Un message au dos d’une image

Anastasia Ngumuta, médecin et mère de famille, Nairobi, Kenya

Je suis née et j’ai grandi à la campagne, au district de Machakos, au Kenya. Mon père avait un petit emploi à Nairobi et la plupart du temps, ma mère était seule avec mes sept sœurs et moi. Elle travaillait dur aux champs, sur des terrains semi-arides, pour arrondir les salaires de mon père. Nos parents nous ont appris à beaucoup travailler et à priser la vie familiale, notre famille était un foyer heureux.

Mon père avait cela de particulier qu’il était ravi d’avoir sept filles et leur donner une éducation à une époque où les filles n’étaient pas très appréciées. Lorsqu’il mourut, j’avais 18 ans et ma mère connut des périodes difficiles pour que mes petites sœurs soient toujours scolarisées, alors qu’une partie du clan familial qui s’y opposait.

Je me suis mariée très jeune, lorsque j’étais en première année de médecine. À l’exemple de mes parents, j’ai dû travailler dur pour mener de front et mes études et ma famille qui grandissait. Curieusement, ce fut à l’Université que j’eus la chance de tomber sur une image de saint Josémaria. Quelqu’un m’en avait-il déjà parlé? Je n’en sais rien. Mais son enseignement m’attira : au dos de cette image l’on disait qu’il avait fondé l’Opus Dei, un chemin vers la sainteté dans les devoirs courants de la vie. Pendant des années, j’ai fait fidèlement ma prière avec le texte de cette image parce que ce message me touchait profondément.

À un moment donné, je me suis procuré un exemplaire de « Chemin ». J’en ai lu des bribes mais il ne m’a pas plus intéressée. Ce fut lorsque notre troisième commença à aller à l’école primaire Strathmore que j’ai emprunté cette voie vers la sainteté dans les affaires courantes. Je fus frappée par les professeurs de mon fils qui, en s’occupant de leurs élèves, tenaient à faire que les parents participent à l’éducation de leurs enfants. Ils convoquaient les réunions en dehors de leurs horaires de travail, et ne nous en demandaient pas un sou !

Lorsque j’appris qu’on projetait un voyage pour assister à la béatification de Josémaria, je m’y suis inscrite en tant qu’amie de l’Opus Dei. Depuis ma vie a changé du tout au tout. Avant d’entreprendre ce voyage, j’ai assisté à une retraite spirituelle qui m’a bouleversée et ouvert les yeux sur un panorama insoupçonné. Puis j’ai acheté plusieurs ouvrages de saint Josémaria, sur sa vie et je m’y suis plongée avec intérêt.

Mon idée de l’existence a changé. L’effort d’un travail à temps complet, doublé des tâches au foyer, auprès de mon mari et mes enfants, n’est plus frustrant pour moi, comme il l’était. J’ai découvert que la joie est compatible avec la souffrance.

Le fait de savoir que nous sommes tous des fils et des filles de Dieu et des frères et sœurs dans le Christ, m’aide à respecter mes patients, à en prendre soin patiemment. Je vois chez mes malades le trésor dont parlait Josémaria et je tâche de leur apprendre à offrir leur souffrance à Notre Seigneur, tout en m’échinant à les soulager. Dans la journée, j’essaie de prendre conscience que je travaille pour Dieu et non pas seulement pour l’argent et mon prestige.

J’ai vite compris combien saint Josémaria aimait l’institution du mariage et enseignait que la famille est le noyau de base de la société et que, si elle est démolie, toute la société se désintègre. Aussi, mets-je tout en œuvre pour m’organiser et gagner du temps pour mari et mes enfants.

Pour y arriver, j’ai laissé des chances de côté ; j’ai renoncé à un poste de professeur d’université, parce qu’il m’aurait empêché de m’occuper de mes enfants à une période où mon mari travaillait loin de Nairobi. Je fus tentée de revenir sur cette décision, mais je me suis dit : si Dieu me demande de m’intéresser aux âmes, il faut bien que je commence par celles de ma famille.

Aujourd’hui, je n’accepterais pas un poste loin de chez moi aussi bien rémunéré fût-il, à moins que je ne puisse déménager avec ma famille et que cela ne trouble pas son équilibre.

Nous passons nos dimanches en famille, nous déjeunons et dînons tous ensemble, nous faisons tout pour assister ensemble à la messe.

Comme nous ne roulons pas sur l’or, nous allons en vacances au village natal, auprès de mes beaux-parents, de ma mère et d’autres membres de nos familles. Dès que nous en avons la possibilité, nous organisons une grande réunion familiale. C’est un gros travail, mais saint Josémaria m’y a encouragée lorsque j’ai su qu’il mettait la famille par-dessus tout. Il nous a montré l’exemple de la Sainte Famille qui menait une vie simple, mais pleine de joyeuse espérance.

Chaque fois que je me décourage, avec la grâce de Dieu, je me relève et je recommence, à l’instar de cette devise « nunc coepi » qu’il aimait tant. « Maintenant, je commence. »