Vous avez entre vos mains un réveil et un agenda d’une précision absolue, réglée de façon totalement automatique sur le top horaire de l’horloge la plus précise du monde, transmis par radio. L’horloge la plus précise du monde est la base du temps du césium de l’Institut Fédéral de Physique et Technique de Braunschweig (PTB). »

12. Diccionario de la Lengua Española, Madrid 2001

13. « Time is measure of business », (F. Bacon, Dispatch Essays, 1625)

14. Cf, entre autre, A. Nieto, Time and the Information Market : The Case of Spain, Juin 2000

15. Si l’on ajoute les coûts de production, le montant total de l’annonce de 30 secondes peut atteindre 3 millions de dollars USA, soit 100. 000 dollars par seconde. Le programme a eu une audience moyenne de 133 millions de spectateurs

16. On comprend bien ce que dit saint Jean de la Croix : « Une seule pensée de l’homme vaut plus que l’univers tout entier. Aussi n’y a-t-il que Dieu seul qui soit digne d’elle » Saint Jean de la Croix, Avis et maximes, 32, Œuvres spirituelles de saint Jean de la Croix, Ed. du Seuil, 1947, p. 1183

17. Aimer l’Église, n° 15

18. « Je suis étonné de voir que les gens demandent du temps, et de voir que ceux qui sont sollicités en sont très indulgents. Tous se penchent sur la cause de cette demande, et personne sur le temps lui-même. Comme si rien n’était demandé, comme si rien n’était accordé. L’on joue avec le bien le plus précieux de tous. Il est trompeur parce qu’il est immatériel et méprisé au plus au point parce qu’il ne peut être vu. Que dis-je ? on ne lui accorde aucune valeur », (Sénèque, De brevitate vitæ. Dans Invitation à la sérénité, Madrid 1998, pages 20-21)

19. Amis de Dieu, n° 39

20. Amis de Dieu, n° 46

21. Ibidem, n° 49

22. « Ne te glorifie pas du lendemain, car tu ignores ce qu’aujourd’hui enfantera », (Pr 27, 1)

23. « Viendra le jour, qui sera le dernier, et qui ne nous fait pas peur », (Amis de Dieu, n° 40)

24. V. SUHLER, Communications Industry Forecast. Forecast Summary, July 2000, p. 37

25. Le sujet n’est pas nouveau. Il est intéressant de rappeler les propos de Keynes lors d’une conférence à Madrid en juin 1930 : « For many ages to come the old Adam will be so strong in us that everybody will need to do some work if he is to be contented. We shall do more things for ourselves than is usual whit the rich to-day, only too glad to have small duties and tasks and routines. But beyond this, we shall endeavour to spread the bread thin on the butter –to make what work there is still to be done so be as widely shared as possible. Three-hour shifts or o fifteen-hour week may put off the problems for a great while. For three hours a day is quite enough to satisfy the old Adam in most of us!”, (J. M. KEYNES, Economic Possibilities for our Grandchildren. Essays in persuasion, London 1933, pages 368-369)

26. Nous n’avons pas une seconde à perdre. Je n’exagère en rien. Il y a du travail : le monde est vaste et des millions d’âmes n’ont toujours pas entendu clairement la doctrine du Christ », (Amis de Dieu, n°42)

27. « C’est l’orgueil qui décline continuellement ce moi, moi, moi. . . Un vice qui fait de l’homme une créature stérile, qui anéantit son envie de travailler pour Dieu, qui l’amène à ne pas savoir profiter de son temps. » (Amis de Dieu, n° 47)

28. Amis de Dieu, n° 81

29. « Only through time, time is conquered » T. S. ELLIOT, Cuatro Cuartertos. Burt. Norton, 97, Madrid 1990, page 89

30. « Pourquoi parfois ne trouvons-nous pas les minutes nécessaires pour achever avec amour le travail qui nous incombe et qui est le moyen de notre sanctification ? » (Amis de Dieu, n° 41)

31. Consideraciones Espirituales, Cuenca 1934, p. 7

32. Quand le Christ passe, n° 99

33. Ibidem, n° 123

34. « Le temps est un trésor qui s’en va, qui file, qui coule entre nos mains comme l’eau sur les rochers. Hier est déjà la veille, ce jour-ci défile petit à petit. Tous nos lendemains seront vite autant de veilles » (Amis de Dieu, n° 52)

35. « Oui, nos jours sont le passage d’une ombre » (Sg 2, 5)

36. Signifiés utilisés par l’agence Reuters

37. Cf. note 29

38. Real Academia Española. Diccionario de la Lengua Española. Madrid 2001

39. Amis de Dieu, n° 46 et 52

40 Ibidem, n° 39

41. « … Nous devons nous dépenser tous les jours avec Lui, l’aidant dans sa tâche rédemptrice. Cf. Col I, 24 ». (Amis de Dieu, n° 49)

42. « Nous ne pensons presque point au présent et si nous y pensons ce n’est que pour en prendre la lumière pour disposer de notre avenir. Le présent n’est jamais notre fin : le passé et le présent sont nos moyens, le seul l’avenir est notre fin. Ainsi nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre. Et, en nous disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais » (B. PASCAL, Pensées, 172)

43. Amis de Dieu, n° 126

44. Ibidem, n° 222

45. Ibidem, n° 160

46. Dans l’ensemble des quatre Évangiles, on parle du temps au moins 265 fois.

47. Celle des vierges prudentes et des vierges folles ; celle des ouvriers embauchés par le père de famille ; celle ou le seigneur remet un denier à chaque ouvrier ; celle du propriétaire de le vigne parti dans un pays lointain

48. Amis de Dieu, n° 40

49. Mt, 20, 1

50. Ibidem, 3

51. Ibidem, 5

52. Ibidem

53. Ibidem, 6

54. Ibidem, 4

55. Amis de Dieu, n° 43

56. Mt, 25, 14

57. Mt 25, 18

58. Amis de Dieu, n° 45

59. Ibidem, n° 46

60. Ibidem, n° 48

61. Ibidem

62. Contretemps : accident ou événement impromptu qui dresse un obstacle ou qui empêche les choses de se dérouler normalement. (Diccionario de la lengua española)

63. Mc, 11

64. Ibidem, 13

65. Amis de Dieu, 51

66. « Les gens ont un tel désir de changer de place ! ». (Chemin n° 832)

67. On peut citer ici deux textes de Thomas d’Aquin : « Seul le présent est actuel dans le temps » (S. Th. I. q. 66, a4, ad 5). Seul le présent est du temps réel», (S. Th. I. q. 46, a 3, ad 3)

68. Saint Augustin affirme avec beaucoup d’intelligence et de sagesse : « On trouve, certes, des hommes qui se plaignent du temps présent et qui disent que nos ancêtres en connaissaient de meilleurs. Cependant, si on les plaçait en ce passé qu’ils regrettent, ils se plaindraient aussi. En réalité, le temps passé est bon, parce qu’il n’est pas le tien », (Sermons de Saint Augustin, PLS 2, 441-552)

69. L. KREITZMAN, The 24 hours society, London 1999, p. 5

70. Ce cadran est sur la façade d’un édifice près de la basilique de Notre-Dame-de-Tirano

71. Chemin , n° 333

72. Amis de Dieu, n° 54

73. Si 46, 5 ; Jos 10, 12-14 : Le soleil se tint immobile au milieu du ciel et près d’un jour entier retarda son coucher

74. Ap 10, 5-6

75. « Si le temps n’était que s’éloigner du début, si son orientation finale n’était pas claire — le retour au début, précisément— toute notre existence dans le temps manquerait de direction définitive », (Jean Paul II, Lettre aux prêtres pour le jeudi saint, n° 2, 14 mars 1999)

76. « L'Amour de Dieu pour ses créatures est si grand que, si notre réponse était ce qu'elle doit être, nos montres devraient s'arrêter pendant la Sainte Messe. » (Forge, n° 436 )

77. Saint Paul écrit : « Aussi bien, ne regardons-nous pas aux choses visibles, mais aux invisibles ; les choses visibles en effet n’ont qu’un temps, les invisibles sont éternelles. »(2 Co 4, 18)

78. C’est parce qu’il remplissait le temps de prière, que le temps de saint Josémaria débordait d’offrande de prière pour les autres. En pensant à cette occasion-là, je redonne un sens nouveau à ces vers de Machado : « Donnons du temps au temps : pour que le verre déborde, il faut d’abord l’avoir rempli », (A. MACHADO, Nuevas Canciones, Obras completas, Madrid 1967, p. 905)

79. Amis de Dieu, n° 140

80. On peut bien lui appliquer les deux mots que l’on retrouve sur un planisphère, au Musée du Vatican : « Onerantem æquilibrio », j’équilibre celui qui me grève d’un poids.

81. « Tout le temps d’une existence est bien peu de chose pour élargir les frontières de ta charité. » (Amis de Dieu, n° 43)

82. Paroles finales de l’homélie Le Trésor du temps, (Amis de Dieu, n° 54)

Atti del Congresso internazionale "La grandezza della vita quotidiana", Vol. IV Lavoro e vita quotidiana, EDUSC, 2004.