Au cœur d’une bibliothèque

Sophie Mégevand, Fribourg (Suisse).

Le monde des bibliothèques: un réseau de relations humaines dans lequel Dieu a sa place

Quand je dis que je suis bibliothécaire, très souvent les gens me disent: "Quelle chance: tu lis sûrement beaucoup!" S'il est vrai qu'un nombre très élevé de livres passent par mes mains, je n'ai à vrai dire pas le temps de les lire plus qu'en diagonale. C'est d'ailleurs ce qui est requis dans mon métier pour être en mesure de cataloguer les ouvrages et d'en décrire le contenu au moyen de quelques mots-clés à un rythme soutenu.

Le devoir du moment

Parfois, la tentation est grande de se plonger dans la lecture d'un livre qui semble passionnant, mais il faut déjà passer au suivant. C'est le moment d'offrir au Seigneur un petit renoncement, en freinant ma curiosité, afin d'accomplir le devoir du moment. Il me semble entendre saint Josémaria me souffler à l'oreille: "Fais ce que tu dois et sois à ce que tu fais!" (Chemin, n° 815).

Formation continue

Si le papier est loin de disparaître, l'importance des publications électroniques va croissant; il est donc indispensable, pour me maintenir à jour dans le domaine de l'information et de la documentation, de suivre l'évolution des nouvelles technologies et des outils de veille documentaire sur Internet. Cela requiert un travail de formation continue qui ne me laisse aucune possibilité de m'endormir sur mes lauriers. Et c'est encore l'occasion de présenter à Dieu des efforts pour réaliser mon travail avec compétence.

Fribourg (Suisse)

Celui-ci est clairement un service direct à toute la communauté universitaire. Là, les contacts ne sont pas virtuels, mais bien réels, et avec toutes sortes de personnes. Répondre jour après jour aux besoins des utilisateurs de la bibliothèque, étudiants, assistants et professeurs, me donne l'opportunité d'exercer de nombreuses vertus, telles que la disponibilité, l'affabilité, la patience, la précision… Pour cela, je compte sur l'aide de Dieu; je la lui demande déjà pendant le temps de prière que je prends en début de chaque journée pour me retrouver seule à seul avec lui et lui confier la nouvelle page de ma vie qui s'ouvre devant moi. Il m'est alors plus facile ensuite, au long de la journée, avec le désir de toujours rendre aux autres la vie plus agréable, de me tourner vers lui et de lui adresser de brèves prières de demande ou d'action de grâces.

Biblioteque de l'universitè du Fribourg (Suisse)

Des diverses manières d'être et de faire...

Comme je travaille dans un réseau de bibliothèques, j'ai également de nombreux échanges avec mes collègues. C'est très enrichissant, tant du point de vue professionnel que personnel. Là aussi, il me faut faire preuve d'ouverture, de générosité pour apporter mon aide, donner un bon conseil ou me porter volontaire pour rédiger le compte-rendu d'une séance, de flexibilité pour m'adapter aux diverses manières d'être et de faire... Souvent, je dois être attentive à ne pas me laisser prendre par le "jeu de la critique", car dans toute grande institution, surtout en milieu enseignant, il est très facile de trouver des failles dans l'administration ou chez les personnes.

Je vois cela comme une occasion magnifique de perfectionner ma personnalité et donc de me sanctifier, en cherchant à plaire de plus en plus à Dieu mon Père, sous le regard duquel je tâche de vivre toutes ces situations. Je suis également responsable d'une équipe d'étudiants qui assurent la permanence, la surveillance et le service de prêt dans ma bibliothèque: je me charge de les engager, de les former et de veiller à la qualité des tâches qui leur sont confiées.

Dans une "pause-caté"

Toutes ces relations peuvent s'approfondir, et des liens d'amitié finissent par se créer. Alors les échanges ne se limitent plus seulement aux questions purement professionnelles, mais les conversations se font à cœur ouvert sur des préoccupations plus personnelles. Par exemple, pour répondre à la préoccupation d’une collègue, qui ne se sentait pas en mesure de répondre à des questions de sa fille concernant la foi, l'Eglise, etc., je lui ai proposé de faire ensemble une lecture commentée de l'Abrégé du Catéchisme de l'Eglise catholique. Depuis quelques mois, nous profitons régulièrement du jour où nous coïncidons dans le travail pour faire, au moment de midi, une "pause-caté", qui se termine souvent par une brève prière dans la chapelle de l'université. Ainsi, petit à petit, elle s'approche de Dieu.

Chaque jour, mon travail et les personnes que j'y côtoie trouvent leur place dans la sainte Messe: à côté de l'offrande du Christ, je dépose les aventures de la journée et je prie pour les intentions des uns et des autres, tout en remerciant le Seigneur de m'avoir fait connaître ce beau chemin qu'est l'Opus Dei.