Réflexion autour de l’écho de la canonisation de Josémaria Escriva dans l’opinion publique internationale

Voici quelques réflexions sur l’écho que la canonisation du fondateur de l’Opus Dei provoqua dans l’opinion publique. Les premiers bilans sont déjà connus, généralement sous forme de recueils d’articles de presse parus çà et là, sur les journées de cet événement. Il ne s’agit pas ici de faire un résumé de tout ce qui fut publié ou de répéter ce que les lecteurs, les spectateurs, les auditeurs, ou les participants à la canonisation connaissent déjà. Le but de ce travail est plutôt de livrer une première vision d’ensemble, au fil des commentaires publiés, dans l’espace et dans le temps, d’esquisser des lignes de réflexion, de relever les tendances et des questions de fond plutôt que des épisodes anecdotiques.

SOMMAIRE:

1. Introduction :

A. Considérations préalables

B. Éléments du contexte

2. Exposé chronologique et thématique :

A. 20 décembre 2001

B. 9 janvier 2002

C. 26 février 2002

D. 6 octobre 2002

E. Après le 6 octobre.

3. Épilogue

1. Introduction

A. Considérations préalables

Le 21 décembre 2002, le pape réunit la Curie Romaine pour les vœux de Noël. Dans son discours, le saint-père évoqua quelques événements significatifs de l’année qui allait s’achever. Il consacra au thème de la sainteté — sommet du paysage ecclésial— les deux derniers paragraphes d’un discours où il rendit grâces à Dieu pour les béatifications et les canonisations de 2002 : celles de Pierre de Saint Joseph de Betancourt, de Jean Diego et des martyrs d’Oaxaca, célébrées au cours de son voyage dans les villes de Guatemala et de Mexico ; ainsi que celles du Padre Pio de Pietrelcina et de Josémaria Escriva de Balaguer, à Rome, qui ont eu, — ajouta le pape—, « un écho particulier dans l’opinion publique (1) ».

Voici quelques pages d’analyse du retentissement dans l’opinion publique de la canonisation du fondateur de l’Opus Dei. On a déjà publié des premiers bilans (2), généralement sous forme d’articles de presse parus dans de nombreux pays et concernant les journées des cérémonies. On ne tient pas à faire un résumé de l’information publiée, ou reprendre ce que les lecteurs, les spectateurs, les auditeurs ou les participants à la canonisation savent déjà. Le but de ce travail est plutôt de dégager une première vision d’ensemble, dans l’espace et dans le temps (3), d’ébaucher quelques lignes de réflexion, d’étudier des tendances et des questions de fond, plus que des épisodes anecdotiques, au fil des commentaires publiés. Pensant qu’il s’agit d’un précédent significatif, on revient fréquemment à la béatification de Josémaria Escriva le 17 mai 1992 et à son écho dans l’opinion publique et on établit les analogies et les différences touchant au traitement de l’information de la canonisation.

Cette ébauche provisoire n’a pas un but exhaustif : on prétend y exposer des interprétations personnelles et formuler quelques hypothèses. Pour analyser à fond cette question il faudra faire ultérieurement une étude attentive des publications, en accord avec la méthodologie propre à ce type de travail, en prenant le temps d’un recul nécessaire (4).

Il est bien connu que ces phénomènes sont difficiles à mesurer et à soupeser, non seulement de par le caractère éphémère, mais aussi parce que leurs contours sont souvent flous. De ce fait, il serait facile de se laisser entraîner par des impressions subjectives, peu fondées, voire même par des partis pris personnels.

De plus, nous nous trouvons devant un événement qui a eu un retentissement dans l’opinion publique internationale : les circonstances d’un pays à l’autre étant très différentes, il n’est pas toujours possible de déceler des traits communs.

Avant d’aborder l’objet spécifique de ce travail, il peut être intéressant de s’arrêter aux éléments qui font partie du contexte de la canonisation de Josémaria Escriva de Balaguer et qui aident à l’interpréter.

B. Éléments du contexte

a) Béatifications et canonisations récentes

Jean Paul II, dans son discours du 21 décembre, a parlé de la canonisation du Padre Pio qui eut lieu le 16 juin 2002. Comme d’autres béatifications et canonisations des dernières années, elle eut un impact considérable dans les moyens de communication. On peut affirmer qu’en gros, elles ont permis que le thème de la sainteté émerge dans l’opinion publique internationale, après un long exil.

Le cas du Padre Pio est éloquent, surtout en Italie où il est l’objet d’une importante dévotion populaire. Dans la patrie du Padre Pio il y a aujourd’hui, plus que jamais, des indices qui confirment notre observation : le sanctuaire de San Giovanni Rotondo est l’un des plus visités d’Europe ; le portrait du saint est partout, dans les coins les plus inattendus du paysage urbain et rural, dans les bus, les bars, les bureaux. Des dizaines de sites internet sont consacrés au Padre Pio, il est sur des cartes de crédit, sur les affiches de championnats de foot. Lors de sa béatification, en mai 1999, les chaînes de télévision ont tenu à être les premières à diffuser leurs propres séries télévisées (5).

Nous n’allons pas esquisser ici le traitement de la canonisation du Padre Pio dans les médias italiens. Cependant, par rapport au sujet qui nous concerne, il faut dire qu’il a été une irruption dans l’opinion publique d’une figure et d’un modèle de sainteté radicale, qui renvoie sans détours au Christ crucifié, aux stigmates, aux miracles, au péché et à la grâce de la confession. Vittorio Messori l’a défini comme « un météore incandescent » qui semble directement venir du moyen-âge (6). Ce phénomène, — à contre-courant, sous de nombreux rapports — attire l’intérêt de monsieur tout-le-monde et vient corroborer ‘la découverte actuelle des valeurs authentiques de ce qu’on appelle la religiosité populaire (7)’ et son retour sans complexes sur la scène publique (8).

Certes, le saint capucin et sa cause n’ont pas manqué de critiques, dès avant même sa béatification. On a vu surgir de vieilles légendes inventées de toutes pièces et des accusations rocambolesques, ainsi que des problèmes réels, comme la difficulté de certains catholiques à comprendre la sainteté spéciale du Padre Pio. Cependant, ces polémiques n’étaient pas trop agressives si on les compare à celles d’autres causes récentes, comme celles d’Edith Stein, de Pie IX et du cardinal Stépinac. On doit maintenant apporter une affirmation qui complète ce qu’on vient de dire sur le Padre Pio et ‘la religiosité populaire émergente’ : les critiques suscitées par certaines canonisations montrent bien que les saints ne sont pas toujours ‘politiquement corrects’ (9) et qu’il y a des divergences, non dépassées, entre ce que propose l’Église et ce qu’offre la culture dominante.

Ces réactions manquent souvent de sérénité. On les retrouve à nouveau à l’annonce de la béatification de Mère Térésa. Apparemment, l’activité de cette religieuse albanaise méritait d’être louée de tous. Cependant, même dans son cas, il y a des attaques. Il est difficile qu’un pan de notre culture applaudisse celui qui prétend que la douleur peut rapprocher du Christ et être une voie de purification et de salut (10). À quoi bon exalter celui qui ne se révolte pas contre une réalité qu’il faut à tout prix bannir ? C’est précisément devant la douleur et la Croix (‘scandale et folie’) que l’on constate encore une fois que le christianisme ne peut pas être homologué. L’Église étant de nos jours sérieusement menacée par le relativisme (11), il se pourrait, après tout, que ces polémiques ne soient pas si négatives, mais le symptôme salutaire d’un dialogue ouvert. Le moment de l’accord n’est pas encore arrivé, mais on n’est plus dans la confusion.

b)Le jubilé de l’an 2000

Le jubilé de l’an 2000 est un autre évènement important qui a marqué presque pendant dix ans l’information internationale. Il est difficile de mesurer les conséquences de cet événement riche en contenu, parmi les catholiques et au-delà des frontières de l’Église. Jean Paul II a voulu, avant tout, qu’il soit considéré sous le regard de la foi, non seulement dans sa conception, mais aussi dans sa finalité : une invitation à poser son regard sur le Christ en cet anniversaire de son Incarnation (12).

Essentiellement, le Jubilé n’a pas été un événement médiatique. Il a certes eu une influence sur les médias à travers des actes d’une grande perceptibilité, mais pour l’essentiel il a eu une portée plus profonde. La lettre Novo Millennio ineunte parle de quelques fruits du Jubilé : il a contribué à accroître l’esprit d’unité et de communion entre les chrétiens (n° 12) ; il a permis que beaucoup de jeunes renouvellent leur désir de participer avec enthousiasme à la tâche d’évangélisation de l’Église (n° 9) ; il a favorisé la perception du mystère du Christ dans la vie des catholiques (n° 5) et il a crée un climat serein et positif dans l’auto-compréhension de ce qu’est l’Église et sa mission dans le monde (n° 15).

Ce dernier aspect est intéressant à développer dans la perspective de l’opinion publique. En effet, l’an 2000 a connu une nouvelle explicitation du message de l’Église concernant les grands problèmes du monde : la guerre, la pauvreté, la famille, la dette extérieure, la violence contre la vie. De plus, les années de préparation du Jubilé ont coïncidé avec la prise de conscience, de plus en plus nette et de plus en plus large, de l’autorité morale de Jean Paul II : cette idée est déjà un consensus ayant aidé à créer dans beaucoup de pays un climat d’opinion publique plus mature par rapport à l’Église.

Sans parler maintenant des mérites personnels du saint-père, nous pouvons cependant évoquer un épisode de sa biographie qui a été à l’origine d’un changement culturel d’incalculable portée : la chute de ce mur de Berlin, qui avait réellement traversé ‘l’humanité dans son ensemble et pénétré dans le cœur et dans l’esprit des personnes, créant des divisions qui semblaient s’être installées à tout jamais’ (13). En résumé, avec la disparition des blocs, l’Église a récupéré non seulement sa liberté, mais aussi son universalité, aussi bien géographique que culturelle et sociale. En reprenant des mots de Jean Paul II, on peut dire que « le monde, fatigué par les idéologies, s’ouvre à la vérité (14) ».

De vieilles dissensions idéologiques ont été dépassées et les propositions de l’Église trouvent un plus grand écho chez tout style de gens (conservateurs et progressistes), pour employer le jargon classique), dès qu’ils se débarrassent de leurs préjugés. Pour ne parler que de l’Italie, les réactions face à la visite historique du pape au Parlement, le 14 novembre 2002, confirment la maturité du nouveau paradigme dans les relations entre les thèmes religieux et politiques : il y a une plus grande maturité, plus de sérénité et plus de respect.

On pourrait croire que les analyses ci-dessus nous ont éloignés de la finalité de ce travail mais il ne faut pas oublier que le journalisme religieux des dernières décennies s’est servi fréquemment des schémas politiques comme d’un outil d’analyse, divisant ainsi l’Église, simplifiant la réalité et rendant le dialogue difficile (15). En fait, l’information religieuse des médias est très marquée par les principes inspirateurs du journalisme, celui-ci étant une profession profondément influencée par les idéologies à caractère politique. Il est donc logique que, dans le domaine de l’information sur l’Église, on apprécie les effets bénéfiques du changement culturel consolidé dans les deux dernières décennies.

2. Exposé chronologique et thématique

Afin de décrire quelques aspects de l’impact dans l’opinion publique de la canonisation de Josémaria Escriva, nous allons suivre l’ordre chronologique des événements, tout en interrompant, avec flexibilité, la séquence linéaire pour traiter des sujets de fond, si le contexte le demande.

On sait que les principaux moments de la dernière phase de la canonisation ont été : la lecture du décret de l’approbation du miracle, le 20 décembre 2001 ; l’annonce de la date de la canonisation, après le consistoire publique ordinaire du 26 février 2002 ; et le jour de la cérémonie, le 6 octobre 2002. Nous ajouterons une quatrième date, le 9 janvier 2002, pour les cent ans de la naissance de Josémaria Escriva, vu le retentissement public de certaines activités organisées à cette occasion.

A. 20 décembre 2001 : décret d’approbation du miracle

Le 29 septembre 2001 circula la première nouvelle publique officieuse . Ce jour-là, les journaux télévisés de RAI-I, puis tous les médias italiens, ont affirmé que la réunion de la commission des cardinaux avait eu lieu. Elle était le dernier pas pour l’approbation du miracle, et donc la voie ouverte à la canonisation. Le vaticaniste qui donnait cette nouvelle, Giuseppe De Carli, affirmait que 2002 serait une année « importante pour l’Église », étant donné l’importance des béatifications et des canonisations qui allaient avoir lieu, en dépit de ceux qui disaient qu’après le Jubilé on entrait dans une période anodine. Ce journaliste avançait concrètement les noms du Padre Pio, de Mère Térésa, de Pie XII et de Josémaria Escriva de Balaguer, les qualifiant de « géants de la sainteté du 20ème siècle (16) »

Peu de temps après, le 4 octobre, le quotidien romain Il Tempo publia une autre nouvelle officieuse : l’identité du miraculé — le docteur Manuel Nevado — et l’histoire de sa guérison. Les mois suivants, les médias italiens prirent le devant de l’information et furent la source d’inspiration d’autres journalistes dans le monde entier. Ceci dit, l’automne 2001 ne circulaient que des rumeurs, et de ce fait, les moyens de communication préféraient s’en tenir aux confirmations que publier des services sans une base solide.

Le 20 décembre, les services informatifs du Vatican informèrent sur la lecture du Décret du miracle, première nouvelle officielle sur l’affaire. La presse italienne et internationale reproduisit alors l’information, avec une ampleur variable. On commença a publier des reportages sur le miracle et la personne guérie (17).

Le 21 décembre 2001, le quotidien La Vanguardia de Barcelone publia une entrevue exclusive au cardinal autrichien Franz Koenig qui exprimait combien le fondateur de l’Opus Dei comprenait la mission des laïcs et d’autres grands sujets du concile Vatican II (18). L’archevêque émérite de Vienne exprimait sa joie pour tous les nouveaux saints et affirmait qu’avec sa canonisation, Josémaria Escriva de Balaguer « appartient au trésor de l’Église ». Cette idée, exprimée très différemment, reviendra fréquemment au fil de l’an 2002 dans la bouche des membres de la hiérarchie et de nombreux catholiques. On pourrait dire qu’elle est l’une des perceptions collectives à l’issue de cet événement. Le cardinal Meisner, par exemple, l’exprimait le 19 janvier, à Cologne, durant l’homélie de la messe à l’occasion du centenaire, lorsqu’il disait que la canonisation était « la déprivatisation » de Josémaria Escriva, qui venait faire ainsi partie du « patrimoine commun de l’Église (19) ».

Marco Tosatti publia un article dans la Stampa de Turin, le 21 décembre 2001, qui résumait l’histoire et l’évolution de l’image de l’Opus Dei dans l’opinion publique italienne les dernières années. Le journaliste pensait, quant à lui, que la prochaine canonisation de Josémaria Escriva ne susciterait pas de polémiques (20). Les faits ont confirmé les pronostics de ce journaliste de Turin. Il s’est lui–même demandé pourquoi il y avait eu cette évolution de l’opinion publique et a convoqué deux réunions de presse le 26 février et le 3 octobre. Au fil de ces pages nous publions des données et des avis qui répondent, en partie, à cette question.

B. 9 janvier 2002 : Centenaire

Le 9 janvier 2002, quelques jours après la lecture du Décret, on fêtait le centenaire de la naissance de Josémaria Escriva de Balaguer. À cette occasion, des activités en tout genre, conférences, expositions, séminaires, publications, ont eu lieu partout dans le monde.

À Rome, du 8 au 11 janvier 2000, on a convoqué un Congrès général sur « La grandeur de la vie ordinaire », organisé par l’Université de la Sainte-Croix, qui a rassemblé des professeurs et des professionnels de toutes les latitudes et de spécialités très diverses, afin de réfléchir sur l’un des thèmes centraux des enseignements de Josémaria Escriva. Le Congrès a attiré l’attention des médias italiens (21) et des correspondants étrangers qui ont souligné la présence de représentants de plusieurs confessions religieuses (22), tout comme celle des leaders politiques ou sociaux de différentes tendances.

Le Congrès de Rome et les autres activités du centenaire n’avaient pas un but exclusivement commémoratif (23), mais voulaient aller au-delà, afin de tirer profit de cet anniversaire pour étudier les enseignements de Josémaria Escriva, considérer leurs applications, analyser le sens de ces idées maîtresses, que sont « la sanctification du travail », « la grandeur de la vie ordinaire », « la suite du Christ au beau milieu du monde », et d’autres qui sont devenues le langage courant des chrétiens. On peut dire de même pour ce qui est des activités organisées autour de la canonisation qui ont toujours été, elles aussi, une invitation à la réflexion (24).

Dans le bilan que dresse le Messaggero de Rome, après la canonisation (7 octobre 2002), Orazio Petrosillo affirme que « depuis hier, l’autorité de l’Église s’est appropriée des lignes stratégiques de l’apostolat dans les milieux professionnels et de sanctification du travail. Jean Paul II a incorporé à son magistère, de la façon la plus solennelle et engageante, le programme de ce prêtre espagnol ». Il continue plus loin : « Les choses de tous les jours, le travail, la profession, doivent être faits en quête de la perfection car la valeur du travail tient à ce qu’on le fasse correctement afin de servir les hommes et l’offrir à Dieu ». Ces propos pourraient aussi résumer une autre tendance qui s’est dégagée depuis le début 2002 : on s’attache aux idées et on adopte une attitude de réflexion sereine.

Parmi les sujets analysés à l’occasion du centenaire, on doit en retenir particulièrement un : les conséquences sociales de la sanctification du travail. Cette question a été le sujet central du colloque qui eut lieu à Naples, le 13 octobre 2001 (25). Dans tous ces événements les intervenants ont rappelé que le fondateur de l’Opus Dei voyait le travail « comme un service dévoué qui n’avilit pas mais qui éduque, qui élargit nos cœurs et nous conduit à chercher la dignité et le bien des gens dans tous les pays ; afin qu’il y ait de moins en moins de pauvres chaque jour, de moins en moins d’ignorants, d’âmes sans la foi, de guerres, de moins en moins d’insécurité, de plus en plus de charité et de paix (26) ».

Afin de consacrer des journées d’étude aux questions évoquées, la commémoration du centenaire eut aussi un côté pratique. En effet, à l’occasion de cet anniversaire, en souvenir et en hommage à Josémaria Escriva de Balaguer, des gens ont promu dans quelques pays des initiatives sociales de service. Au fil de l’an 2002, on a vu surgir des hôpitaux pour paysans, des écoles de formation professionnelle et des centres d’accueil pour émigrants et personnes âgées au Nigeria, en R.D du Congo, en Espagne, au Guatemala, au Venezuela, en Colombie et en Uruguay (27).

On peut faire le rapprochement entre les projets cités et Harambee 2002 directement rattaché à la canonisation : tous ont la même source d’inspiration, à savoir les enseignements du fondateur de l’Opus Dei. Ce projet, promu par le Comitato Organizzatore des actes de la canonisation et présidée par Mama Ngina Kenyatta, visait essentiellement à créer un fonds pour financer des projets d’éducation en Afrique subsaharienne, avec les dons des participants à la canonisation et de toutes les personnes souhaitant s’unir à eux (28). Harambee 2002 a trouvé la réponse généreuse de beaucoup de monde, d’institutions et d’entreprises (29) et il a eu un grand retentissement dans les médias qui ont couvert les actes du 6 octobre. Ces projets de service sont des fruits concrets des événements de l’an 2002 et ils montrent bien la portée de l’application du message du nouveau saint aux domaines du développement culturel et social.

Pour revenir au 9 janvier, il faut souligner une donnée significative d’opinion publique : la qualité des informations publiées par les médias d’inspiration chrétienne. Le rapport serait long (30). Nous renvoyons ici à l’article de John L. Allen, correspondant à Rome du National Catholic Reporter, des Etats-Unis, le 9 novembre 2001 (31) et aux deux collaborations d’Annabel Miller dans The Tablet, le 10 et le 17 novembre 2001 (32). Ces textes résument le processus qui s’est reproduit tout au long de ces derniers mois. Comme la canonisation de Josémaria est une nouvelle, les journalistes décident de faire des recherches, à partir d’un préjugé initial contre l’Opus Dei qu’ils ne connaissaient que par référence. Leur travail les met en rapport avec des personnes et des centres de la Prélature et avec d’autres sources de tendances diverses. Au bout de leurs recherches, ces journalistes conviennent que la réalité qu’ils ont connue ne répond pas aux stéréotypes. Allen, en s’adressant à ses collègues, affirme qu’il est incongru d’alimenter des préjugés : « Plus que diaboliser l’Opus Dei, les progressistes ont besoin d’approfondir leur réflexion théologique sur les sujets clés du catholicisme (33) ».

Les exemples cités montrent l’intérêt pour les enseignements de Josémaria Escriva de Balaguer. Durant 2002, beaucoup de journalistes catholiques ont approfondi leur connaissance, comme leurs articles le montrent bien. Et ceci ne s’est pas seulement passé avec les journalistes, mais aussi avec d’autres personnes, des théologiens, par exemple. En voici un cas précis.

Quelques intellectuels allemands ont décidé de commémorer le centenaire en éditant une collection d’essais, à caractère interdisciplinaire, avec des témoignages et des réflexions sur la vie et les enseignements du fondateur de l’Opus Dei. Parmi ces collaborations, on trouvait celle de l’évêque de Bâle, Mgr Koch. Un journaliste eut vent de la nouvelle et critiqua l’intervention de cet évêque et théologien, ce qui permit à mgr Koch d’exposer publiquement et sans mâcher ses mots, les raisons pour lesquelles il avait décidé de participer à ce projet d’édition. Dans son article (34), mgr Koch rappelle qu’en 1992 il avait publiquement émis des réserves sur Josémaria Escriva et sur l’Opus Dei qu’il ne connaissait qu’indirectement à l’époque. Peu de temps après, ayant lu les textes de Josémaria Escriva, il a voulu connaître personnellement des fidèles de l’Opus Dei. Cette nouvelle donne explique son changement d’avis et son estime actuelle pour le futur saint. Mgr Koch en conclut que c’est un tort que de juger sans connaître, et une joie que de rectifier.

On ne s’arrêtera pas ici à étudier les mécanismes de l’opinion publique qui agissent dans l’information sur l’Église et les catholiques. Mais il n’est pas hasardeux de dire que les grands moyens de communication ne s’intéressent aux phénomènes à caractère religieux que dans certaines circonstances. La division interne est l’une des situations qui fait que les sujets religieux deviennent des hard news . Comme dans d’autres domaines, sans conflit il n’y a pas de nouvelle, pourrait-t-on dire en simplifiant. Au contraire, les conflits intérieurs finissent par faire la une des grands quotidiens. Dans le cas qui nous concerne, la quantité et la qualité des articles publiés dans les médias catholiques du monde entier ont crée un climat serein par rapport à la canonisation de Josémaria Escriva.

C. 26 février 2002 : Consistoire

Le 26 février 2002, dans un consistoire public ordinaire, le pape annonça les dates de plusieurs cérémonies et confirma que Josémaria Escriva de Balaguer serait canonisé le 6 octobre. L’On guettait d’autres dates de canonisations : celle du Padre Pio, fixée au 16 juin et celles que Jean Paul II avait prévu de célébrer à l’occasion de son voyage en Amérique.

Pour ce qui est de Josémaria Escriva, certains médias ont recueilli les réactions de différentes personnalités face à la nouvelle : des cardinaux, des évêques de différents pays, le postulateur de la cause de Mère Térésa de Calcutta, Giancarlo Cesana (Communion et libération), Carla Cotignoli (Mouvement Focolari) et un représentant de l’Action catholique italienne, pour n’en citer que quelques uns (35).

Le 26 février, dans une conférence de presse, mgr Flavio Capucci, postulateur de la cause de canonisation de Josémaria Escriva, lut quelques messages envoyés par des supérieurs de couvents de clôture, coopérateurs et coopératrices de l’Opus Dei, à l’occasion de la canonisation. L’un de ces textes peut très bien résumer nos propos : « Nous nous réjouissons de la prochaine canonisation du bienheureux Escriva, convaincus que nous sommes qu’il s’agit d’un don pour toute l’Église.(36) » Lors de cette conférence de presse, Sœur Fernanda Barbiero, professeur de théologie, a participé à la présentation d’un livre (37) qui recueille des témoignages de prêtres, de religieux, de religieuses ayant connu Josémaria Escriva et qui se portent garants de la sainteté de sa vie. La religieuse italienne a exposé les raisons pour lesquelles elle pense que l’exemple et le message du fondateur de l’Opus Dei peuvent aider les catholiques à suivre le Christ, chacun sur son propre chemin.

À partir du 26 février, la décision du pape de canoniser Josémaria Escriva de Balaguer ayant été confirmée et la date de la cérémonie connue, l’intérêt des médias faiblit logiquement pendant quelques mois. Il renaîtra avec force à l’approche du 6 octobre.

Mais cette tendance générale a connu des exceptions puisque entre mars et septembre on a publié quelques nouvelles, en rapport avec le centenaire essentiellement. Nous n’en citerons qu’une : la présentation dans plusieurs villes d’Espagne de l’édition critique-historique de Chemin (38), préparée par le professeur Pedro Rodriguez. Cet ouvrage est le premier volume de la série « Œuvres complètes », dont s’occupe l’Instituto Histórico Josémaria Escriva », érigé par le prélat de l’Opus Dei le 9 janvier 2001 (39). Cet institut est un centre de recherche de niveau international qui promeut les « études historiques sur le bienheureux Josémaria et d’autres travaux scientifiques (théologiques, canoniques, pédagogiques, etc.) concernant son esprit et ses enseignements et les apostolats entrepris sous sa conduite directe ou indirecte (40) ».

La publication de ce livre est un événement important aux effets de l’opinion publique aussi. Les chroniques des présentations, les articles spécialisés ont permis une meilleure connaissance de l’auteur de Chemin, qui, avec à peu près cinq millions d’exemplaires vendus, peut être considéré non seulement un best-seller mais aussi un long-seller (42). L’édition critique-historique est un apport fondamental pour connaître la genèse du livre, l’itinéraire spirituel de son auteur pendant qu’il l’écrivait, le lien du processus de création littéraire avec le dynamisme apostolique des premières années de l’Opus Dei.

D’autres considérations mises à part et compte tenu que nous devons nous limiter au sujet de la canonisation et à son incidence dans l’opinion publique, il faut signaler que le livre du professeur Rodriguez est un approfondissement sans précédents de la figure de Josémaria Escriva, grâce à la valeur des sources consultées, à la clarté des textes et des documents et à la méthode scientifique du travail.

Dans cet ouvrage, la personnalité du nouveau saint ouvre des perspectives nouvelles au lecteur. Les joies, les croix, les doutes, les influences, l’amour de Dieu et du prochain de Josémaria Escriva pointent partout. Tout, non seulement l’auteur, mais aussi sa pensée et Chemin, son ouvrage, est présenté de façon nouvelle, même pour quelqu’un qui pourrait le connaître par cœur. Très souvent, Rodriguez, dévoilant le contexte d’un texte, voire même les commentaires de l’auteur lui-même, permet de saisir son sens exact. Ce qui, pour d’aucuns, n’était qu’une série de conseils devient un précieux recueil d’expériences, dont Josémaria est le premier à tirer les leçons. Paradoxalement, cette édition critique-historique qui pourrait être l’édition la plus froide de Chemin, est celle qui découvre le mieux la profonde humanité et la sainteté sublime du fondateur de l’Opus Dei (43). Il est logique de déduire qu’à mesure que ce type de travail voit le jour, avec une méthodologie scientifique et une base documentaire, la figure de Josémaria Escriva sera connue avec un recul historique plus grand. Dans le domaine de l’opinion publique, ce type de publications contribue à élever le niveau du discours et à dépasser des débats au contenu appauvrissant.

Quelques stéréotypes qui forçaient la réalité historique (44) sur la personne et les enseignements de Josémaria Escriva ont trouvé encore une place autour du 6 octobre (45). Pour en résumer le contenu on peut dire que : a) il y en eut peu par rapport aux nombreuses informations qui ont profondément reflété le cœur de son message ; b) ce furent surtout des affirmations non fondées sur des questions historiques (relation supposée avec le régime de Franco, avis sur le nazisme et d’autres de ce type, qui étaient parfois réellement grotesques) clairement démenties par les témoignages et les documents ; c) il s’agissait fréquemment de redites du contenu de vieux reportages (46) ; d) diffusées parfois par les bureaux d’agences internationales qui avaient recyclé du matériel d’archives, sans analyser la nouvelle actuelle.

C’est précisément dans ce domaine qu’il faut déceler une autre perception collective des plus notoires de l’an 2002. Un journaliste italien a observé « qu’au fil des temps, certaines émotions se sont émoussées (47) ». Et une revue espagnole, faisant allusion aux précédentes critiques, a affirmé « qu’il ne reste presque plus rien de tout cela (48) ». C’est sans doute un peu exagéré, mais, en tout cas, on peut pronostiquer que les résultats des recherches des historiens aideront à ne pas tomber dans des simplifications et dans des réductionnismes.

D. 6 octobre 2002 : Cérémonie

Presque un an après les premières nouvelles officieuses, la canonisation occupe le premier plan. En Italie, les médias ont montré un intérêt encore plus grand qu’en 1992 : la nouvelle a été considérée « un grand événement (49) ». Les autorités ont tout fait pour faciliter l’organisation en tous ses aspects. La mairie de Rome a convoqué une conférence de presse le 30 septembre, afin d’informer les citoyens sur les détails de l’organisation de la cérémonie : trafic, services publics, transports, accueil, sécurité et autres. Le maire a déclaré alors « nous sommes fiers de collaborer à un événement de cette portée (50) ».

Durant la première semaine d’octobre, les médias italiens ont consacré de grands espaces aux préparatifs (51). Entre autres, on peut souligner les services des journaux télévisés de la RAI ; les informations des autres chaînes de télévision ; et les fréquentes dépêches des agences ANSA et ADN-Kronons. Côté télévision, le programme « Porta a porta » consacré à la canonisation eut un grand retentissement (52). Dans le domaine de la presse, le quotidien romain Il Tempo consacra une série de reportages au nouveau saint et édita un tiré à part le 6 octobre avec des déclarations, des entrevues et surtout le texte de la lettre que le prestigieux journaliste Indro Montanelli, déjà décédé, avait écrite en 1978 à Paul VI lui suggérant d’ouvrir le procès de canonisation du fondateur de l’Opus Dei.

Quant aux nouveautés des éditoriaux, il faut souligner la petite biographie d’Andrea Tornielli, présentée à Rome le 4 octobre, en présence du cardinal Saraiva, préfet de la Congrégation pour les Causes des saints (53).

On ne peut pas résumer ici l’impact de la nouvelle dans le monde entier, tellement son ampleur est variée. Nous ne pouvons que faire une allusion à la couverture télévisuelle. Quelques chaînes de télévision ont transmis la cérémonie via satellite : RAI et RAI-International (54) ; Telepace ; EWTN ; Television Española, avec son canal international. De leur côté, 40 chaînes de télévision de différents pays, y compris l’Afrique, ont transmis la cérémonie en direct ou en différé.

On ne peut pas ne pas parler ici du travail du Bureau de presse de la canonisation (55). Et surtout du principe inspirateur de la stratégie du Bureau pour ces mois-ci : faciliter le travail des journalistes le plus possible. Entre septembre 2001 et octobre 2002, on a reçu des milliers de demandes d’information, au fil des événements. Le Bureau de presse a répondu grâce à deux types d’actions :

a) tout d’abord, avec une information abondante sur chaque démarche : le miracle, la cause, la cérémonie, les participants. En contact avec les comités organisateurs de la canonisation, le Bureau de presse a recueilli des déclarations, des entrevues, des nouvelles, des statistiques et des données servant de base au travail des informateurs. Une partie de ce matériel, distribué personnellement ou à travers des communiqués, a été ensuite mis à la disposition du public sur internet (56).

b) puis en étant totalement disponibles aux demandes spécifiques des journalistes. En plus des articles, déclarations et entrevues du prélat de l’Opus Dei, il y a eu quatre conférences de presse pendant l’année (57) avec la participation, selon les cas, du postulateur de la cause de canonisation (mgr Flavio Capucci), le porte-parole de la canonisation (l’écrivain italien Marta Manzi) et d’autres personnes. Cette disponibilité s’est intensifiée durant les jours de la canonisation : plus de 300 journalistes du monde entier ont fréquenté le bureau de presse ces jours-là.

Les chroniques de la cérémonie de canonisation ont insisté sur : le nombre des assistants (58), la dévotion à l’Eucharistie (59), la présence de jeunes (60), l’internationalité, la bonne organisation (61) qui étaient le reflet d’une motivation plus profonde.

Avec les chroniques, on a publié, autour du 6 octobre, des articles de fond élaborés par des journalistes spécialisés, qui développaient quelques aspects de la perception de l’Opus Dei et de son fondateur dans l’opinion publique. On retient celui d’Henri Tincq dans Le Monde (62), celui de Joachim Fischer dans Frankfurter Allgemeine Zeitung (63), celui de Jacek Moskwa en Rzeczpospolita (64), et Frank Bruni dans le New-York Times (65). Il s’agit d’articles avec un dénominateur commun quant aux appréciations qui coïncide avec les grands sujets notés avant par les médias catholiques (66). Henri Tincq conclut que le dépassement des préjugés du passé permet à l’Opus Dei de « donner sa mesure et de répondre à l’appel de son fondateur : rechristianiser la société et aider le chef d’entreprise, l’étudiant, le jeune émigré, à défendre les valeurs de la tradition chrétienne, en leur offrant des moyens de formation, des retraites, des temps de prière et des pratiques de piété (67) ».

E . Après le 6 octobre

a) un cas controversé

En Italie, et probablement en général, le seul sujet qui provoqua des controverses ce fut la présence d’un homme politique de gauche très connu, Massimo d’Alema, à la cérémonie de la canonisation. Le 7 octobre, le journal La Repubblica publia des déclarations du président des Democrates de Gauche, où il reconnaissait l’importance de la canonisation de Josémaria Escriva. Il exprimait son respect pour l’Église catholique et suggérait que toutes les formations politiques devaient apprendre à se mesurer avec les réalités religieuses (68). Les réactions à ces propos ne se sont pas fait attendre. Les unes montraient du respect pour la prise de position et pour les convictions d’Alema (69), les autres montraient leur perplexité et leur déception (70).

Après de nombreuses références et de commentaires d’hommes politiques et de journalistes, Massimo d’Alema repris le sujet dans une autre entrevue, à l’occasion de la présentation d’un livre (71). Il avait auparavant montré son étonnement par rapport au « sectarisme et à la haine » latents sous certaines réactions. Il voulut alors ajouter une donnée évidente que ces critiques avaient oubliée : l’Église, et l’Opus Dei à l’intérieur de l’Église, comptent sur des personnes à la pensée politique très variée, qui, pour la plupart, ne se reconnaissent pas dans les modèles proposés par les partis de droite. À ce propos il faut souligner que la présence à la canonisation d’autres dirigeants politiques de gauche (pour utiliser la terminologie courante) n’a pas crée de polémiques. Encore moins le fait qu’il y ait eu à la canonisation des adhérents à de partis notoirement plus à gauche que les Democrati di Sinistra.

Analyser la portée de cette petite polémique serait très intéressant, mais il faudrait quitter le cadre de ce travail, changer de registre et raisonner en termes de débat politique. Cependant, avec le point de vue de l’analyse d’une nouvelle à caractère religieux, nous pouvons rappeler le changement culturel des dernières années, mentionné plus haut (72). D’aucuns ont cru trouver un style nouveau dans l’article d’Eugenio Scalfari, dans la revue L’Espresso. Ce journaliste vétéran, après avoir donné son impression favorable devant « le spectacle » de la place Saint-Pierre, exprime son avis personnel sur les causes de canonisation. « Nous, laïcs (74), nous ne croyons pas aux miracles […] ni aux interventions surnaturelles, quelles qu’elles soient, ni aux corps, ni aux âmes, quel que soit le sens que l’on donne à ce mot. Autrement, quels laïcs serions-nous ? Cependant nous respectons celui qui croit ». Il ajoute : « Que Josémaria Escriva ait été un homme saint, comme l’a été le Padre Pio, il n’y a rien à redire. Un homme saint, je lui tire mon chapeau ! : dommage qu’il n’y en ait pas plus comme lui. (75) »

En définitive, une partie du nouveau climat de l’opinion publique vis-à-vis de l’Église consiste précisément à exercer avec allant l’art de la divergence, bien plus difficile et raffiné que l’art de la coïncidence. On pourrait se permettre ici de compléter la fameuse expression de Tertulien (« on cesse de haïr quand on cesse d’ignorer »), en ajoutant que « l’on commence à dialoguer quand on commence à respecter ».

b) une histoire personnelle

Le décès de Leonardo Mondadori, le 13 décembre, a eu un retentissement extraordinaire dans l’opinion publique italienne (76). Éditeur consacré, d’une famille très connue, amoureux des livres et de l’art, chef d’entreprise aimé de ses collaborateurs et de ses employés, Mondadori avait récemment écrit un livre avec Vittorio Messori qui annonçait le contenu à partir de son titre : « Conversion ». Début décembre, on en avait déjà vendu 100.000 exemplaires.

Mondadori raconte dans ce livre le changement radical que la rencontre avec Chemin avait produit dans sa vie en 1992, précisément. Dans le contexte de la béatification de Josémaria Escriva, la maison d’édition qu’il dirige étudie la possibilité de publier l’ouvrage le plus vendu du fondateur de l’Opus Dei. De ce fait, l’éditeur milanais lit ces pages. Un processus de conversion personnelle, plus lente que renversante, est amorcé. La foi chrétienne remplit petit à petit la vie de ce chef d’entreprise prestigieux qui sentait que quelque chose d’important lui faisait défaut. Chemin entre ses mains, il découvre que la foi en Jésus-Christ et en son Église le concerne et il commence à s’y intéresser. Ainsi l’Évangile, les Commandements et les Sacrements ont petit à petit transformé sa vie. Puis vint la maladie. Quelques semaines avant la canonisation, alors qu’il pressentait sa mort prochaine, Léonard Mondadori voulut donner son témoignage personnel sur ce saint qui l’avait conduit aux portes de la foi (77).

La période entre 1992 et 2002 fut très importante pour Léonard Mondadori. Son attitude vis-à-vis de la foi changea du tout au tout dans ces dix années. Des histoires comme la sienne rappellent ce que nous dit le pape : « La force de l’Église, en quoi consiste-t-elle ? Bien évidemment, la force de l’Église, en Orient et en Occident, à travers les siècles réside dans le témoignage des saints qui ont fait de la vérité du Christ leur propre vérité. (78) »

3. Épilogue

Nous avons commencé ce travail en citant Jean Paul II dans son discours à la Curie le 21 décembre 2002. Nous pouvons le conclure avec d’autres propos du saint-père durant l’homélie de la Messe du 1er novembre 2002, solennité de la Toussaint. Ce jour-là, le pape a parlé des nouveaux saints canonisés tout au long de l’année : « En pensant à ces témoins lumineux de l’Évangile, nous rendons grâces à Dieu, « source de toute sainteté », pour les avoir offerts à l’Église et au monde ». Et d’ajouter, plus loin : « Avec leur exemple, ils montrent que « tous les fidèles, comme nous l’enseigne le concile, sont appelés à la plénitude de la vie chrétienne et à la perfection de la charité « (Lumen Gentium, n° 10), en visant « ce haut degré » de la vie chrétienne ordinaire (cf. Lettre apostolique Novo Millennio ineunte, n° 31) (79) ».

Ces propos éclairent puissamment les fruits que Jean Paul II attend de toutes les canonisations. D’un autre point de vue, ils répondent à la question que beaucoup se sont souvent posée : pourquoi ce pape procède-t-il à tant de béatifications et de canonisations ? En proclamant des saints et des bienheureux, le pontife romain nous invite à imiter Jésus-Christ, seul Modèle ; il confirme qu’on peut atteindre la sainteté, aujourd’hui, aussi ; ainsi, il nourrit l’espérance des catholiques et promeut dans le monde une semence de charité. Faut-il encore d’autres raisons ?

Notes

(1) Vatican Information Center, Roma 21 décembre 2002

(2) Cf., à titre d’exemple, Osservatorio Comunicazione e Cultura, n° de novembre 2002, pages 17-18 ( Bulletin édité par l’Ufficio Nazionale di Comunicazione Sociale de la conférence épiscopale italienne), Rome, novembre 2002.

(3) Les sources journalistiques et documentaires (1992-2002) de nombreux pays sont celles du Département de Communication de la Prélature de l’Opus Dei à Rome.

(4) Nous finissons de rédiger cet article, le 6 janvier 2003, trois mois seulement après la canonisation.

(5) Les téléfilms ont battu le record absolu de l’audimat de la télévision italienne dans ce genre : Canale 5 a eu 50% d’audience et la RAI l’a dépassé ensuite, à des heures de grande audience.

(6) Corriere della Sera, 30 décembre 2002.

(7) Jean Paul II, Entrez dans l’espérance. Plon-Mame. Paris 1994

(8) Pour un expert en communication, la présence d’expressions comme ‘béatification’, ‘nécessité d’être saint’, et d’autres semblables sur des panneaux publicitaires est vraiment étonnante. Sans doute, les publicistes ne prétendent pas être des catéchistes, mais ils saisissent au vol des termes nouveaux, non galvaudés et les incorporent tout de suite à leur lexique professionnel.

(9) Cf. Diego Contreras, Aceprensa, n° 14/02 du 30 janvier 2002.

(10) Cf. Giovanna Zucconi, “Dio mi sta baciando ? Per favore, digli di smettere” dans la Stampa, 17 décembre 2002.

(11) Cf. Il sale della terra, ( Le sel de la terre) entrevue de Peter Seewald au cardinal Joseph Ratzinger, Rome 1997, p. 153

(12) Sur le Jubilé. Cf. les Lettres apostoliques Tertio millennio adveniente qui en explique le sens et Novo Millennio ineunte, qui en fait le bilan et tire des conclusions d’un grand intérêt.

(13) Jean Paul II, Message pour la journée mondiale de la paix, le 1er janvier 2003, n°1.

(14) Entrez dans l’espérance, Plon-Mame, Paris 1994.

(15) De fait, ces questions ont été largement traitées par plusieurs commentateurs lors de la canonisation de Josémaria Escriva et à propos de la perception de l’Opus Dei dans l’opinion publique : cf. par exemple, « Opus Dei comes in from the cold », éditorial du Catholic Herald le 18 janvier 2002 ; Rodolfo Brancoli, « Il fantasma dell’Opera », Liberal, juin-juillet 2002 ; John L. Allen, « Incomprehensions about Opus Dei », National Catholic Reporter, 11 octobre 2002 et Michael W.Higgins, « Polarizing tendencies afflict Catholicism », The Toronto Star, 9 novembre 2002.

(16) À ce moment là (septembre 2001) avaient déjà eu lieu la canonisation de Giuseppina Bakhita, béatifiée avec Josémaria Escriva de Balaguer en mai 1992, la béatification de Jean XXIII et d’autres béatifications et canonisations réalisées en des temps relativement brefs, en application de la législation en vigueur depuis 1983. Le procès de Mère Térésa se faisait très rapidement, avec la dispense de certains intervalles. Le nombre et la renommée de ces cas expliquent que certaines critiques faites à cause de cela en 1992 à la cause de Josémaria Escriva ne se soient pas reproduites.

(17) Cf. par exemple, le 20 décembre 2002 même, l’entrevue au Docteur Nevado émise par la RAI ; une autre plus longue publiée par Famiglia Cristiana ; et le long article de V. Messori, dans le Corriere della Sera. Le site internet www.opusdei.org offrait des déclarations en vidéo de ce médecin espagnol et de quelques témoins de son cas. Il est encore possible de consulter ce lieu d’information diffusée depuis le 20 décembre.

(18) Dans ce sens, parmi d’autres, l’archevêque de Westminster, feu le cardinal Basil Hume, disait en 1998 dans une messe d’action de grâce pour le 70ème anniversaire de la fondation de l’Opus Dei : « Le fondateur de l’Opus Dei a compris qu’il devait encourager des hommes et des femmes de tout type et condition sociale à chercher la sainteté et à faire l’apostolat en plein dans le monde, dans l’exercice de leur métier, sans avoir à changer de place. Il ne faut pas changer sa façon de vivre, mais son propre cœur. Ce message d’il y a soixante dix ans a précédé le Décret du concile Vatican II sur la mission des laïcs dans le monde ». Ces propos du cardinal Hume ont eu un retentissement dans l’opinion publique du Royaume Uni : cf. Annabel Miller, « Muscular Catholicism », dans The Tablet, 17 novembre 2001.

(19) La présence, à la cérémonie de la canonisation, de plus de 400 évêques et de nombreux supérieurs de congrégations religieuses, de représentants de mouvements, d’associations et d’autres réalités de l’Église fut la confirmation de cette perception collective.

(20) Tosatti affirmait que Maria del Carmen Tapia qui, en 1992, avait exprimé très souvent qu’elle désapprouvait la béatification, venait de déclarer maintenant qu’elle s’inclinait devant la décision du pape ». L’agence ANSA diffusa le 24 décembre 2001 d’autres déclarations dans lesquelles M. C Tapia, pour étayer sa position, exprimait que « l’heureuse issue prévue de la canonisation de mgr Escriva a été un motif de joie pour moi, puisque, très souvent, après sa mort, je lui ai demandé des faveurs qu’il m’a réellement accordées tant de fois ». Après avoir exposé son attitude, en se référant à un livre qu’elle avait publié en 1992, elle concluait que « ce serait une grave erreur de se servir de l’information contenue dans mon livre pour mettre en doute la sainteté du fondateur de l’Opus Dei ». Le fait qu’ANSA ait diffusé cette information la veille de Noël, vers 15h30, peut expliquer que ces déclarations n’aient pas été connues de beaucoup de journalistes.

(21) Rodolfo Brancoli, dans son article « Il fantasma dell’Opera » cité, souligne « l’extraordinaire couverture médiatique » du Congrès. Le quotidien Avvenire lui a consacré presque une page par jour pendant une semaine.

(22) Il y eut, parmi d’autres, l’intervention du Rabbin A. Kreiman, coopérateur de l’Opus Dei, sur la sanctification du travail et de E. Pazhukin, écrivain russe de religion orthodoxe, auteur d’une récente biographie de Josémaria Escriva de Balaguer où il développe les aspects les plus significatifs de ses enseignements dans le contexte de la tradition orientale.

(23) Cf. Xavier Echevarria « Il dinamismo di un messaggio donato alla Chiesa universale », l’Osservatore Romano, 9 janvier 2002. Le Prélat de l’Opus Dei affirmait que céder à la « tentation des festivités» dans la commémoration du centenaire serait oublier la leçon fondamentale « d’humilité » du fondateur de l’Opus Dei.

(24) Un vaticaniste italien invétéré titrait ainsi sa chronique du 8 octobre 2002 : « Dall’envento, un invito per tuti alla riflessione » (Arcangela Paglialunga, Il Giornale de Brescia).

(25) Cf. www.opusdei.org version italienne. Le professeur Roberto Panizza exposa dans Il Sole-24 Ore du 11 novembre 2001 quelques conclusions du colloque de Naples. Dans son article « Il sottosviluppo sarà vinto dal lavoro ». Panizza évoque les graves problèmes qui touchent de nombreuses nations et rappelle que « l’homme peut se réaliser et atteindre la liberté à laquelle il aspire » à travers le travail, moteur puissant de développement. Il pense que cette réalité confirme que « la pensée de Josémaria Escriva est d’une grande actualité ».

(26) Josémaria Escriva, Lettre du 31 mai 1943, n° l, cité dans J. L. Illanes, F.Ocariz et P.Rodriguez dans l’Opus Dei dans l’Église, Madrid 1993, p. 178.

(27) Voici les initiatives qui ont vu le jour à l’occasion du centenaire : Institute for Industrial Technologies (Nigéria), Dispensaire médical « Arauco » (Venezuela), Antenne médico-sociale « Moluka » (R.D du Congo), Dispensaire de « la Cité des enfants » (Mexique), École familiale d’agriculteurs « Guatanfur » (Colombie), centres d’accueil pour émigrants « Braval » et « Terral » (Espagne), centre d’éducation « Los Pinos » (Uruguay). À l’occasion de la canonisation d’autres personnes ont promu : Centre de soins « Laguna » (Espagne) et Hôpital de Jour « Aq’on Jay » (Guatemala). Le 9 janvier une conférence de presse eut lieu à Rome pour présenter plusieurs projets sociaux promus à l’occasion du centenaire : cf. « Un centenario all’insegna della solidarietà », Avvenire, 10 janvier 2002.

(28) Le Prélat de l’Opus Dei a parlé de ce projet dans une entrevue accordée à l’agence Misna (3 octobre 2002). D’après mgr Echevarria, Harambee 2002 découle d’une conviction : « L’important ce sont les gens et dans ce cas précis, les africains qui doivent être les artisans du progrès en Afrique. De ce fait, leur éducation est un facteur indispensable pour leur développement, puisqu’elle ouvre les portes au travail, et donc au progrès, aussi bien matériel que spirituel. L’éducation est, pour ainsi dire, une façon de semer de l’espérance. Le projet Harambee 2002 veut apporter son grain de sable à cet attachement collectif.

(29) Cf. www.Harambee2002.orgpour une information sur le développement du projet et la récolte des fonds.

(30) Outre ceux que nous avons déjà cités, nous pouvons mentionner les services de Deutsche Tagespost (Allemagne) ; Alfa et Omega, Ecclesia et Vida Nueva (Espagne) ; National Catholic Reporter e Inside the Vatican (USA) ; la Croix, Famille Chrétienne et France Catholique (France) ; Katholiek Nieuwsblad (Hollande) ; Katorikku Shimbum (Japon) ; The Universe (Royaume Uni) ; et les agences Zenit, ACI, KNA et CNS.

(31) « Opus Dei : No surprise it gets top billing in papacy ».

(32) « Saints in the office » et « Muscular catholicism ».

(33) John L. Allen, article cité. Par ailleurs, Annabel Miller, après avoir interviewé des membres de l’Opus Dei et d’autres sources résolument hostiles, en conclut que le message de Josémaria « it is not my cup of tea » ; mais, pour d’autres personnes « c’est un chemin qui les aide à être de meilleurs chrétiens, à quoi bon m’opposer à cette réalité ? « (The Tablet, 1er novembre 2001).

(34) « Mon changement, est-il un péché ? » Tages Anzeiger, 30 janvier 2002.

(35) Cf. Les textes des déclarations du 26 février 2002 dans www.opusdei.org

(36) Cf. Ibidem.

(37) Flavio Capucci (ed.), Un santo per amico, Ares, Milan 2001.

(38) Chemin, Edition critique-historique, Rial, Madrid 2002.

(39) Cf. Romana, Bulletin de la prélature de l’Opus Dei, n° 32, janvier-juin 2001, p. 47.

(40) Idem. P. 76.

(41) La première présentation eut lieu à Madrid le 13 mars 2002, en présence du cardinal López Trujillo et du professeur Antonio Fontán.

(42) Nous développerons plus loin un exemple de cette influence spirituelle : cf. 2, E).

(43) La biographie du fondateur de l’Opus Dei d’Andrés Vázquez de Prada dont le tome 2 a été publié en novembre 2002 est aussi d’une grande utilité.

(44) À propos de ces lieux communs on pourrait citer des propos de Hannah Arendt sur les critiques faites à son ouvrage La banalité du mal. Les voici : « Ce livre, avant même d’être publié, a déclenché une dure polémique et a été violemment attaqué […]. La clameur faisait allusion à « l’image » d’un livre qui n’avait jamais été écrit et qui abordait des sujets que non seulement je n’avais pas touchés, mais qui n’avaient pas effleuré mon esprit » (La banalità del male. Eichmann a Gerusalemme. Feltrinelli, Milan 1999, annexe, p. 287. Edition originale de 1964 qui complète la première de 1963).

(45) Cf. quelques collaborations du Pais autour du 9 janvier et les déclarations de Peter Hertel dans le cadre allemand.

(46) Extraits , par exemple, de Der Spiegel ou du Monde Diplomatique.

(47) Marco Politi, La Repubblica, 10 janvier 2002. Cette affirmation précède une entrevue avec le prélat de l’Opus Dei, à l’occasion du centenaire.

(48) Tiempo, 7 octobre 2002.

(49) Le gouvernement italien a qualifié cette cérémonie de « grand événement », tout comme la canonisation du Padre Pio : cf. Décret du Président du Conseil des Ministres, publié dans la Gazetta Ufficiale della Repubblica italiana le 19 juillet 2002.

(50) Cf. « Pellegrini di tutto il mondo per la canonizzazione del fondatore dell’Opus Dei, dans La Repubblica, 1er octobre 2002.

(51) Lola Galán affirmait dans El Pais du 6 octobre 2002 que « l’accueil enthousiaste que les chaînes publiques de télévision et la plupart des journaux italiens ont réservé au nouveau saint est symptomatique ».

(52) RAI-1, 2 octobre 2002.

(53) Le cardinal Saraiva a écrit d’autres articles pendant l’année. On retient « Si sono aperti i cammini divini della terra » (L’Osservatore Romano, 21 septembre 2002) et l’entrevue publiée par Il Messaggero le 5 octobre 2002. En général, la Congrégation a géré très adroitement l’information relative à cet événement.

(54) La RAI a réalisé un programme de quatre heures, effort éditorial considérable.

(55) Ceci peut être aussi appliqué par analogie au Congrès international du mois de janvier, qui avait un bureau de presse et un site internet (www.escriva2002.org)

(56) Depuis le mois d’octobre 2001, en www. opusdei.org . À partir d’avril 2002, était accessible aussi un site avec des informations pratiques et des nouvelles concernant directement la cérémonie (www.escriva-canonisation.org)

(57) Une en 2001 (décembre) et trois en 2002 (janvier, février et octobre).

(58) Pour beaucoup cette donnée était déjà une nouvelle en elle-même. Comme d’habitude, les chiffres ne coïncident pas « Plus de 300.000 personnes » disaient nombre de chroniques. Plusieurs quotidiens ont dit 400.000, voire même 500.000 (Paris-Match, 17 octobre 2002). Quelques journalistes ont parlé « de la canonisation la plus fréquentée de l’histoire de l’Église » (cf. Osservatorio Comunicazione et Cultura, n° 11-2002, p. 17, Roma, novembre 2002)(59) Les ombrelles blanches qui indiquaient le passage du Saint Sacrement, ont été longuement filmées et appréciées comme une démonstration évidente de respect et d’élégance.

(60) Cf. Luigi Accatoli, « Il santo dei giovani et dei ceti medi », Corriere della Sera, 7 octobre 2002.

(61) Sur cet aspect on a beaucoup cité l’article de Vittorio Messori dans le Corriere della Sera du 6 octobre 2002, intitulé « Il foglio segreto dell’Opus Dei ».

(62) « L’Opus Dei, l’avant-garde de Dieu », du 4 octobre 2002.

(63) Vater in der Welt, du 7 octobre 2002.

(64) Ce correspondant a publié deux services intéressants les 5 et 7 octobre.

(65) Pour ce qui est des Etats-Unis, il faut noter le peu d’intérêt du Newsweek à la canonisation. La revue publia en article dans son numéro du 7 octobre 2002, écrit avant la cérémonie qui n’avait aucune information actuelle. Ce n’était qu’un résumé sur l’avis de Kenneth Woodward sur la canonisation. Ce journaliste avait eu un rôle important dans les critiques de la béatification suite à un article qu’il publia le 6 janvier 1992 en Newsweek aussi.

(66) Cf. supra 2, B) sur le 9 janvier.

(67) Le Monde, 4 octobre 2002.

(68) « Cette canonisation est un grand événement qu’on ne saurait ignorer. J’ai accepté l’invitation pour cette raison, il n’y en a point d’autre : je suis ici, en effet, à cause du respect que l’on doit à l’Église catholique, à ses institutions, à son histoire, à ses témoins et à ses symboles. Et le nouveau saint Escriva de Balaguer en est un, évidemment ». À la question l’Église que peut-elle enseigner aux hommes politiques, il répond : « L’Église a beaucoup à leur apprendre. C’est sa cohésion qui impressionne le plus, la force de ses convictions, la foi, la capacité de se ramifier dans la société qu’a l’Église dans toutes ses expressions, ses mouvements, ses hommes et ses femmes. L’Église catholique est, sans aucun doute, le grand « fait » de notre temps avec lequel il faut se mesurer. Tous doivent se sentir appelés à le faire. Ceux qui se consacrent à la politique, aussi ». (La Repubblica, 7 octobre 2002).

(69) Voir, entre autres, le secrétaire général de son parti, Giorgio Fassino.

(70) C’est le cas d’Antonio Tabucchi, dans El Pais du 15 octobre 2002. Cet article et d’autres appuient leur critique sur l’image défigurée de l’Opus Dei et de son fondateur. Il faut dire, à leur décharge, que leur avis aurait été plus mesuré s’ils avaient eu une meilleure information. Il est utile, dans ces cas-là, d’évoquer une phrase dont se servait souvent le fondateur de l’OpusDei : pour qu’il y ait une bonne communication on a besoin de « bons entendeurs » et aussi, dans la même proportion au moins, de « bons explicateurs ». À bon entendeur salut !

(71) Cf. La Gazzetta del Mezzogiorno, 16 novembre 2002.

(72) Cf. l. B). Les mots “changement culturel” ont été employés par le journaliste qui a commenté la cérémonie le 6 à la RAI. Giuseppe di Carli a affirmé qu’il s’agissait d’un changement aux grandes dimensions qui montrait ce jour-là la maturité de l’opinion publique internationale vis-à-vis de la canonisation du fondateur de l’Opus Dei.

(73) « Les miracles d’Escriva et l’usine à saints » L’Espresso, 17 octobre 2002. Eugenio Scalfari est le fondateur du quotidien romain La Repubblica.

(74) On écrit ce mot en italiques pour montrer la nuance de ce mot dans le langage courant en Italie où il est souvent employé pour l’opposer au mot « catholique ».

(75) Joan Estruch avait dit quelque chose de semblable, sous un angle différent, dans un article publié le 9 janvier 2002 en Avui (Barcelona). En commentant la nouvelle de la canonisation prochaine, Estruch affirmait que ceux qui ne croient pas aux miracles ne sont pas en mesure de critiquer la décision du pape. Sa réprobation est une bonne règle dans le jeu du débat public.

(76) Tous les médias ont publié de longs articles. En guise d’exemple cf. Panorama, le 2 janvier 2003.

(77) Le 2 octobre, avec modestie et élégance, il raconta son histoire dans « Porta a Porta » débat à grande audience, à la télévision et dans une réunion d’information qui eut lieu au théâtre Quirinetta à Rome. Le 7 octobre, La Repubblicapublia une courte entrevue où il racontait, en toute simplicité, ce qui lui était arrivé.

(78) Entrez dans l’espérance. Plon-Mame, Paris, 1994

(79) L’Osservatore Romano, édition quotidienne en italien, 2/3 novembre 2002, p. l. Sur ce sujet, cf. Edward Nowak, « La nouvelle évangélisation avec les saints », dans L’Osservatore Romano, en langue française, numéros 49 et 50 du 4 et du 11 décembre 2001, respectivement.