Pourquoi y a-t-il à Valencia une paroisse dédiée au fondateur de l'Opus Dei ?

DANS LA PRESSE

Une paroisse dédiée à saint Josémaria

C’est bientôt que va être inaugurée la nouvelle paroisse de Saint-Josémaria, que l’archevêque de notre archidiocèse avait érigée le 8 octobre 2002. Pourquoi y a-t-il à Valencia une paroisse dédiée au fondateur de l’Opus Dei ? Tout d’abord parce qu’il s’agit d’un saint universel qui est tout aussi honoré dans sa chapelle en Écosse qu’à Torrent, siège de la conférence épiscopale des États-Unis ou à Elche, et dans d’autres communes de la Vega Baja, au Mexique, à Rome, à Madrid ou à Barbastro. Saint Josémaria a des rues, des places, des émissions philatéliques partout dans la planète. Un séminaire diocésain ainsi qu’un sommet des Andes portent son nom. Et ce bien malgré lui qui disait, comme il me l’avoua en janvier 1975 : me cacher et disparaître, c’est mon lot. Que seul Jésus se montre. Mais l’Évangile dit qu’on ne peut pas cacher une ville bâtie sur une montagne. Et c’est bien le cas des saints.

L’Opus Dei est née comme naquit l’Église elle-même, avec un cœur universel, catholique. « Au bout de tant de siècles, écrivait son fondateur en 1932, le Seigneur veut se servir de nous pour que tous les chrétiens découvrent, en fin, la valeur sanctificatrice et sanctifiante de la vie ordinaire, du travail professionnel et l’efficacité de l’apostolat de la doctrine avec l’exemple, l’amitié et la confidence. » Puis il montrait ensuite, avec une ferme assurance, que Dieu tenait à proclamer « à tous les coins du monde ce message vieux comme l’Évangile et comme l’Évangile, nouveau ». Aussi sommes-nous à même maintenant de comprendre pourquoi il y a une paroisse dans notre ville. C’est en juin 1936 qu’il écrit : « Madrid ?, Valencia… Paris ? Le monde ! » Il venait de noter juste avant : « Je sens que Jésus veut que nous allions à Valence et à Paris. On a déjà entamé une campagne de prière et de sacrifice qui sera le ciment de ces deux maisons. » Son souci de rendre le Christ présent là où travaillent les hommes et les femmes de la planète est comme un élan mystérieux qui le pousse dans le monde alors que, numériquement parlant, l’Opus Dei n’est rien, une douzaine de personnes, bien qu’il compte sur la force du vouloir explicite de Dieu. Et c’est vers notre ville qu’il va lancer sa première expansion.

Voici ce qu’il dit au début de l’une des ses instructions fondationnelles : « Aujourd’hui — à l’occasion des prochaines fondations à Valencia et à Paris, cette instruction s’adresse à ceux parmi mes enfants qui participent au gouvernement des maisons ou centres de l’Œuvre.» Ces directeurs existaient à peine, mais il perçoit prophétiquement déjà le futur que Dieu veut pour l’Œuvre. Ce document est daté du 31 mai 1936 et c’est le 18 juin qu’il écrit : « À Valencia on cherche une maison et très vite on commencera à l’installer. » Il s’était adressé auparavant à mgr Lauzurica, évêque auxiliaire de l’archidiocèse de Valencia : « Je pense aller à Valence dans la deuxième quinzaine du mois d’avril puisque nous ne saurions jamais ouvrir d’académies ni de résidences sans l’agrément de messeigneurs les évêques. »

C’est donc le 20 avril que saint Josémaria arrive à Valencia. Il s’entretient avec mgr Lauzurica et rend visite à la Mère de Dieu. Le lendemain, l’évêque l’invite à déjeuner et Rafael Calvo Serer demande son admission à l’Œuvre. C’est lui qui, par la suite, poussé par sa liberté politique, deviendra un combattant antifranquiste, alors que d’autres membres de l’ Œuvre, jouissant eux aussi de cette même liberté, jamais désavouée par la hiérarchie de l’Église, participaient à ce régime où certains, toujours aussi libres, collaborèrent à l’issue vers la démocratie. Lorsque le 18 juillet 1936 on allait signer le contrat de bail, on apprit que l’Armée d’Afrique s’était soulevée et qu’il y avait des canons à Barcelone. Voici ce que Vazquez de Prada écrit à la fin du premier tome de sa biographie du fondateur de l’Opus Dei : « C’est ainsi que furent brusquement et momentanément interrompus les rêves de l’expansion. »

Ce fut en 1939, à Valencia, qu’il prêcha plusieurs retraites spirituelles à des prêtres et à des laïcs. En même temps, la première édition de Chemin fut imprimée à Gráficas Turia. Finalement, un centre de l’Opus Dei s’ouvrit en dehors de Madrid. Il était si petit qu’on le nomma Le Cubil, (la tannière). Il fut remplacé par la suite par un autre plus vaste situé aussi rue Samaniego. Par la suite les gens et les activités les plus variées se sont succédés. Parmi ces dernières il y a cette paroisse et un centre intégré de formation professionnelle à Orriols, à côté de ce qui est le noyau de la Prélature, à savoir le travail de réaliser l’Église grâce aux activités civiles de chacun de ses membres.

Je termine avec des propos de saint Josémaria qu’il prononça dans l’intimité d’une réunion de famille : « Je regarde Valencia avec une prédilection qui ne saurait offenser aucune autre ville d’Espagne ou d’ailleurs. » Et, après avoir parlé des circonstances que j’ai évoquées, il ajouta : « Ceci étant, on dirait que Dieu notre Seigneur veut que j’aime très spécialement Valencia. » Tout ceci mérite bien notre reconnaissance.

Pablo Cabellos, Vicaire de la délégation de la Prélature de l’Opus Dei à Valencia.Diario Levante, El Mercantil Valenciano, 23 juin 2007.